Le dimanche 28 mars 2010

PolitiqueQuébec

La burka canadienne

Avec le multiculturalisme, le peuple du Québec disparaît sous la burka canadienne!

Canada ]

Par Jean-Claude Pomerleau

Au nom du principe d’équivalence, nous ne pouvons opposer une simple Charte de la laïcité provinciale à une Constitution d’État. Il nous faut donc opposer notre propre Constitution à une autre Constitution. Il faut donc que le Québec se dote de sa propre Constitution d’État.

Le débat sur les accommodements, sous-produit du multiculturalisme, n’est pas près de s’éteindre. Ceux qui pense y mettre fin avec l’adoption d’une Charte de la laïcité québécoise, laquelle reflèterait les valeurs communes et baliserait la problématique pour de bon, se trompent. Cela ne sera pas si simple. Le débat entre le multiculturalisme, l’interculturalisme et la laïcité ouverte ou fermée serait tout-à-fait académique selon M. Joseph Facal. Peu importe l’issue de ce débat, ce qui fait force de loi, c’est le multiculturalisme comme doctrine politique enchâssée dans la Constitution de 1982 :

[…] Auparavant, la Cour d’appel du Québec avait donné tort aux parents du jeune sikh qui voulait porter son couteau sur lui à l’école, mais la Cour suprême du Canada avait ensuite cassé la décision pour les mêmes raisons.

Le multiculturalisme n’est donc pas qu’une théorie parmi d’autres, mais la doctrine juridico-politique que les tribunaux canadiens sont OBLIGÉS d’imposer.

[…], l’article 27 de la Charte canadienne stipule que les jugements rendus doivent « concorder avec l’objectif de promouvoir le maintien et la valorisation du patrimoine multiculturel des Canadiens ».

[…] On peut se raconter toutes les histoires que l’on veut sur la capacité du Québec de « choisir » ses immigrants et de gérer à sa convenance la diversité culturelle. Dans les faits, le pouvoir ultime échappe au Québec : être une province entraîne de vraies conséquences.

Pour sortir de cette contrainte, certains sont d’avis que l’Assemblée Nationale pourrait utiliser la clause dérogatoire pour adopter une Charte de la laïcité québécoise qui s’appliquerait, nonobstant la Charte de Trudeau. Or, il est temps de tirer cette situation au clair, ce choix n’existe pas :

“Cette clause n’est pas sujette à la clause dérogatoire de l’article 33, c’est-à-dire qu’on ne peut pas s’y soustraire.” (Me Pierre Cloutier)

Quelqu’un peut-il aviser les intellectuels qui imaginent des solutions “dans le système” qu’en fait elles n’existent qu’en “dehors du système”.

Conclusion: peu importe ce que souhaitent les 7 millions de tuques du Québec, ce sont les 9 perruques de la Cour Suprême qui décideront tant et aussi longtemps que la Constitution de 1982 et la clause d’interprétation de la Charte de Trudeau s’appliqueront. Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’avec le multiculturalisme, le peuple du Québec disparaît sous la burka canadienne!

Comment y échapper ?

Au nom du principe d’équivalence, nous ne pouvons opposer une simple Charte de la laïcité provinciale à une Constitution d’État. Il nous faut donc opposer notre propre Constitution à une autre Constitution. Il faut donc que le Québec se dote de sa propre Constitution d’État (et non de province), incluant une Charte des droits, une Charte de la laïcité et un Code de citoyenneté.

Cette Constitution pourrait être adoptée, dans un premier temps, sous réserve des articles 41 et 45 de la Constitution canadienne; elle contiendrait une clause de rupture à être activée en temps opportun. Certains pensent qu’il faut plutôt attendre le lendemain du Grand Soir pour se doter d’une Constitution d’État, sinon on s’enferme soi-même dans la cage à castor canadienne.

Je suis plutôt d’avis que la vaste consultation publique menant à l’adoption de notre propre Consultation d’État (et non de province) serait l’occasion d’un exercice pédagogique extraordinaire, lequel permettrait au peuple de dessiner les contours plus précis d’un pays; un pas concret vers la rupture. Il est entendu que l’Assemblée Nationale postulerait que notre Constitution a préséance sur la Constitution canadienne, suivant en cela la posture prise dans l’adoption de la Loi 99 qui répudiait la Loi C 20.

Il est à prévoir que cela mènerait à un conflit de légitimité entre les deux Constitutions. C’est ici que la clause de rupture prend toute sa pertinence: le peuple aurait alors à trancher et faire un choix entre une Constitution qui lui fut imposée et celle qu’il se serait donnée démocratiquement. Le choix n’aura jamais été aussi clair. Bref, il y a là un positionnement stratégique obtenu sans grand risque.

Et une chance réelle d’échapper à la burka canadienne!

6 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 I. Martin Le 28 mars 2010 à 11h46

    Parfait! Le Québec va adopter sa propre constitution pour pouvoir dire à quelques personnes appartenant à des religions minoritaires comment s’habiller.

    Comment on en arrive là?

    La chasse aux accommodements est une conséquence indirecte de la défaite référendaire de 1995.

    Les inégalités entre les deux groupes “forts”, les Anglais et les Français, ne sont plus aussi criantes qu’elles l’ont été par le passé. Tout le monde le sait. La Charte de la langue française a fait son oeuvre. La Loi sur les Langues officielles n’est pas parfaite, mais elle aussi a eu son effet. (La Charte des droits a eu aussi un effet salutaire pour les minorités francophones hors Québec, mais ce n’est pas la question.) À tel point que maintenant, certaines personnes sont moins tentées par la souveraineté.

