Le mercredi 19 septembre 2012

QuébecPolitique

« Rester une province constitue un risque inacceptable pour le Québec » — Pauline Marois

Pauline Marois a dévoilé ce mercredi son conseil des ministres

L'indépendance du Québec ]

Par AmériQuébec

Pauline Marois, nouvelle Première Ministre du Québec, a dévoilé la composition de son conseil des ministres aujourd’hui. Lors de son discours, elle en a profité pour livrer sa vision de son gouvernement et les mandats qu’elle confie à ses nouveaux ministres. Par la même occasion, elle a réaffirmé sa profession de foi souverainiste.

Revoyez la cérémonie en vidéo

La nouvelle Première Ministre du Québec, Pauline Marois, a présenté aujourd’hui ceux et celles qui composeront son nouveau conseil des ministres. Tout au long de son élocution, Mme Marois a rappelé que son gouvernement agirait en gouvernement souverainiste. On comprend aussi de son discours que plusieurs ministères seront restructurés.

Consciente qu’elle se retrouve en terrain minoritaire, Mme Marois a affirmé que « l’intégrité marquera l’ensemble de l’action gouvernementale : ce sera notre premier pilier. Cela se traduira dans un premier temps par des réformes rapides, là où nous pourrons trouver un terrain commun avec l’opposition.»

«Ce que nous ferons dans le contexte d’un gouvernement minoritaire, c’est protéger chaque parcelle de souveraineté déjà entre nos mains et en acquérir de nouvelles. Le peuple québécois s’est remis en marche à son rythme », a t-elle affirmé en fin de discours.

Pour l’appuyer dans sa tâche de Première Ministre d’un gouvernement minoritaire, Pauline Marois a nommé François Gendron comme vice-premier ministre. Gendron est le doyen de l’Assemblée Nationale, puisqu’il y siège sans interruption depuis 1976. Yves-François Blanchet sera whip en chef du gouvernement.

La souveraineté, la langue française et la culture

L’indépendance du Québec n’a pas été éludé du discours de Pauline Marois. Au contraire, la Première Ministre a souvent fait référence au pays du Québec. « Notre objectif ne doit pas être de rattraper les autres. Notre but, c’est d’aller au bout de nos possibilités », a t-elle affirmé. Un peu plus tard, lors de la nomination de Daniel Breton, celle-ci poursuivait:  « Je vous demande de tracer le chemin d’un pays que nous voulons vert et bleu.»

« Nous avons cette conviction intime que l’avenir du Québec est de devenir un pays souverain. Un pays normal qui fait toutes ses lois, qui décide lui-même de l’utilisation de tous ses impôts et qui parle de sa propre voix dans le monde », a affirmé Pauline Marois. Voilà qui a de quoi rappeler la référence au LIT (Lois, impôts, traités) de Jean-Martin Aussant d’Option nationale.

« La destination choisie par l’équipe gouvernementale est celle de la souveraineté. D’autres proposeront des chemins de traverse ou de faire une pause de façon à reprendre des forces.L’important pour notre peuple, c’est d’avancer. Au-delà de la destination, par delà les chemins qu’il nous faudra emprunter ou non, gardons toujours le cap sur la visée fondamentale et historique de notre peuple. Cette visée qui doit tous nous guider, nous rassembler, nous dépasser : celle de la liberté. »

Un peu plus tôt, Pauline Marois affirmait: « Les Québécois forment une nation de plein droit dont l’identité s’est forgée tout au long de ses plus de 400 ans d’histoire. Mon gouvernement est souverainiste. Nous avons en effet la conviction que l’avenir du Québec est celui d’un pays souverain. Plus encore, il nous apparaît que de demeurer une province du Canada constitue un risque inacceptable pour le Québec. Mon gouvernement se donne donc pour tâche de partager cette conviction avec les Québécois. D’ici à l’atteinte de cet objectif, il est impératif de faire avancer avec force nos intérêts et de promouvoir notre identité, pas à titre de province, mais à titre de nation. »

Pour ce faire, Marois a nommé Alexandre Cloutier comme ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes et à la Gouvernance souverainiste. Celui-ci a le mandat de «prendre tous les moyens nécessaires pour défendre les intérêts du Québec et lui permettre d’occuper tout l’espace possible dans les domaines de son identité et de son économie, y compris en exigeant de nouveaux pouvoirs.»

Diane de Courcy reçoit le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles. Elle devient aussi la ministre responsable de la Charte de la langue française. Elle aura comme mandat important de proposer une nouvelle loi 101 et faire en sorte que le française redevienne la langue officielle et d’usage au Québec, ce qui inclut l’intégration des immigrants.

