Le jeudi 8 octobre 2009

SociétéQuébec

Montréal français

Le retour des francophones à Montréal est une condition nécessaire pour renverser l’anglicisation du cœur économique du Québec

L'état de la langue française ]

Par Parti Québécois

L’exode des francophones hors de l’île de Montréal risque de faire couler le fait français dans la métropole. Pierre Curzi, député de Borduas et porte-parole de l’opposition en matière de langue, a toujours été préoccupé par cette question, même avant de se lancer en politique.

L’anglicisation de Montréal est un phénomène qui me préoccupe grandement. Je ne suis pas seul à m’en inquiéter: selon un sondage Léger Marketing paru dans Le Devoir du 22 juin 2009, près de 90% des Québécois francophones estiment que la langue française est menacée à Montréal.

Dans les faits, le poids démographique des individus de langue maternelle française recule sans cesse à Montréal depuis 40 ans. Il est passé de 61 % en 1971 à 50 % en 2006. Malgré cela, certains nous disent qu’il n’y a pas de problème, car l’immigration que nous contrôlons en partie n’a jamais été aussi francophone et la loi 101 nous assure une francisation permanente des jeunes allophones. Si tout va bien, pourquoi tant de francophones ont-ils l’impression que Montréal s’anglicise ?

On constate que ce recul du français est dû à plusieurs facteurs. Le plus important, à mes yeux, c’est le fait que les francophones de l’île ont quitté massivement Montréal pour s’établir en banlieue. Entre 1986 et 2006, sur l’île de Montréal, le solde migratoire des individus de langue maternelle française a été déficitaire de 184 000 personnes (53 000 entre 2001 et 2006). C’est plus qu’une fuite dans la coque du navire, c’est un trou béant qui risque de couler le fait français à Montréal! Ce sont près de 200 000 francophones de moins, des milliers de familles, qui ne vivent pas en français sur l’île et qui n’entrent pas en contact quotidiennement avec les allophones.

À l’opposé, les anglophones sont grandement concentrés sur l’île de Montréal, ce qui donne beaucoup de vitalité à la culture anglophone. Les allophones ont donc le choix et la possibilité de vivre dans les deux cultures. D’ailleurs, un allophone sur deux vit dans la culture anglophone à Montréal: 50% d’entre eux fréquentent les cégeps et les universités anglophones, 38% travaillent uniquement ou principalement en anglais et un grand nombre d’entre eux consomment surtout des médias anglophones.

Vivre dans la culture anglophone pour un allophone augmente le risque de transfert linguistique intergénérationnel vers l’anglais et le rend exponentiel s’il y a union avec un ou une anglophone. Donc, moins il y a de francophones sur l’île de Montréal, plus les allophones vont fonder des familles avec des anglophones. Si l’on veut que les allophones s’intègrent majoritairement à la culture francophone, nous devons vivre avec eux et nous devons être nombreux à le faire!

Dans ce contexte, il ne faut pas seulement légiférer sur l’affichage, sur la langue d’enseignement au collégial, sur la langue de travail, sur la langue de l’administration publique et sur l’immigration. Il faut travailler au développement des politiques pour garder sur l’île de Montréal les francophones qui y habitent déjà et créer les conditions de retour vers Montréal pour les francophones souhaitant y demeurer.

Cependant, avant d’identifier les raisons pour lesquelles les francophones quittent l’île et avant de développer des politiques de retour vers Montréal, il faut établir un consensus parmi tous les Québécois qui ont à cœur la survie de la langue française : le retour des francophones à Montréal est une condition nécessaire pour renverser l’anglicisation du cœur économique du Québec.

Je crois profondément que la francisation de Montréal doit devenir aussi prioritaire que l’environnement, que le développement économique, que l’éducation ou la santé. Le jour où Montréal basculera vers l’anglais de façon définitive, c’est tout le Québec qui basculera.

