[ Campagne électorale québécoise 2008 ]
Par Luc Archambault
Jean Charest n’est que le John McCain de cette campagne électorale précipitée, il incarne justement la stabilité d’une culture économique qui par la crise qu’elle a provoquée, doit faire place au politique, à l’ascendant du politique sur la culture économique.
Les Républicains états-uniens s’opposaient à la Monarchie britannique autocratique de droit divin. « Nous, le Peuple… Nous, le Peuple libre », disaient-ils, « Nous, le peuple », nous sommes les fondateurs d’un État républicain différent de la monarchie britannique. Un État concret, s’incarnant dans la lettre concrète d’une Constitution en vigueur depuis 1789, approuvée par le peuple souverain et démocratique. Une Constitution jamais contestée comme ici au Québec, fondait un État dont le 13e amendement à la Constitution abolira l’esclavage le 6 décembre 18651. Oui, ils le pouvaient. Et ils l’ont fait.
± 142 ans et 11 mois plus tard, le démocrate Barack Obama est élu premier Président noir des États-Unis. Cet État aura manifestement et de manière évidente définitivement tourné le dos à une logique de la prospérité économique fondée sur l’exploitation des esclaves noirs, propriétés des marchands et producteurs agricoles et industriels états-uniens. Cette culture économique de l’esclavage qui, pour d’aucuns, devait rendre caduque toute autre culture de la prospérité financière des États-Unis, fait de manière fracassante long feu au moment où une autre culture de l’organisation financière du laisser-aller, de la déréglementation, du marché capable de s’autoréguler, démontre sa faillite et son caractère sophistique et démagogique.
Au même moment, un Premier ministre du Québec, s’empresse de démissionner sous prétexte qu’il lui faut assurer la stabilité du gouvernement pour faire face à la crise. Sous prétextes qu’il peut obtenir un gouvernement majoritaire. Ce même gouvernement qui démissionne plutôt que d’agir, se trouve à être de plus, un gouvernement ouvertement en faveur de la culture économique qui a provoqué la crise à force de laisser faire démissionnaire face à la rapacité d’un capitalisme sauvage qu’il voudrait maintenant civiliser et encadrer au mépris de sa propre culture économico-politique.
Ce même gouvernement de M. Charest ose encore dire que l’économie n’est qu’économique. Qu’il ne saurait être question d’autre chose, alors même la cause de la crise est bel et bien une affaire de culture économique prônant la démission et l’évacuation du politique. Il ose nous dire qu’il faut encore plus de démissions pour résoudre la crise. Il faut de la stabilité. Alors même qu’on se trouve dans la trajectoire d’un piano qui nous tombe dessus du cinquième étage, parce que l’on a laissé des déménageurs au noir palanquer sans permis ni surveillance un piano volé, il faudrait être dans la stabilité et ne pas bouger. Vraiment ?
Jean Charest nous dit que la prochaine élection ne devra porter que sur un seul enjeu, la crise économique. Sous-entendant que la Constitution du Canada, imposée d’autorité et jamais soumises nommément à l’approbation du peuple démocratique et souverain du Québec qui ne l’approuve pas et la conteste par la voix de grands partis politiques et par son Assemblée nationale, sous-entendant que ce Canada légalisé par la Souveraine d’un Empire autocratique de droit divin et par la seule décision des ses juges de Cour, de Cour suprême, n’aurait rien à voir dans les décisions politiques que doit prendre ou ne pas prendre le peuple démocratique et souverain du Québec à l’égard de ce qui supposément sous l’effet d’une crise de la culture économique qui a trop longtemps prévalu, devrait s’absoudre encore dans la démission et le ravalement. L’économie à elle seule doit prendre toute la place nous dit-il. L’économie n’est pas un fait culturel et politique nous dit-il, elle s’imposerait à nous en dehors de nous, et tout ce que nous avons à faire c’est de démissionner au lieu d’agir, c’est de ne pas bouger en élisant à nouveau un même gouvernement démissionnaire.
Comme si, les règles qui régulent ou pas le déploiement d’un capitalisme sauvage qu’on a encouragé par la démission, échappaient au politique. Comme si la crise justement n’était pas provoquée par une culture de la démission, une culture du marché Souverain, au-dessus de la volonté du peuple démocratique et souverain. Une culture théorique du désengagement de l’État dont M. Charest est le chantre. Comme si un tel démissionnaire pouvait être à même de réparer les erreurs de la culture qui a provoqué ces errements et qui de manière prévisible, malgré les avertissements lancés, a provoqué la crise. Comme si la cause de la crise pouvait être en même temps la même cause de la résolution de la crise. Comme si, les mêmes personnes ayant provoqué la crise pouvaient être les mieux placées pour faire face. Comme s’il leur suffisait de démissionner et renier ce qu’ils professaient avant, pour produire une autre culture qui serait son contraire, la réglementation, la rigueur, la surveillance, l’action.
La démagogie peut à la rigueur emporter l’adhésion des masses, pourvu qu’un minimum de rigueur soit de mise. Ici, toute rigueur est exclue. Alors qu’on prône la stabilité, tout nous indique qu’il faut bouger, qu’il faut rompre avec la licence d’une culture économique dévoyée. Tout nous indique, qu’il faut changer d’équipe, puisque celle qui est au pouvoir, celle qui désire plus de pouvoir encore, celle qui prétend pouvoir être majoritaire, est justement l’équipe d’une stabilité de la démission du politique qui se réitère dans aucune espèce de changement, qui se stabilise dans l’exclusion du politique sous prétexte de crise économique justement causée par la démission du politique.
