Le mardi 3 novembre 2009

ÉconomieQuébec

Il faut modifier l’entente avec le Nouveau-Brunswick

Oui au Nouveau-Brunswick, mais pas à nos dépens

Par Jean-Pierre Plourde

Ce n’est pas Ottawa qui devrait s’opposer à l’achat d’Énergie Nouveau-Brunswick par Hydro-Québec, ce sont tous les Québécois en bloc, pour une question d’affaire. Oui au Nouveau-Brunswick, mais pas à nos dépens et sans protections pour nos emplois.

Suite à mon article au sujet du contrôle d’Ottawa sur l’Hydro-Québec, j’ai reçu de M. Gilles Bousquet une demande de précision sur les raisons de mon inquiétude. Voici la réponse à ses questions qui devrait également vous intéresser.


Bonjour M. Gilles Bousquet

Vous me dites: “Où est-ce que vous allez pêcher ça M. Plourde? C’est le Québec qui va contrôler l’énergie du Nouveau-Brunswick, pas le contraire et l’Hydro-Québec ça appartient à notre gouvernement provincial. On a commencé par acheter les compagnies hydroélectriques anglaises comme la Shawinigan Water & Power et maintenant, on va acheter celles du Nouveau-Brunswick, si le fédéral ne met pas son gros nez dans cette transaction pas encore finale“.

Après le référendum de 1995, la fédération Canadienne a développé une stratégie qui consiste à nous retirer le droit de gestion de nos territoires, là ou se situent nos investissements. Le traité dont il est question, s’appelle l’approche commune. Il a été négocié entre fédéraux des deux cotés de la table de négociation. En ne s’opposant pas au transfert de nos territoires vers quelques Amérindiens choisis, lesquels sont, par la Constitution Canadienne sous la tutelle du Canada, nous allons hériter de cette tutelle et le Québec, comme province partenaire de la fédération canadienne, deviendra une vue de l’esprit.

Cela signifie que tout ce qui habite, grouille ou grenouille sur les territoires cédés deviennent sujet à l’approbation du tuteur canadien. Il exercera son véto sur toute décision faite par tout futur gouvernement provincial voulant investir ou gérer nos territoires.

Les descendants de nos pères, vous, moi et nos enfants, ne contrôlant plus nos territoires, nous hériterons de la tutelle que le Canada détient sur les Amérinciens.

La plupart de nos actifs que sont les barrages, centrales, mines, eau et autres ressources se retrouveront sur les territoires que nous cédons. Nous en perdrons le contrôle et serons soumis à un véto sur tout nouveaux investissements. M. Charest lui-même, sans donner les véritables raisons, déclare dans l’article de La Presse sur la transaction avec le Nouveau-Brunswick : « Jean Charest a tout de même présenté la transaction comme une preuve que le Canada fonctionne. Il a soutenu qu’un gouvernement péquiste n’aurait pas pu la réaliser. »

On doit ici décoder deux choses. La première chose consiste à prétendre que le Canada fonctionne. Remarquez que le journaliste de la presse à placé entre crochets l’expression “une preuve que le Canada fonctionne”. Ce n’est pas vrai. Un trafic de référendum, un rapatriement de constitution unilatéral, un traité imposé et des menaces non voilées de violence proférées contre nous, je n’appelle pas cela un Canada qui fonctionne.

La deuxième chose, c’est qu’on a mis en poste un premier ministre qui a toujours réalisé l’inverse de ses promesses jusqu’à maintenant, et les signes de notre expropriation en cours sont visibles. Par exemple, la commission Bouchard-Taylor, c’est un affront à l’intelligence de nos citoyens. L’immigration sans contrôle à Montréal en est un autre.

