Le mercredi 8 avril 2009

QuébecSociété

La Galerie des Présidents de l’Assemblée nationale

Le cliché de la fausse économie, un tableau saisissant de vérité par défaut

Par Luc Archambault

Cette année, sous tous prétextes – trop cher, pas assez représentatif, modernité et commodité oblige… – on a choisi le bris de tradition, le faux-semblant et le mensonge pour honorer tel Président. On a choisi de participer au recul et à l’appauvrissement des Arts et métiers d’arts visuels d’ici, déjà le parent pauvre des arts québécois. On s’attaque aux arts pauvres et aux sous-développés, un signe des temps peut-être !?

Le bris de tradition dans la coutume voulant qu’un tableau soit commandé à un artiste peintre du Québec pour honorer le passage de ses Présidents à l’Assemblée nationale témoigne de ce que représente cette époque. C’est la beauté, la force et la grandeur de la représentation iconographique. Ce qui est représenté, la manière de le faire, l’écriture picturale et les supports et le cadre choisis parlent.

Cette année, sous tous prétextes – trop cher, pas assez représentatif, modernité et commodité oblige… – on a choisi le bris de tradition, le faux-semblant et le mensonge pour honorer tel Président. On a choisi de participer au recul et à l’appauvrissement des Arts et métiers d’arts visuels d’ici, déjà le parent pauvre des arts québécois. On s’attaque aux arts pauvres et aux sous-développés, un signe des temps peut-être !?

Une photo entoilée

L’entoilage de photos est le triomphe de la falsification et du mensonge, le summum du “bling bling” sans valeur, mais qui ne coûte pas rien pour autant.

Comme si la Présidence de l’Assemblée nationale se trouvait être à l’exact diapason d’un gouvernement du faux-fuyant et du mensonge à la Jean Charest. Chaque toile d’un Président de l’Assemblée nationale est parlante et en faisant le parcours de cette galerie séculaire, on entre en quelques secondes au centre de chaque époque telle que figurée par les artistes et leur écriture plastique qui témoigne volontairement ou pas, mais toujours de manière vibrante on ne peut plus évidente, ce qu’ils ont voulu montrer ou cacher de leur époque. Celle de Clément Richard peinte par Jean-Paul Lemieux a fait scandale par son prix, mais se révèle être l’une des plus intéressantes et profitables de ce patrimoine légué par nos devanciers.

Sous prétexte d’économies de bout-de-chandelle qui paraitront dérisoires plus les années passeront, la Présidence libérale de l’Assemblée nationale en cette année de cache-cache électoral et de l’insaisissable imputabilité à l’égard de la crise financière à la CDPQ, nous fait cette année léguer à celles et ceux qui nous suivent un héritage de la parure fausse. Le portrait est saisissant de vérité par défaut.

Expatrier nos talents… nos capitaux, nos diplômé(e)s…

Tout se tient et l’invitation vient d’en haut. Ce désaveu des arts et métiers d’art visuels du Québec, parent pauvre des arts du Québec, mériterait plutôt non pas un recul, mais une consolidation à défaut d’un rattrapage… Or ce désaveu est bel et bien à l’image des choix politiques qui ont privilégié les riches au détriment des pauvres épargnants qui aujourd’hui payent la note. Sous prétexte de leur épargner des miettes, ou de maximiser leurs profits, on appauvrit l’actif collectif en dépensant en lieu et place d’investir dans des titres de valeur.

Non pas que l’art photographique ne soit pas noble, mais l’entoiler pour faire « tableau » alors que c’est une photo, est le comble du faux-semblant… Pour une fois que la peinture avait ici droit de cité à valeur de symbole – c’est mieux que rien – ce bris de tradition est le symbole d’un très mauvais signal pour les artistes et créateurs d’ici. Il faut expatrier nos investissements semble-t-on nous dire cependant que d’aucuns parlent plutôt de Rapatrier les Plaines.

Il faut renoncer à de tels faux-semblants pour l’avenir et renouer l’an prochain avec la tradition de l’investissement de valeur véritable. Il faut investir dans la créativité qui ne soit pas que spéculative à court terme. Il nous faut constituer un actif qui soit solide et vrai, et ce n’est pas une dépense, c’est notre patrimoine qu’on enrichit…

Et pour toujours dans cette galerie de portrait, cette année restera affichée pour nos héritiers, le parfait exposé d’une annus horribilis du maquillage radin et mesquin, à l’image de son gouvernement… qui par son incurie irresponsable a laissé le marché en folie et ses riches spéculateurs se saouler jusqu’à se rouler par terre au bar ouvert du capitalisme de spéculation, cela au détriment de l’économie réelle de production. Ici on a spéculé sur le succès démagogique du faux-semblant qui dépare, dévalue, discrédite l’ensemble de l’actif patrimonial qui est le nôtre.

Ici, on est devant l’image exacte du contrecourant d’un développement sans limites qui encourage et participe à la disparition des espèces. La bio-diversité va de pair avec la diversité culturelle et la diversité des pratiques. Encourager la disparition de hauts-savoirs anciens au profit de la technique nouvelle accroit l’appauvrissement de la diversité essentielle à un développement vraiment profitable et durable. Il faut revenir dans les meilleurs délais à ce qui est en mesure d’encourager autre chose que la production de biens et d’équipements sans valeur, parce que fabriqués avec des composantes falsificatrices artificiellement attrayantes.

Les tableaux des Présidents de l’Assemblée nationale doivent être de vrais tableaux. Des photos, on en a des milliers, des tableaux, c’est plus rare…

Luc Archambault

Références: Le Devoir du 7 avril 2009, Antoine Robitaille, Rupture artistique à l’Assemblée nationale

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Cet article de 811 a été rédigé par Luc Archambault il y a 14 ans et 11 mois, le mercredi 8 avril 2009.

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