[ L'état de la langue française ]
Par Richard Le Hir
Il suffirait que l’État québécois décrète que l’accès à l’éducation en anglais à partir du cégep est désormais conditionnelle au passage d’un examen démontrant une connaissance du FRANÇAIS au niveau requis pour poursuivre des études collégiales et supérieures, indifféremment de la langue d’enseignement.
Et bien, jamais un proverbe nous a-t-il ouvert de telles perspectives. En effet, depuis la fin des années 1960, les Québécois sont convaincus que l’avenir du français dépend de la volonté du gouvernement au pouvoir à Québec d’adopter des mesures législatives qui vont assurer la primauté du français.
Et peu de Québécois se doutent que les mesures les plus énergiques pour « la défense et l’illustration de la langue française » au Québec pourraient être prises par leur gouvernement sans même qu’il n’ait à légiférer et à leur imposer le supplice d’un débat interminable à l’Assemblée nationale avec en prime le spectacle de la communauté anglophone qui déchire sa chemise en hurlant au martyr.
Eh oui, il suffirait que l’État québécois décrète que l’accès à l’éducation en anglais à partir du cégep est désormais conditionnelle au passage d’un examen démontrant une connaissance du FRANÇAIS au niveau requis pour poursuivre des études collégiales et supérieures, indifféremment de la langue d’enseignement.
Et pour s’assurer que cette connaissance résiste à l’anglicisation par les études, la délivrance du diplôme devrait être conditionnelle au passage d’un autre examen faisant foi d’un niveau de connaissance du français compatible avec celui du diplôme obtenu.
Comme c’est le gouvernement qui finance l’éducation, il serait en mesure de conditionner son financement des institutions d’enseignement au respect de ces règles.
Sur le plan de la « défense et de l’illustration du français », elles n’auraient que des effets bénéfiques. Elles garantiraient que les francophones qui souhaitent poursuivre des études en anglais puissent le faire en réduisant leur risque d’anglicisation, et que les anglophones qui vivent au Québec aient une meilleure connaissance du français et puissent travailler dans la langue officielle. À terme, c’est une façon (une seule; il y en a bien d’autres) d’assurer que le français devienne véritablement la langue commune des Québécois.
Sur le plan juridique, l’avantage de cette façon de procéder est qu’elle n’est en rien discriminatoire. Au contraire, tout le monde bénéficie des mêmes droits et se retrouve sur un pied d’égalité, francophones comme anglophones. En procédant de cette façon, jamais les Anglo-Québécois ne pourraient-ils prétendre qu’on se trouve à brimer leurs droits.
Cette mesure aurait même des avantages sur le plan financier. En effet, nombre d’étudiants étrangers viennent poursuivre des études au Québec en raison de leur faible coût, et ils rentrent chez eux une fois leur diplôme obtenu. Ce sont donc les Québécois qui se trouvent à les financer, sans que le Québec n’en tire le moindre bénéfice. C’est ce qui s’appelle investir à perte.
La nécessité préalable de connaître le français pour s’inscrire dans une institution d’enseignement au Québec, et d’en avoir une connaissance d’un niveau compatible avec celui du diplôme obtenu, aurait un effet dissuasif auprès de tous les étudiants étrangers qui ne viennent au Québec que pour des motifs économiques opportunistes, et le fardeau financier des Québécois s’en trouverait allégé d’autant, le financement de l’éducation se faisant sur la base du nombre.
Enfin, sur le plan politique, le PQ se trouverait à tenir une de ses promesses les plus contentieuses en s’épargnant à la fois le blocage systématique de l’opposition, un ressac chez les francophones désireux d’avoir accès à l’enseignement supérieur en anglais, et, en supposant qu’il parviendrait malgré tout à faire adopter sa loi, les contestations judiciaires auxquelles elle donnerait sûrement lieu.
Ce « petit » exemple nous permet de comprendre qu’un gouvernement minoritaire n’en est pas pour autant réduit à l’inaction s’il sait exploiter toutes les ressources que le pouvoir exécutif met à sa disposition. S’il choisit ses enjeux en fonction de leur rentabilité politique et agit promptement avec envergure et détermination, il peut se représenter assez rapidement devant l’électorat en arguant du besoin d’un mandat clair et fort pour poursuivre son action.
Source: Vigile.net
Mots clés: L'état de la langue française, Politique, Québec,
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Articles rédigés: 40 articles
Profil: Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
Cet article de 615 a été rédigé par Richard Le Hir il y a 12 ans et 7 mois, le mardi 25 septembre 2012.
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Cet article est catégorisé sous Politique, L'état de la langue française, Québec.
Les mots clés associés à celui-ci sont éducation, examen, gouvernement minoritaire, langue anglaise, langue française, Loi 101, Parti Québécois.
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il n’y a pas de raccourci magique
Richard Le Hir, c’est un bel effort mais ça ne tient pas debout.
Après onze ans d’études en français, les immigrants savent le français. Ils vont passer “le test”. Votre proposition équivaut à reconduire la situation actuelle et à perpétuer le libre choix des études en anglais au collégial et à l’université.
Le gouvernement Marois va écrire une nouvelle loi 101 qui respecte son programme en particulier sur l’obligation pour les immigrants d’aller au cégep français. Ça ne passera pas du point de vue législatif. Mais la CAQ est d’accord avec l’abolition des Écoles passerelles. Ça sera ça de fait. Pour le reste, on verra.
Il n’y a pas de raccourci magique pour franciser Montréal. Il y a le programme du Parti québécois qui nous rapproche de la solution. Pour l’appliquer il faudrait que le Parti québécois soit majoritaire. Il faut travailler pour que les Québécois le comprennent.
Quant à y être disons-le : la solution c’est l’indépendance qui nous débarrassera du bilinguisme canadian.
robert barberis-gervais, 26 septembre 2012