5 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 gilles thompson Le 8 octobre 2009 à 8h31

    Si vous avez à coeur la langue de Molière, pouvez-vous faire circuler dans votre milieu!
    Merci à l’avance!

    CENTRE-VILLE DE MONTREAL

    ====================================

    Une anglicisation fulgurante en photos et vidéos
    Déjà un millier d’infractions possibles à la loi 101!
    Et ce ne sont ni des rumeurs, ni des ouï-dire, ni des peurs mal-fondées, ni des épouvantails à moineaux, ce ne sont que des faits réels.
    Et comme Paul Watzlawick, philosophe et grand psychanalyste, dit bien dans sa formule: “La déliquescence des cultures précède la disparition des sociétés”.

    Allez constater sur ce site:
    http://www.imperatif-francais.org/bienvenu/articles/2008/montreal-anglais.html

  2. 2 Marcel Sylvain Tremblay Le 8 octobre 2009 à 16h15

    Prenons le problème d’un autre côté. Imaginons un ville fondée par des immigrants de langue étrangère, une ville industrielle, par exemple, où des travailleurs étrangers y auraient été déplacés en même temps que leur usine, avec leur famille. Que leur dirait-on?
    – Vous avez le droit de tout faire dans votre langue,
    ou,
    – vous devez tout faire en français, parce que c’est la langue officielle, ici?
    Dans le premier cas, ce serait leur donner des privilèges, qu’ils considéreraient donc comme un droit acquis, par la suite, dans les générations futures. Dans le deuxième cas, nous ferions en sorte de leur procurer les outils nécessaires à leur francisation, de même que les employés de langue française dont ils auraient besoin pour fonctionner en français dans toutes les sphères de la vie publique, qu’ils parlent leur langue maternelle à la maison ou entre amis ne causant aucun problème, c’est tout à fait normal.
    Alors, on voit bien ainsi que le problème de Montréal relève de privilèges qui ont été accordés aux immigrants anglophones au départ, et qui se sont transmis de génération en génération par la suite, comme un droit acquis, suivant la première hypothèse que j’ai soumis plus haut, à part le fait que ce ne sont pas des anglophones qui aient fondé Ville-Marie, devenu Montréal par la suite; c’est un détail, mon exemple étant idéaliste, purement théorique. Ce dont parle m. Curzi, c’est d’une troisième hypothèse théorique qui dirait:
    – on va enbahir votre ville de francophones pour vous franciser par la force de l’amitié, des alliances familiales et de la bonne volonté.
    En 250 ans, ne pensez-vous que Montréal serait francophone à 100% depuis longtemps si cette méthode était vraiment valide, ou valable? Tout le monde sait que Montréal, comme métropole, a toujours attiré les jeunes et les familles des régions, dans le temps; alors, jusqu’à tout récemment, les francophones y ont toujours été majoritaires. Même si on reprenait la même tactique, cette fois avec des incitatifs provinciaux, comme une prime au rapprochement, inverse de la prime à l’éloignement, par exemple, ne pensez-vous pas qu’on referait la même erreur historique?
    À mon avis, c’est une tâche impossible. Même en un autre 250 ans de plus, ou plusieurs autres, même, nous n’y arriverions pas. Mais que faut-il faire?
    Il faut agir sur les deux hypothèses théoriques que j’ai soumis au début.
    Premièrement, dans le cadre de ma première hypothèse théorique, les anglophones de Montréal vivent en anglais suite à des privilèges qui leur ont été accordés dans le temps, et qui se perpétuent suivant un droit acquis. C’est un fait, une réalité. Alors, il faut agir pour arrêter la progression de ces privilèges.
    Le gouvernement du Québec, ou l’opposition, par exemple, pourrait soumettre un projet de loi sur l’arrêt de l’anglicisation des citoyens au Québec. Sans viser directement les privilèges accordés aux anglophones à Montréal, une telle réglementation les incluerait quand même totalement, et pourrait viser en même temps à boucher des, ou d’autres, trous laissés par la loi 101, la Charte de la langue française, ainsi que par d’autres lois et réglements touchant la langue officielle mais qui sont ineffectifs sur certains points. En cessant de progresser, l’anglicisation va se stabiliser, puis décroître progressivement, péricliter, n’ayant plus aucun appui qui vaille. C’est l’effet qu’aurait une telle loi, je pense.
    Deuxièmement, dans le cadre de ma deuxième hypothèse théorique, il faut agir avec les outils qu’on a déjà pour protéger la langue française à Montréal, la faire appliquer comme langue officielle du Québec, ce qu’elle est et restera. La loi est la même pour tous, quelle que soit la ville.
    Je comprend le désarroi de m. Curzi, mais je pense sincèrement qu’il fait fausse route en pensant déplacemnt de population. La population, ce n’est pas un objet; elle est composée de sujets, de personnes physiques, ce sont les citoyens. Une telle migration, comme il le pense, serait inutile, et pourrait engendrer des effets négatifs, comme des confrontations, par exemple, ce qui n’est pas peu dire.