Maka Kotto hérite lui aussi d’un dossier ministère important, celui de la Culture et des Communications. Il a comme mandat exclusif de rapatrier les pouvoirs et les budgets fédéraux en matière de culture et de communications afin de redevenir maître chez nous en matière de culture. On s’aperçoit donc que même minoritaire, Pauline Marois n’hésitera pas à appliquer sa gouvernance souverainiste.

Jean-François Lisée se retrouve à la tête du ministère des Relations internationales et du Commerce extérieur. Il devra représenter les intérêts du Québec sur la scène internationale, favoriser le commerce extérieur et promouvoir la culture québécoise à l’étranger. Pauline Marois lui demande aussi de « faire progresser nos intérêts et nos liens d’amitié, avec un accent particulier au sein de la Francophonie.» Mme Marois a aussi demandé à Lisée, en tant que ministre responsable de la métropole, de maintenir le lien avec la communauté anglophone de Montréal, de « tisser avec eux des relations étroites, dans le respect de leurs droits» et leur faire sentir qu’ils sont membres à part entière de la nation québécoise.

Bernard Drainville devient ministre des Institutions démocratiques et de la Participation citoyenne. À ce titre, il devra proposer une Charte de la laïcité et un projet de loi sur l’identité. Son mandat le mènera aussi à réformer les institutions. Il devra entre autres modifier le mode de financement des partis politiques pour éliminer l’influence de l’argent en politique, proposer une loi qui instaurera des élections à date fixe et la limitation des mandats des élus, et de « proposer des mécanismes permettant d’augmenter la participation citoyenne.» On comprend ici qu’il s’agit des référendums d’initiative populaire, pour ne pas les nommer.

Pour sa part, Elizabeth Larouche est nommée ministre déléguée aux Affaires autochtones. Celle-ci devra supporter les premières nations du Québec dans leur développement économique, social et culturel et établir des relations de “nation à nation”. « Depuis plus de 400 ans, la nation québécoise cohabite sur l’immense territoire qui est le nôtre avec les Premières Nations. Nos relations ont parfois été difficiles, mais souvent fructueuses. La règle d’or pour des relations harmonieuses entre nos nations est simple et se résume en un mot : respect », a avancé Mme Marois.

L’économie

L’économiste Nicolas Marceau hérite du  ministères des Finances et de l’Économie. Pauline Marois dressé les lignes du mandat qu’elle lui donne: remettre de l’ordre dans nos finances publique, réviser le mandat de la Caisse de dépôt et placement, « donner de l’oxygène aux familles de la classe moyenne » , ainsi que défendre avec fermeté les intérêts économiques et financiers du Québec face à Ottawa.

Pour sa part, Élaine Zakaïb viendra seconder M. Marceau et obtient le poste de ministre déléguée à la Politique industrielle et à la Banque de développement économique du Québec. Elle devra entre autres créer la Banque de développement économique du Québec, et  mettre en œuvre une stratégie visant à augmenter de façon significative la productivité des entreprises québécoises.

Pascal Bérubé agira en tant que ministre délégué au Tourisme. Il devra contribuer à  « faire du Québec une destination de choix pour les touristes du monde entier », a indiqué Pauline Marois.

Stéphane Bédard accède au poste de président du Conseil du Trésor, de même que celui de ministre responsable de l’Administration gouvernementale et leader parlementaire. Il devra débusquer les sources d’inefficacité et de gaspillage pour utiliser à bon escient l’argent public, libérer les employés de l’État des rigidités administratives, et le rôle ingrat de « tenir les cordons de la bourse très serrés pour limiter la croissance des dépenses publiques. »

Sylvain Gaudreault devient quant à lui ministre des Transports et ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoireGaétan Lelièvre devient ministre délégué aux Régions, de même que responsable de la Politique nationale de la ruralité.

L’éducation

Le Ministère de l’éducation, des loisirs et du sport se voit désormais scindé en deux: un nouveau ministère sera dédié à l’enseignement supérieur et à la recherche. Cela vient réaffirmer l’importance qu’accorde Pauline Marois au dossier de l’éducation.

C’est l’ex-journaliste de Radio-Canada Pierre Duchesne qui obtient le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie. Dès le départ, Pauline Marois lui a ordonné d’annuler la hausse des frais de scolarité prévue par le PLQ et de préparer le sommet sur l’enseignement supérieur qu’elle avait promis. On comprend donc qu’il sera l’interlocuteur du gouvernement lors d’éventuelles discussions avec les associations étudiantes.

