Le mardi 11 novembre 2008

PolitiqueQuébec

La logique sophistique de GESCA: un gouvernement démissionnaire

Campagne électorale québécoise 2008 ]

Par Luc Archambault

Un vent de changement entretemps a montré que dans des temps instables, il faut bouger, et non viser la stabilité des équipes qui ont démissionné face au capitalisme sauvage qui a provoqué la crise.

Dans son blogue de Cyberpresse1 , Stéphane Laporte participe à la campagne électorale en prenant position de manière sophistique en faveur du gouvernement démissionnaire de Jean Charest.

Sophisme :

Raisonnement faux, ayant l’apparence d’un raisonnement logique et qui est fait dans le but de tromper2 .

Réciproquement, un raisonnement peut être présenté comme illogique en vertu d’un raisonnement faux qui n’a que l’apparence d’un raisonnement logique.

C’est le cas du raisonnement de Stéphane Laporte qui en prétendant de manière sophistique que le raisonnement du PQ et de l’ADQ est illogique parce qu’il s’oppose à des élections précipitées d’un gouvernement démissionnaire. Réciproquement, le raisonnement du PLQ serait lui, logique puisqu’il permet en déclenchant des élections aux partis d’opposition de prendre de pouvoir. Alors même que le gouvernement est ici faussement justifié de démissionner parce qu’il prétend pouvoir assurer la stabilité du gouvernement en devenant majoritaire… On aura tout vu !

Stéphane Laporte présente sa logique… Il prétend fallacieusement qu’un principe devant s’appliquer seulement en quelques circonstances définies, doit s’appliquer en tout temps. Or, le principe en question obéit plutôt à des règles qui nient sa supposée primauté. En faisant impasse sur ces règles, le principe est faussement présenté comme devant s’appliquer en tout temps. Ce qui n’est pas valable du point de vue logique.

Le principe

L’opposition doit toujours désirer des élections.

Cela, parce qu’elle se dit, doit se dire en tout temps, meilleure que le gouvernement pour gouverner. Pour ce faire elle doit désirer toujours des élections pour avoir la chance d’accéder au gouvernement, et pour ce faire, elle doit toujours désirer renverser le gouvernement. Ainsi, elle devrait applaudir un gouvernement qui provoque lui-même des élections.

Cependant…

En vertu de ce principe, aucun gouvernement minoritaire ne pourrait gouverner. Aussitôt élu, il serait renversé.

C’est pourquoi le principe n’a pas toujours primauté sur toute logique et ne doit pas s’appliquer en tout temps. Il doit obéir à des règles qui suspendent son application, sans contredire la validité du principe. Ici, Stéphane Laporte fait impasse sur les règles d’application du principe pour prétendre qu’il doit bel et bien s’appliquer comme si les règles d’application n’existaient pas. Ce qui est un raisonnement sophistique qui n’a de logique de l’apparence.

Règles d’application du principe

Pour assurer la stabilité des gouvernements minoritaires, le principe ne doit pas s’appliquer pendant un délai d’au moins 2 ans de mandat. (Selon l’usage, soit ± la moitié du mandat. Le gouvernement actuel n’a que 18 mois.) Il ne doit pas s’appliquer pendant une crise. (Nous sommes en crise.) Il ne doit pas s’appliquer quand l’électorat souhaite que le gouvernement gouverne. (Les sondages en témoignent.)

Toutes ces règles militent en faveur de ne pas appliquer le principe, maintenant.

Le gouvernement de son côté invoque la stabilité du gouvernement et…
Le gouvernement choisi l’instabilité des élections en pleine crise.

Un gouvernement est élu pour gouverner. Pour gouverner 4 ans, crise ou pas.
Le gouvernement peut cependant décider de se dissoudre et démissionner en tout temps.
Un gouvernement minoritaire peut être défait en tout temps en chambre et il doit démissionner. Mais tout cela ne doit pas s’appliquer en tout temps.

Jean Charest veut la stabilité, mais démissionne… et se renverse lui-même… L’opposition a protesté contre le gouvernement démissionnaire en vertu de la stabilité du gouvernement. Le gouvernement pouvait gouverner, mais démissionne et va en élection pour… gouverner… C’est lui qui décide. Et… il décide de ne pas gouverner, pour… gouverner.

Il prétend pouvoir mieux gouverner dans la stabilité avec une majorité.

L’argument falsificateur de l’obtention de la majorité.

Rien ne permet d’assurer l’élection d’un gouvernement majoritaire, ni en soi, et d’autant pas en ce moment. Au contraire. En conséquence, cette incertitude électorale va à l’encontre du principe de stabilité.

Les chances que le PLQ parvienne à être majoritaire sont très minces. Prétendre la certitude majoritaire n’est qu’un prétexte partisan fallacieux. Jean Charest joue au poker. Il a démissionné pour rien. Seulement pour acheter du temps et pour enfoncer l’ADQ.