  3. 3 Jean-Pierre Plourde Le 12 octobre 2009 à 12h01

    Bonjour M. Tremblay

    On est encore sous le coup de la conquête et la fédération agit encore et toujours comme si on existait plus, toute loi éditée par un quelconque gouvernement du Québec est nul et non avenue pour le fédéral, seul la loi du nombre a permit jusqu’ici de maintenir une certaine stabilité. Pour lutter contre ce gouvernement le fédéral investit massivement dans toute institution représentant sa propre culture anglophone, McGill, écoles, groupes de pression, politique, nommez-les, ce sont des centaines de millions annuellement pour contrer nos aspirations, sans parler de l’immigration planifié.

    Le chemin est tout tracé pour la finale qui consiste à diminuer le respect de soi et l’identité des citoyens, (commission Taylor/Bouchard), suivit de l’expropriation systématique des habitants du territoire dit Québec, (approche commune).

    Nos territoires étant devenus territoires fédéraux, tout ce qui se trouve dessus devient tutelle du fédéral, Hydro-Québec compris, les Québécois sont dépouillés de leurs bras de levier économiques et de la capacité de gérer efficacement les territoires ou ils seront dorénavant considérés comme des “squaters” sans même le droit d’occuper une réserve, ce que Montréal serait devenue sans la stratégie actuelle d’immigration anglophone massive actuelle.

    La boucle est bouclée.

    Notre seule chance de salut, c’est la diffusion de l’information, la vrai, aux maximum de citoyens. Cette diffusion devra inclure le retour du sentiment de la fierté d’être ce que nous sommes.

    La stratégie actuelle du Canada consiste a démolir notre sentiment global qui fait de nous un peuple, commission TB, livres d’histoires modifiés, musique anglaise sans contrôle sur nos ondes, contrôle de l’information et de tous les médias, etc, etc. c’est très subtil et ça marche, il nous reste à s’en conscientiser et a agir ensemble en connaissance de causes.

    Il nous faut trouver le moyen de changer le scénario imposé par l’intelligence des citoyens avertis.

    Jean-Pierre Plourde.

  4. 4 Marcel Sylvain Tremblay Le 15 octobre 2009 à 18h32

    “Si l’on soustrait les données pour l’île de celles pour l’ensemble de la région métropolitaine, on constate notamment dans la couronne de Montréal (« le 450 ») une croissance de 4,7 % pour sa population de langue d’usage française entre 2001 et 2006, contre une croissance de 16,4 % pour celle de langue anglaise.” Charles Castonguay.
    La solution Curzi : un coup d’épée dans l’eau /
    Charles Castonguay .- L’Aut’ journal, 14 octobre 2009