Marie Malavoy devient quant à elle la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport. Parmi les défi qui l’attendent, notons la réduction du décrochage scolaire et l’instauration de la maternelle à quatre ans pour les enfants des milieux défavorisés.

À titre indicatif, Léo Bureau-Blouin obtient le titre d’ajoint parlementaire officiel de la Première Ministre pour les dossiers sur la jeunesse. « Dans les derniers mois, un fossé a pu apparaître entre les générations et ce serait dommage d’en rester là. Ensemble, nous veillerons à rassembler les générations pour forger une nouvelle alliance dans laquelle la jeunesse québécoise prendra toute la place qui lui revient », a affirmé Pauline Marois.

La santé et les services sociaux

Le ministère de la santé se retrouve lui aussi avec deux ministres. Tout d’abord, Réjean Hébert se retrouve ministre de la  Santé, des Services sociaux et responsable des Aînés. Il devra à ce titre implanter une politique nationale de soins à domicile pour les aînés en créant un régime d’assurance autonomie afin de désengorger une partie du réseau de première ligne et réduira le temps d’attente. Il aura aussi à s’assurer que tous les Québécois aient un médecin de famille d’ici quatre ans.

Véronique Hivon accède au poste de ministre déléguée à la Santé publique et à la Protection de la jeunesse. Elle s’occupera du volet “prévention”, entre autres en développant une politique de prévention et de saines habitudes de vie. Elle supervisera aussi les services sociaux.

L’environnement

Sans surprise, Daniel Breton a été nommé ministre du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs. Il devra à ce titre s’assurer que le Québec face sa part dans la lutte aux changements climatiques et de le préparer à ces changements. Scott McKay appuiera Daniel Breton dans sa tâche, en tant qu’adjoint parlementaire pour les dossiers de la faune et des parcs.

De son côté, Martine Ouellet devient ministre des Ressources naturelles. Son mandat sera imposant: elle devra proposer un nouveau régime de redevances minières, maximiser la transformation de nos ressources naturelles sur le territoire Québécois, s’assurer que le développement du nord québécois soit basé sur une approche respectueuse des populations locales et des nations autochtones, redéfinir la politique énergétique du Québec, de sorte à réduire les importations de pétrole qui gonflent le déficit commercial du Québec et à les remplacer par l’énergie d’ici.

Martine Ouellet devra aussi gérer le dossier épineux de la centrale nucléaire Gentilly-2 qui sera fermée. Pauline Marois y va d’audace en souhaitant que « l’expertise développée dans le domaine du reclassement de centrales nucléaires devienne un créneau d’excellence exportable. » À ce sujet, cet article publié il y a quelques années devrait vous éclairer davantage.

Par ailleurs, François Gendron, en plus de son rôle de vice-premier ministre, s’occupera du ministère l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation. Il sera chargé entre autres de mettre en oeuvre une politique de souveraineté alimentaire. Durant la nomination de Gendron, Pauline Marois en a profité pour faire la promotion des produits de sa région, soit le veau de Charlevoix. Un clin d’oeil aux électeurs de Charlevoix-Côte de Beaupré, qu’elle représente en plus de son poste de Première Ministre.

L’emploi et la famille

Agnès Maltais accède au titre de ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, et ministre responsable de la Condition féminine et de la région de Québec. Elle devra accélérer la formation des travailleurs pour leur permettre de prospérer et de combler l’importante pénurie de main-d’œuvre spécialisée qui se dessine et qui freine l’enrichissement des personnes comme de la collectivité. Elle s’occupera aussi de la politique du Parti Québécois en matière de lutte contre la pauvreté et devra s’organiser pour que l’égalité entre les femmes et les hommes devienne une réalité concrète.

Nicole Léger dirigera le ministère de la Famille. Pauline Marois a promis de la talonner pour que chaque enfant ait une place en garderie d’ici quatre ans.

La justice

Bertrand St-Arnaud s’occupera du ministère de la Justice. «Dans une société de droit, l’intégrité de la justice doit être sans faille. Je vous demande d’administrer la justice avec cette rigueur qui vous caractérise, a affirmé Pauline Marois. Je vous demande aussi de rendre le système de justice plus accessible aux citoyens et plus humain pour les victimes. N’hésitez pas à faire preuve de sévérité. Soyez ferme, soyez humain, soyez juste»

Stéphane Bergeron devient ministre de la Sécurité publique. Il aura comme mandat de poursuivre la lutte pour rapatrier les données du registre fédéral des armes à feu, aboli par les Conservateurs il y a quelques mois. Pauline Marois a aussi indiqué que « nous ne devons pas avoir pour but de remplir les prisons. Nous avons cependant le devoir d’assurer la sécurité des personnes et des biens. »

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