Mais revenons à l’Hydro-Québec. Il y a quelques années, l’approbation d’un nouveau projet hydroélectrique aurait été faite en grande pompe par le gouvernement du Québec, à la une de nos journaux. Pour le développement de la Romaine, la déclaration nous est venu d’Ottawa. Dans ma région, cette annonce retrouvée en page 46 du journal Le Quotidien, le dernier article avant les sports, un petit encart discret, presque rien à la télé ou la radio. Les négociations de la vente de la production de ce complexe furent négociées par l’équipe de M. Charest à un sous de moins le kilowatt-heure que notre coût le production actuel et cela pour les 25 prochaines années. On devra supporter un déficit croissant sur la production, alors que l’acheteur bénéficiera d’un prix réduit qui lui permettra de maximiser ses profits à nos dépens. Vous et moi, nous allons financer l’Oncle Sam.

L’entente avec Énergie Nouveau-Brunswick est également réducteur à notre égard. Par exemple, si ce gouvernement avait eu un souci d’équité, le tarif négocié aurait dû suivre celui des Québécois. Le tarif au Nouveau-Brunswick sera donc celui du Québec d’aujourd’hui et fixe pour les cinq prochaines années alors que vous et moi allons subir une ou plusieurs hausses de tarifs. De plus, M. Charest génère délibérément un compétiteur à nos emplois et à notre développement. Les tarifs hydroélectriques étant plus faibles au Nouveau-Brunswick, les alumineries et autres usines pourront y déménager à nos frais. Si l’on voulait établir une politique pour vider les territoires, on n’agirait pas autrement. Le coût de la vie ici va devenir beaucoup plus élevé, les usines vont suivre l’économie d’énergie et on devra regarder passer la parade au lieu d’être dedans.

Ce n’est pas Ottawa qui devrait s’opposer à cette transaction, ce sont tous les Québécois en bloc, pour une question d’affaire. Oui au Nouveau-Brunswick, mais pas à nos dépens et sans protections pour nos emplois.

La plupart des citoyens ne voient pas cela. C’est à la fois simple et complexe.

Les principaux conseillers de M. Charest et une plusieurs des personnes à la direction de nos actifs sont des fédéralistes ayant de fortes sympathie envers les multinationales dont l’Alcan et RioTinto. Personnellement je ne crois pas que la perte de 40 milliards de la Caisse de dépôt soit le fruit du hasard, l’équipe de gestion en place avant l’arrivé de M. Charest avait une excellente réputation. Si M. Charest était partisant de notre communauté québécoise, M. Sabia ne serait pas là. Il ne manque pas au Québec de bon candidats pour occuper ce poste de direction.

On dit qu’un peuple qui ne connait pas son histoire est appelé à répéter ses erreurs, c’est exactement ce que l’on fait.

En 1949, le Canada a utilisé une technique semblable pour nous retirer le Labrador au profit de Terre-Neuve. Faites-vous plaisir, recherchez le premier tome du livre de Normand Lester, Le livre noir du Canada anglais, vous constaterez que ce que nous vivons est la suite de cette histoire. Combien parmi nous savons que le Canada s’apprête à trafiquer nos livres d’histoire pour conditionner nos enfants? C’est tout à fait inacceptable.

Il y a maintenant au Canada, une province virtuelle canadienne fédérale qui s’accapare les biens de la société québécoise et qui en fera la gestion à son profit en dépouillant les Québécois de leurs actifs dans un traité bidon dit de l’approche commune sans les informer des conséquences, ni consultations réelles des intéressés, vous et moi.

Chaque négociation qu’entreprend ce gouvernement nous rabaisse encore d’avantage, par exemple, notre endettement est en expansion rapide, nos bras de leviers comme la Caisse de dépôt et l’Hydro sont pris dans des scandales où ce gouvernement refuse de faire la lumière.

Pendant que les Québécois vont voir leur tarif d’électricité augmenter, ceux du Nouveau-Brunswick vont voir le leur gelé pour cinq ans au même tarif actuel que le nôtre. Il semble bien que les Québécois devront payer la note des investissements de l’Hydro. Que croyez-vous que vont faire nos usines?

