Par Julien Gaudreau
LA grande question que doivent se poser tous les chefs péquistes compétents : comment accorder les souverainistes au conditionnel ? Pour satisfaire ses 140 000 chefs, notre tête d’affiche doit jouer à l’indien et s’astreindre à un exercice qui relève plus de la quadrature du cercle que de la réflexion stratégique. Que se soit sur […]
LA grande question que doivent se poser tous les chefs péquistes compétents : comment accorder les souverainistes au conditionnel ? Pour satisfaire ses 140 000 chefs, notre tête d’affiche doit jouer à l’indien et s’astreindre à un exercice qui relève plus de la quadrature du cercle que de la réflexion stratégique. Que se soit sur le projet proposé, la manière dont on le propose ou sur le chef qui le propose, chacun a sa petite idée de la manière dont les choses devraient être fait, et beaucoup y mette une condition de leur appuie.
Pour les nostalgiques des années 70, le projet souverainiste doit être plus que la simple indépendance du peuple québécois, il doit véhiculer un vrai « projet de société ». Pour la plupart, ils ne savent pas ce que doit être cette société, mais attendent néanmoins que les leaders souverainistes en sortent un de leur manche. Pire encore, le fameux projet ne doit ni frôler le socialisme pour certain, ni repenser le modèle québécois à l’américaine pour d’autre.
Si nous devons attacher des valeurs à l’idéal souverainiste, nous nous aliénons automatiquement la partie de la population qui est à l’opposée de ces valeurs. Une souveraineté de gauche va repousser la droite québécoise, et inversement.
Si les gens de gauches votent OUI pour un projet de gauche, et les personnes de droites seulement pour un projet de droite, disons que nous sommes mal partis. Niveau économique, on constate aussi un clivage important. Beaucoup exigent que le Québec soit sans dette et que son économie roule à fond de train pour appuyer l’indépendance. D’autres rétorquent qu’Ottawa n’a pas jeté notre économie par terre, et donc qu’ils peuvent se permettre d’attendre la chute qui légitimerait l’indépendance.
Devenu un classique du genre, les débats entre étapistes et « purs et durs » sont des incontournables dans le genre du débat infini. Dans le coin droit, on veut faire passer la souveraineté derrière d’autres réformes, après de multiples référendums, comme si c’était un mauvais médicament à avaler. Dans le coin gauche, l’appui d’une majorité de la population n’est que facultatif pour faire changer notre situation politique.
Dans les deux cas, le conformisme à leur stratégie est conditionnel à leur appui. D’autres débats comme celui sur la question, découle du même différend stratégique. De même, beaucoup de souverainistes font dépendre leur appui au consensus que fait le projet au sain de la nation québécoise. C’est-à-dire que s’ils pensent que le référendum ne va donner « que » 52 %, ils ne veulent pas courir le risque de faire de la chicane, et vont reculer.
Le débat sur le chef devient presque star-académique par moment. On analyse la posture, l’allure, la voie et même la démarche. On veut un chef ayant des études postdoctorales et une vaste maîtrise de sujets très complexes, mais qui ne parle pas comme un universitaire . Il doit flatter tout le monde dans le sens des poils, mais avoir une poigne de fer pour dénouer les impasses. Écrire une annonce pour trouver un tel chef serait risible, tellement les exigences sont opposées.
En somme, tant sur le fond, la forme que sur le porteur du message, le projet souverainiste est galvaudé à toutes les sauces par une frange d’indépendantistes qui considèrent que leurs opinions parallèles sur divers sujets sont plus importantes que la souveraineté en tant que transition politique. Ces gens devraient réfléchir à la pertinence de continuer des débats, même très importants, alors que le support sur lequel ils veulent appliquer leur solution à ces débats est en perte d’influence majeure.
Pierre Falardeau a déjà dit:
Comme si la lutte de libération nationale n’était pas, en soi, un projet de société. Le bateau coule et des passagers veulent discuter de l’aménagement intérieur de la chaloupe. Ramons, câlice! On discutera ensuite de la couleur de la casquette du capitaine ou de la forme des rames. L’indépendance n’est pas le paradis. Ce n’est pas la solution à tous nos problèmes. Mais il s’agit de choisir enfin. Ou le statut de nation annexée à jamais, ou la liberté.
Mots clés: L'indépendance du Québec, Politique,
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Cet article de 668 a été rédigé par Julien Gaudreau il y a 16 ans et 6 mois, le samedi 23 septembre 2006.
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