Le mercredi 8 octobre 2008

QuébecPolitique

Qu’implique vraiment la reconnaissance de la nation québécoise?

Questions simples autour d’une grande affirmation

Campagne électorale fédérale 2008 ]

Par Le Conseil de la souveraineté

Malgré ses prétentions, le gouvernement canadien n’a pas officiellement reconnu la nation québécoise. Harper veut se faire du capital politique avec cette supposée reconnaissance, laquelle il tient à garder purement symbolique.

Dans quelques jours, et c’est vraiment ce que nous souhaitons, une majorité de députés du Bloc québécois se retrouveront dans l’enceinte de la Chambre des Communes, à défendre l’indéfendable pour les autres partis canadiens, soit les valeurs et les préoccupations fondamentales des Québécois au premier plan des choix politiques.

Des points importants ont ainsi été amenés par le parti souverainiste dans ses derniers mandats, des dossiers majeurs pour l’avenir du Québec dont il s’est fait le porte-parole tenace et respecté. Celui de la nation québécoise a particulièrement retenu notre attention, mais il reste du pain sur la planche et des questions essentielles à poser à ce sujet, des questions simples pour des réponses éclairantes dont la plupart sont dans les cahiers du Bloc québécois.

Car ne nous méprenons pas : malgré ses prétentions, le gouvernement canadien n’a pas « reconnu » officiellement la nation québécoise. Par la voix de son chef, il a déposé une motion qui visait à répliquer aux demandes répétées du Bloc québécois. Un point, c’est tout. Et qu’y a-t-il là-dedans ? Aucune définition précise sur la culture du Québec, son identité, ses institutions et surtout, rien d’enchâssé dans la constitution canadienne.

Première question : qui définit quoi ?

Comme peuple soucieux d’autonomie et de reconnaissance, nous n’avons pas à nous laisser définir par ceux qui ne sont pas directement concernés et dont l’objectif plus ou moins caché est de soumettre le Québec au Canada. Mais le Bloc québécois est là, pour nous. Il a fait jusqu’ici un travail remarquable et revendique maintenant le plein contrôle sur nos communications, de même que l’exemption de l’application de la politique canadienne du multiculturalisme au Québec. Continuons de lui faire confiance !

Deuxième question : de quelle nation parle-t-on ?

Pour exister, une nation doit être politique et reconnue ainsi par la communauté internationale. Le mot «nationalisme» ne revêt-il pas le sens qu’on veut bien lui donner ? Étroit, il demeure folklorique, sans lieu défini, uniquement culturel ou identitaire. Large, il réfère à un peuple dans un état politique circonscrit géographiquement et socialement. En France et aux États-Unis, et dans la plupart des pays du monde, ce que l’on appelle « nation » est avant tout politique, même si elle se compose la plupart de temps d’un ensemble d’ethnies. Duceppe appelle au respect d’une nation minoritaire du Canada, mais il propose inlassablement, en attendant sa souveraineté, de rapatrier les pouvoirs du Québec.

Troisième question : qui fait partie de la nation québécoise ?

Les Québécois de toutes origines qui choisissent le Québec comme état avec la langue commune et publique ? Ou les parlant français du Canada tout entier ? Dans le projet du parti conservateur, la nation québécoise réfère à un groupe ethnique que l’on appelle les Canadiens-français. Ce qui a peu à voir avec la réalité de ce que nous sommes parvenus à être au Québec, malgré les efforts de la suprématie canadienne pour nous englober en nous effaçant. Pour fabriquer un vivre-ensemble, il faut d’abord vivre ensemble, dans un cadre commun, forts d’une histoire commune et de valeurs communes, ces dernières enrichies de l’apport de l’immigration. Le peuple qui adhère à un projet d’indépendance ne peut faire autrement qu’être inclusif.

Nous pourrions aussi nous demander pourquoi, ou à quel moment plutôt, un état souverain comme le Canada envisage de reconnaître une nation à l’intérieur de son territoire. N’est-ce pas lorsque cette dernière se montre défaite et apparemment perdante ? Lorsqu’elle semble avoir besoin de cette attention pour se rassurer sur sa pérennité et pour survivre à l’intérieur d’un ensemble qui lui laisse de moins en moins de place ?

Il est clair que Harper veut se faire du capital politique avec cette supposée reconnaissance, laquelle il tient à garder purement symbolique. Si nous acceptons cela, et le Bloc québécois n’en a jamais heureusement manifesté la moindre velléité, nous serons, à l’instar des Acadiens ou les Autochtones, condamnés à utiliser des moyens comme un grand tintamarre ou des rituels ancestraux pour nous faire remarquer. Sans aucun réel pouvoir, bien sûr, ailleurs que dans notre propre communauté.

Voilà pourquoi nous voterons pour les candidats du Bloc québécois, le 14 octobre. Nous leur sommes en effet infiniment redevables d’avoir pris l’initiative dans ce dossier de la nation québécoise qui, s’il a déjà engendré un débat à l’échelle canadienne, doit tôt ou tard, et le plus tôt sera le mieux, trouver son point final à l’Assemblée nationale du Québec, ici même dans notre capitale, là où le peuple québécois, plus lucide et plus déterminé que jamais, affirmera enfin son existence au monde.

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Francine Lavoie, présidente du CA du Conseil de la souveraineté de la capitale nationale

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Cet article de 750 a été rédigé par Le Conseil de la souveraineté il y a 15 ans et 5 mois, le mercredi 8 octobre 2008.

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