    Alors, voyant qu’on ne peut plus marquer autant de points politiques en dénonçant seulement les Anglais, une partie du mouvement souverainiste s’en prend aux vraies minorités. Celles qui sont vraiment en bas de l’échelle de nos jours. (Qu’on soit à Toronto ou à Montréal, le fait d’avoir un nom arabe réduit énormément les chances d’être convoqué à une entrevue d’embauche. C’est ce qu’ont démontré des études où des CV ont été envoyés à des employeurs avec seulement le nom de changé.)

    Quand la Cour Suprême décidera qu’on ne peut pas interdire le niqab parce que ça viole le droit à la liberté de conscience, les nationalistes ethniques vont crier que ça démontre que le multiculturalisme est rien qu’un cheval de Troie pour détruire la culture française au Québec.

    C’est stupide. La langue et la culture françaises au Québec ont toujours été, et demeurent, menacées par une seule chose: la concurrence avec l’anglais. La seule menace possible que peuvent présenter les minorités, c’est de devenir anglophones ou de faire des enfants anglophones. Que vingt-cinq femmes au Québec se couvrent le visage pour des raisons religieuses ne menace en rien le fait français.

    Au contraire, si le Québec se montre intolérant en s’en prenant aux minorités, il y a toutes les chances que celles-ci aient moins de sympathie pour les francophones et se tournent davantage vers la communauté anglophone.

    Quelle ironie que l’histoire du niqab se soit passée… dans un cours de francisation, la preuve que certains immigrants, dont l’étudiante en niqab, voient de nos jours le Québec comme une société francophone et non anglophone.

    Le Québec a accompli des progrès remarquables pour franciser les immigrants, à tel point qu’il y a maintenant une grande réserve de bonne volonté envers les Québécois francophones chez une partie des allophones. La chasse aux accommodements risque cependant d’endommager notre réputation, et de fragiliser ces progrès. Le seul “bienfait” de cette obsession sera que la liberté de religion sera réduite, surtout pour les minorités.

    La chasse aux accommodements a un rapport douteux avec la préservation du fait français, et ne compense en rien le tort fait à la réputation du Québec. Les souverainistes du PQ doivent recentrer leur stratégie sur un projet national inclusif de tous, plutôt que de chercher à faire des Québécois allophones des ennemis.

  2. 2 jcpomerleau Le 28 mars 2010 à 18h44

    Josée Legault: “Donc, ce samedi, un sondage pancanadien Angus Reid/The Gazette, montrait que plus de 80% des Canadiens approuvent l’interdiction du port du niqab et de la burqa dans les institutions publiques proposée dans le projet de loi 94.”

    http://www.montrealgazette.com/life/Most+Canadians+want+niqab+restricted/2732499/story.html

    …..

    (Richard Martineau) L’avenir du multiculturalisme: Peace Village

    http://martineau.blogue.canoe.ca/2010/03/28/le_village_des_vraies_valeurs

    ……

    JCPomerleau

  3. 3 Jean Rousseau Le 28 mars 2010 à 23h27

    Intéressant mais irréaliste selon moi. Je ne peux pas me faire une idée exhaustive de tout ce que vous avez amené, mais votre optimisme je suppose, vous a fait sous-évaluer la réaction des anglais, laquelle je peux par contre appréhender convenablement.
    La partition du Québec déjà évoqué serait le scénario le plus plausible en cas de référendum gagnant. On pourrait se retrouver dans des conditions semblables à celles vécues par les palestiniens dans les territoires occupés actuellement. Solidaires, les anglais sont capables d’organiser bien plus qu’un love in. Surpasser votre enthousiasme un instant et rappelez-vous la déportation en Acadie pour relativiser votre vison, avant qu’elle entraîne tout un peuple dans ce gouffre de souffrances sans fin.
    Je vous invite à lire mes articles: “Se transformer ou mourir” et “Le mal vient de l’intérieur”. J’y avance une solution réaliste qui ferait de nous un État souverain, par la redéfinition de la structure du Canada. Après lecture, soumettez mes idées à des politiciens comme Facal, et à des chercheurs comme Reeves. Ce n’est qu’une ébauche, mais déjà, je ne vois pas personne de conscient pouvant la rejeter du revers de la main.

  4. 4 Jean Paul Tellier Le 29 mars 2010 à 5h28

    L’indépendance éviterait aux québécois de se noyer dans la mentalité du « fair and open».

  5. 5 Jean Paul Tellier Le 29 mars 2010 à 5h33

    Faire l’indépendance c’est ;

    se foutre 100% de ce que pense et fera le Canada,

    procéder par une élection usuelle,« 50% plus un » comme tous les organismes et les gouvernements font,

    déclarer l’indépendance unilatéralement,

    négocier…payer une facture si elle nous convient,sinon rien à donner au Canada,le foutre à la porte avec l’aide de la population.

    aucun tataouinage acceptable,aucune permission à demander.

  6. 6 Jean Paul Tellier Le 29 mars 2010 à 5h42

    Les italiens et les français veulent mettre le président de leur pays à la porte.

    http://www.vigile.net/L-Italie-en-violet

    Voulez-vous garder votre Canada ?

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