Les sophistes parviennent un temps à nous faire prendre la proie pour l’ombre, l’effet pour la cause, l’abstrait pour du concret. L’économie serait concrète, tient donc ! Accessoirement bien sûr, la Constitution serait symétriquement abstraite. La crise économique qu’il faut abattre serait l’ombre que la lumière d’une culture de la démission politique aurait projetée sur la proie économique. Pour faire de l’ombre sur cette lumière vacillante dont M. Charest était le porte-flambeau, et qui se trouve à être justement la cause de la crise, il faudrait croire ce chasseur qui nous dit de viser l’ombre de la crise et non pas les rapaces dont nous sommes victimes. Il faudrait tirer sur l’ombre et non domestiquer les rapaces.
Les chasseurs de têtes ont tout faux. Jean Charest n’est que le John McCain de cette campagne électorale précipitée, il incarne justement la stabilité d’une culture économique qui par la crise qu’elle a provoquée, doit faire place au politique, à l’ascendant du politique sur la culture économique. Tout le contraire de ce que professent Jean Charest et John McCain.
Premier ministre élu pour mettre en place la culture de la démission du politique face à une culture économique prônant le capitalisme sauvage dérèglementé. Premier ministre démissionnaire qui refuse de gouverner. Premier ministre démissionnaire qui propose au peuple démocratique et souverain du Québec de démissionner. Qui lui propose de renier notre opposition à un Canada abuseur qui s’impose d’autorité par une Constitution qui n’a jamais été nommément soumise à l’approbation du peuple souverain du Québec, une Constitution qui est rejetée par ce peuple, qui est rejetée par l’Assemblée nationale.
La concrète action politique doit intervenir pour réguler les calculs de l’abstraction économique d’un capitalisme de la déréglementation, de la démission, et qui est le credo politique de la culture économique du Premier ministre démissionnaire. Démissionnaire au cube. Il a fait la promotion d’une culture économique de la démission, du laisser-faire. Il se trouve donc à ne trouver que la démission pour faire face à ce à quoi son prosélytisme nous a condamnés. À savoir, la crise.
Mots clés: Campagne électorale québécoise 2008, Politique, Québec,
Pour recevoir quotidiennement les nouvelles d'AmériQuébec, abonnez-vous au flux RSS
ou inscrivez votre courriel ci-dessous!
Il vous est maintenant possible de suivre AmériQuébec sur Twitter!
Si vous souhaitez être au courant
des dernières mises à jour sur AmériQuébec et communiquer directement avec nous, il suffit de s'abonner à notre compte Twitter!
Luc Archambault
Profil sur Vigile.net
Articles rédigés: 31 articles
Profil: Peintre, sculpteur, performeur, céramiste et citoyen
Cet article de 1,808 a été rédigé par Luc Archambault il y a 16 ans et 5 mois, le samedi 8 novembre 2008.
Il y a 3 commentaires suite à cet article. Vous pouvez aussi suivre le fil des commentaires.
Cet article est catégorisé sous Campagne électorale québécoise 2008, Québec, Politique.
Les mots clés associés à celui-ci sont crise économique, démission, élections, gouvernement majoritaire, Jean Charest, Parti Libéral du Québec, Parti Québécois.
Voici la liste des articles qui ont été publiés à pareille date lors des années précédentes.
2012: Armée canadienne: vidéo raciste et soldats gelés — Selon Radio-Canada ((Les militaires enquêtent sur une vidéo à caractère raciste)), Les Forces canadiennes auraient ouvert une enquête concernant une [...]
2011: Jean-Martin Aussant dévoile la plateforme d’Option nationale — Le député de Nicolet-Yamaska et chef d’Option nationale, Jean-Martin Aussant, a dévoilé ce matin à Montréal le document de travail [...]
2011: Jean-Martin Aussant dévoilera le programme d’Option Nationale mardi matin à 10h — Mardi matin, Jean-Martin Aussant présentera au Québec le programme de son nouveau parti nommé Option Nationale. "Demain 10h00, dévoilement de [...]
2010: Exportation de nos bureaux chefs et centres de décisions — Tiré du Journal de Québec, "Nos firmes d'ingénierie sont la proie des Américains". Le gouvernement du Québec est le principal donneur [...]
2010: Les Rayons X célèbrent 115 ans de découverte — Google souligne le 115ème anniversaire de la découverte des Rayons X, que l'on connait pour leur utilisation, par exemple, dans [...]
Amériquébec - Tous droits réservés, © 2006-2014
Vous semblez tenir que les États-Unis ont fait une décision très progressive avec l’élection de M. Obama, rien pourraient être plus loin de la vérité. M. Obama est un commanditaire de la capitalisme sauvage.
Mais en fait vous av’z raison que les libéraux ont laissé l’économie dans les mains de leurs amis capitalistes.
Vous avez tout à fait raison de noter que j’ai tenu pour vérité, ce qui m’apparait bien être aussi et comme vous, bel et bien un leurre.
J’ai ici exposé autre chose en m’en tenant à ce qui est tenu pour être un progrès pour l’humanité. Ce qui n’est pas entièrement faux. Le leurre se déconstruira de lui-même à l’usage, s’il est bien ce qu’on croit qu’il est.
Luc A.
votre projet de loi 15 est un affront à la langue française tout ce que vous faites c’est de détruire notre langue et le Québec mais ce n’est pas une surprise venant des libéraux