Le mardi 20 janvier 2009

Québec

Le sort des Premières Nations est historiquement lié à celui des capacités de l’État du Québec

Québec, un état optimal pour un peuple invisible

Les peuples autochtones ]

Par Jean-Claude Pomerleau

On peut plaindre longtemps le sort des nations indiennes pour se donner bonne conscience, mais il sera plus utile de chercher les bases concrètes sur lesquels une véritable dynamique de l’espoir puisse prendre appui. La base concrète de cet espoir pour les Premières Nations du Québec, est le même que celle de la Grande Paix de 1701 : cette alliance doit s’appuyer sur un État du Québec performant, et donc optimal.

Le film de Richard Desjardins sur les conditions de vie du peuple algonquin aura le mérite de ramener dans l’actualité le sort fait aux Premières nations. Cependant, on ne pourra comprendre ce qui a causé leurs malheurs et fournir une base pour leur redonner la dignité perdue, sans revenir sur l’histoire et surtout, sur des considérations géopolitiques si nécessaires à la compréhension de ce débat.

Attribuer tous les problèmes que connaissent les nations indiennes à l’apparition des « Blancs » en Amérique est un lieu commun facile qui gomme une réalité historique et géopolitique. Encore faut il préciser que ces nations furent en fait victimes des conséquences d’une guerre coloniale menée sur leurs territoires par 2 puissances européennes qui avaient chacune leur manière d’établir des relations avec elles. Il est capital de noter que seul le Régime français avait établi avec elles des relations (diplomatiques) de nation à nation. La Conquête (1759) qui a entraîné la chute de la Nouvelle-France aura donc des conséquences tragiques sur la suite de l’histoire.

L’histoire

En signant le Traité de la Grande Paix de 1701, les 32 Nations indiennes avaient lié leur sort à celui de l’État naissant de la Nouvelle-France. Durant tout le temps que ce traité fut effectif, cette alliance a permis aux 70 000 français de contenir la volonté de domination du continent de plus d’un million de colons anglais et aux 32 Nations indiennes de rester maîtres de leurs territoires.1

Suite à la conquête britannique qui a entraîné la déstructuration de l’État de la Nouvelle-France, sur lequel ces 32 nations s’appuyaient pour leurs défenses (milices), plus rien ne s’opposait au rouleau compresseur des colons britanniques qui convoitaient leurs territoires. En moins d’une génération après la défaite, toutes ces nations ont perdu leurs bases territoriales ancestrales. Même les Mohawks ont perdu leur territoire quand les Yankees américains ont chassé les loyalistes (leurs alliés) du territoire américain. De l’histoire ancienne sans rapport, pensez vous ?. Non, les Mohawks sont encore dans le prolongement de cette guerre, puisqu’il érigent actuellement des barricades à Caledonia en Ontario pour préserver un bout de territoire que la Couronne Britannique leur a cédé pour compenser la perte de leur vaste terre ancestrale. Des développeurs veulent y construire des condos!

Géopolitique

La conséquence de la chute de l’État de la Nouvelle France (même coloniale) a été une catastrophe historique pour les nations indiennes.

Finie la relation de nation à nation. Les vainqueurs britanniques vont les réduire, petit à petit, dans des réserves, soumis plus tard à une loi de l’apartheid (Indians Act)2. Résultat : elles se classent actuellement au 63ème rang dans l’indice de développement humain (I .D.H.) des Nations Unis ; niveau équivalent à celui d’un pays du tiers monde.

On peut plaindre longtemps le sort des nations indiennes pour se donner bonne conscience, mais il sera plus utile de chercher les bases concrètes sur lesquels une véritable dynamique de l’espoir puisse prendre appui. La base concrète de cet espoir pour les Premières Nations du Québec, est le même que celle de la Grande Paix de 1701 : cette alliance doit s’appuyer sur un État du Québec performant, et donc optimal.

Suite au lancement de son film documentaire, Richard Desjardins a interpellé les souverainistes sur leurs intentions politiques concernant les Premières Nations. Traduit en termes géopolitiques, quelle sera leur stratégie d’État en matière de relations avec les Premières Nations.

Pour rassurer M. Richard Desjardins, il faut rappeler que la plupart des membres de l’équipe politique qui ont mis en place l’État moderne du Québec dans les années soixante sont devenus souverainistes par la suite. Et ce sont eux qui ont mis au point la stratégie d’État la plus cohérente pour utiliser les leviers de l’État afin d’améliorer le sort des Premières Nations par la suite.

C’est le gouvernement de René Lévesque qui a rétabli la relation de nation à nation entre le Québec et les Premières Nations (Une première depuis M. Vaudreuil, en 1759). Par cette reconnaissance, plusieurs nations sont soudainement devenues « visibles » en termes géopolitiques.

C’est le gouvernement de Bernard Landry qui a conclu le traité de « La paix des braves » qui venait bonifier le traité de « La Baie James ». Une évocation historique à celui de « La Grande Paix de 1701 ». Traité moderne qui produit maintenant ses fruits pour le plus grand bénéfice des Cris et des « Blancs ».

Les politiques mises en place par un gouvernement souverainiste nous donnent une indication claire de son intention et nous laissent entrevoir ce qu’il aurait pu réaliser s’il n’avait pas été limité aux moyens d’ un demi État, celui d’une province.

Pour que le Québec puisse relever l’immense défi de ramener espoir et dignité parmi l’ensemble des Première Nations, il faudra qu’il se donne les moyens d’agir d’un État optimal, c’est-à-dire d’un État souverain (En géopolitique, seul l’État agit avec envergure). C’est à cette condition que le Québec pourra assumer un leadership exemplaire et s’offrir comme un modèle pour le monde.

Le sort des Premières Nations est historiquement lié à celui des capacités de l’État du Québec, et, s’agissant des Algonquins, d’un État du Québec optimal, pour ce peuple invisible.

  1. René BOULANGER, La bataille de la mémoire, Les Éditions du Québécois. Un point de vue géopolitique sur les raisons de la défaite militaire des français et sur le constat que la bataille n’est pas encore finie pour le Québec, car elle se poursuit à tous les niveaux dont celui de la mémoire. []
  2. Le chef huron Max GROIS-LOUIS : « La loi fédérale des Indiens constitue un génocide bien planifié pour faire disparaître les Amérindiens ». []

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Cet article de 925 a été rédigé par Jean-Claude Pomerleau il y a 15 ans et 3 mois, le mardi 20 janvier 2009.

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