La lecture du livre de Normand Lester, Le livre noir du Canada anglais, vous confirmera que le passé est garant de l’avenir, et que rien n’a changé depuis la conquête dans l’attitude de ce pays à notre égard. Elle est assimilatrice et réductrice. Je m’attend à une réaction violente de nos travailleurs lorsque nos usines vont commencer à déménager. J’aimerais beaucoup mieux les faire réfléchir avant qu’après.

Les Québécois devront relever la tête s’ils veulent survivre. L’indifférence n’est plus de mise. Je ne peux rien faire d’autre pour les Québécois que de les informer. Seule la compréhension des enjeux par la masse des citoyens peut maintenant changer quelque chose.

Lorsque M. Charest déclare que jamais le Québec n’aurait pu réaliser cette transaction sous un gouvernement du Parti Québécois, il a raison, le Canada ne l’aurait jamais permis. Ottawa serait intervenue pour l’arrêter. Vous n’avez aucune crainte à avoir, Ottawa est derrière cette transaction, peu de journaux anglophones ne vont s’y opposer, ils sont déjà tous au courant. Il attendent impatiemment l’arrivé chez eux de nos lignes de transport électrique, financées par nos citoyens, prochaine étape après les Maritimes. Le ROC applaudit en cachette notre ignorance.

Vous dites: “Il me semble que cette réalisation de l’Hydro-Québec dont M. Charest aime à s’en créditer, est un plus pour le Québec.” À la lecture des explications que je vous ai données, vous devriez être en mesure de comprendre que les Québécois sont les seuls à ne pas être informés des vrais affaires.

Vous ajoutez que “Le contrôle de l’énergie propre me semble un outil du futur. On devrait en être fier et en profiter pour la vendre aux Canadiens en plus de ce qu’on vend déjà aux Américains”. Je suis à 100% d’accord avec vous à condition que cela se face dans le respect des partenaires de la “Fédération”, ce qui n’est pas et n’a jamais été le cas de la fédération canadienne envers le Québec.

Un dernier point

La géographie nous dicte que le marché naturel du Québec vise les états du nord-est américain. Nous avons beaucoup plus de respect de notre identité à recevoir de ce coté qu’on en aura jamais avec le Canada. C’est pourquoi la plupart de notre électricité est vendu aux États-Unis. Alors, Monsieur Bousquet, le train à grande vitesse, ce n’est pas entre Toronto et Québec qu’il est intelligent de le construire mais entre Québec, Montréal et NewYork. Il n’y a aucun intérêt pour le Québec à se limiter à un petit marché alors que son voisin du sud est beaucoup plus intéressant. C’est l’Ontario qui veut ce rôle pour lui seul grâce à un Québec docile, soumis et sous son contrôle.

On ne bâtit pas un pays de force sans de graves conséquences sociales. Le Canada est dénigrant et antipathique à notre égard, il suffit de lire les journaux du ROC et de voir aller nos politiciens pour s’en rendre compte.

Personnellement je préfère entretenir des relations d’amitié envers des gens qui respectent mon identité et qui me sont sympathiques qu’avec des gens qui dénigrent mon identité à la télé comme les Ron Cherry et autres.

En espérant que mes commentaires auront pu répondre à vos questions. Pour d’autres précisions, n’hésitez pas à m’en faire part.

Jean-Pierre Plourde

2 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 jcpomerleau Le 3 novembre 2009 à 7h13
  2. 2 Achat d'actifs d'Énergie NB par Hydro-Québec: le doute grandit! - Amériquébec Le 29 janvier 2010 à 6h05

    […] l’a souhaité Jean-Pierre Plourde dans son article du 3 novembre 2009 intitulé Il faut modifier l’entente avec le Nouveau-Brunswick, la 2ème entente modifie la 1ère entente du 29 octobre […]

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Fiche de l'article

Cet article de 1,663 a été rédigé par Jean-Pierre Plourde il y a 14 ans et 5 mois, le mardi 3 novembre 2009.

Il y a 2 commentaires suite à cet article. Vous pouvez aussi suivre le fil des commentaires.

Cet article est catégorisé sous Économie, Québec.

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