    Voilà qui sème un doute sérieux sur la solution de m. Curzi. La banlieue de Montréal s’assilmile aussi à l’anglais! Alors, celà rempirerait la situation que de s’engager dans une migration inverse.
    Il reste la migration des autres parties du Québec. Or, tout le Québec s’anglicise aussi, d’après m. Castonguay, qui le démontre bien avec un beau petit tableau dans le même article. Mais dans l’ensemble du Québec, une telle migration ne changerait pas les données, car Montréal est dans le Québec. Pour le moment, mais si la solution est adéquate, celà devrait favoriser la francisation dans le futur; par contre, si elle s’avérerait inadéquate, la tendance actuelle rempirerait.
    Dans mon esprit, les anglophones sont des québecois comme les autres, quelle que soit leur langue maternelle, leur origine socio-culturelle, migratoire, leur ascendance, etc.. Ils doivent vivre avec nous dans une société francophone. Que certains d’entre eux construisent une société complètement à part, anglophone mur à mur, c’est ça qui est choquant, contre productif, asocial, pour nous. Il n’est pas normal qu’ils gagnent sur nous, l’ensemble des citoyens, alors que nous avons la responsabilité de faire du Québec une société de langue francaise, en continuité avec la Nouvelle-France, malgré l’accident historique, hors de notre volonté, qui nous a fait changer de monarque, de langue différente. Notre origine, nos racines, c’est la Nouvelle-France, pas la Nouvelle-Angleterre.
    Pour gagner sur la propension de la langue anglaise à nous envahir progressivement, je pense que la contrainte par le nombre n’est pas nécessairement une solution. Il faut agir sur les choses anormales qui se passent, comme le fait, pour notre gouvernement, de favoriser l’extension de l’anglais par toutes sortes de manières, alors que cette langue déborde largement de son cadre strictement communautaire, menaçant notre langue officielle, le français. Il n’est pas normal d’aller dans un commerce ou une institution et se faire accueillir et servir en anglais.
    C’est pour ça que j’ai pensé à une loi qui limiterait ou interdirait, à la limite, le gouvernement à favoriser l’anglais sur le français, les commerces et institutions anglophones à s’étendre ou se propager davantage, les commerces et institutions francophones à se convertir partiellent ou totalement à l’anglais, etc.. Une sorte de loi supérieure linguistique, qui agirait directement sur les statistiques; un outil légal qui nous permettrait de nous protéger contre les différents gouvernements en place, de nature un peu trop anglophiles, ainsi que contre toute tactique d’obédience anglophone pour nous imposer l’anglais dans quelque sphère que ce soit.
    Une sorte de loi d’arrêt de l’anglicisation, dite en terme générique, entrerait en jeu pour agir sur les statisques néfastes pour notre langue, ce que la Charte de la langue française et les autres lois et réglements sur ou concernant la langue officielle ne pourraient pas faire, ou seraient inefficientes ou non applicables, par exemple. Une loi qui obligerait le gouvernement à agir sur les causes, sans que les citoyens aient nécesairement à porter plainte sur des cas particuliers.
    Peut-être y a t-il d’autres solutions, mais moi, c’est celle que je verrais comme la plus adéquate à nous protéger contre l’anglicisation galopante, incontrôlée, du Québec et de Montréal en particulier.

  5. 5 Phil Lacasse Le 27 juin 2010 à 19h18

    L’exode des francophones hors de Montréal démontre bien que cette ville jadis française se ghettoïse et que les immigrants qui s’y installent sont définitivement inintégrable, incompatibles et inaptes à s’identifier à la culture fsrançaise. On peut les comprendre puisque leur gênes culturels ne sont en aucun cas compatibles avec la culture française. Ceux à blâmer ce sont les pauvres Blancs du Québec qui ont succombé à la décadence et ses aberrations en sanctionnant une pareille infâmie du pire des cancers dégénératifs. Si ces immigrants étaient valables pour le Québec, alors on ne verrait aucune différence dans la prédominance française à Montréal,car,ils combleraient le trou laissé par les déserteurs, mais on voit que ce n’est pas le cas.

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Cet article de 552 a été rédigé par Parti Québécois il y a 14 ans et 6 mois, le jeudi 8 octobre 2009.

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