Ce ne sont pas quelques points d’avance dans les sondages qui permettent de garantir que le gouvernement démissionnaire sera majoritaire. Sans garantie il n’y a pas de stabilité. Il s’agit plutôt d’un prétexte pour être réélu à tout prix, même minoritaire. Ce qui va à l’encontre de la stabilité supposée recherchée par l’obtention d’une majorité illusoire. S’il y a en ce cas stabilité… de l’instabilité, elle ne peut s’accomplir que par l’instabilité et l’incertitude électorale…

Ainsi, la seule stabilité qui soit, est bien celle du sophisme fédérateur des fédéralistes du PLQ du Premier ministre démissionnaire Jean Charest et de ses partisans de GESCA.


Dans le même titre, je réponds à un participant qui réagit à l’article de Stéphane Laporte.

Commentaire de peepee:

« Bravo M.Laporte vous avez totalement raison le PQ et l’ADQ (.. ) se lamentent parce qu’ils ne veulent pas d’élections, et la raison première pourquoi qu’ils ne veulent pas d’élections ils sont très bas dans les sondages »

Ce qui justifierait que Jean Charest démissionne… alors qu’il peut gouverner à l’aise, si tant est que l’opposition soit si faible dans les sondages. Pourquoi l’opposition renverserait-elle au printemps un gouvernement si fort? Parce qu’il baisserait dans les sondages? Pourquoi baisserait-il dans les sondages s’il est si fort et s’il est si bon? Parce qu’il prouverait qu’il ne l’est pas? S’il ne l’est pas, pourquoi le réélire maintenant?

D’autant qu’il parle de stabilité… pourquoi plonger le Québec dans l’instabilité et l’incertitude d’une élection, alors qu’il peut gouverner, puisque l’opposition est si basse dans les sondages. Pour obtenir une majorité? Fallait-y penser!

Or, pour qu’il y ait stabilité, il faut plus que des probabilités, il faut une certitude. Quelle certitude peut bien émerger de sondages qui donnent à peine quelques points d’avance sur le PQ? Aucune certitude, seulement une incertitude qui fera au mieux reconduire un gouvernement minoritaire du PLQ ou du PQ. C’est ça la stabilité dont parle M. Charest? La stabilité d’un gouvernement minoritaire qui ne peut que passer par l’instabilité d’une élection en temps de crise alors qu’il pouvait gouverner et qu’il choisit plutôt de démissionner?

Jean Charest a choisi de plonger le Québec en élection par pur opportunisme. Il ne désirait qu’enfoncer l’ADQ qui lui vole des votes pour placer le PQ à l’opposition officielle. C’est la stabilité qu’il recherche, le bipartisme traditionnel. Le hic, c’est qu’il risque d’être battu. Il pense pouvoir faire mieux que les Conservateurs de la Art-Peur, parce qu’il pense qu’ils ont été battus à cause de leurs erreurs. Or, les Conservateurs n’ont pas été battus par leurs erreurs, mais bien parce que leurs politiques ne sont pas endossées par les électeurs qui préfèrent, même menacés par la crise, un gouvernement minoritaire qui saura composer avec l’opposition. Ce qui était la situation avant le déclenchement des élections.

Maintenant que le gouvernement démissionnaire de Jean Charest manifeste qu’il refuse de se plier à la volonté du peuple souverain, non seulement il n’a aucune chance d’être majoritaire, mais il ne fait que paver la voie à son remplacement par un autre gouvernement minoritaire dont il sera exclut. Normal, il démissionne et refuse de gouverner à titre de gouvernement minoritaire. Les Conservateurs qui ont déclenché les élections pour être majoritaire, on peut rêver, ont prouvé que ça ne fonctionne pas comme ça. Jean Charest qui pensait faire mieux, va tout perdre.

Un vent de changement entretemps a montré que dans des temps instables, il faut bouger, et non viser la stabilité des équipes qui ont démissionné face au capitalisme sauvage qui a provoqué la crise. Jean Charest est le McCain de cette campagne. Il adhère aux thèses de la démission de l’État de déréglementation encouragé par la droite à laquelle il adhère. Ce gouvernement démissionnaire sera remplacé par une équipe qui ne croit pas à l’État démissionnaire.

Ce gouvernement n’aurait pas dû démissionner. Il n’aurait pas dû adhérer aux thèses de l’État démissionnaire et n’aurait pas dû démissionner du gouvernement pour plonger le Québec dans l’instabilité électorale. Maintenant qu’il choisit le changement, il a donné l’impulsion qu’il faut pour vraiment changer de gouvernement.

  1. Voir Les propos illogiques de Mario et de Pauline le 2008-11-10 []
  2. Antidote []

Un commentaire à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Marc-Antoine Le 11 novembre 2008 à 12h09

    Article très intéréssant, très vrai aussi. Le Gouvernement Charest, comme d’habitude, ne pense qu’à ses propres intérêts. Il a laissé tombé l’économie et le peuple québécois en déclenchant ces élections! Éspéront qu’il sera puni le 8 décembre!

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Cet article de 1,316 a été rédigé par Luc Archambault il y a 15 ans et 5 mois, le mardi 11 novembre 2008.

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