Le vendredi 18 novembre 2011

PolitiqueQuébec

Commission Charbonneau: les sceptiques avaient raison…

La juge Charbonneau n'a pas d'autre choix que de se désister

La corruption au royaume du Parti Libéral du Québec ]

Par Richard Le Hir

Sans même préjuger de l’indépendance réelle de la juge Charbonneau, le simple fait qu’elle soit mise en cause aussi publiquement et aussi directement constitue une apparence du contraire. La corruption a gagné les plus hauts niveaux de l’État et il ne s’agit plus simplement de l’industrie de la construction.

Il y a des jours où l’on aimerait presque ne pas savoir lire. Ce que l’on apprend dans une série de trois articles dans La Presse de ce matin est absolument consternant, et vient donner raison aux sceptiques qui me reprochaient mon enthousiasme et ma naïveté à l’annonce de la transformation de la Commission Charbonneau en véritable commission d’enquête.

Ayant connu la juge Charbonneau sur les bancs de la faculté de droit à l’Université de Montréal au début des années 1970, j’avais gardé d’elle le souvenir d’une personne indépendante d’esprit, voire même frondeuse, aux idées progressistes. Le genre de personne qu’on ne manipule pas facilement. Or, s’il faut en croire l’équipe des enquêteurs de La Presse, il semble que les espoirs que je fondais dans sa nomination n’étaient pas justifiés, et je m’empresse de transmettre mes plus plates excuses à ceux que j’ai injustement taxés de cyniques.

À lire les articles de la Presse, il est bien évident que son équipe a eu accès à des sources « très bien informées », comme on dit en journalisme, et que ces sources sont largement issues des milieux policiers. Et quand on décode leur message, il n’est pas rassurant. En fait, il se trouve à confirmer, exemple à l’appui, le message que nous avait déjà livré Jacques Duchesneau dans son rapport récent : la corruption a gagné les plus hauts niveaux de l’État et il ne s’agit plus simplement de l’industrie de la construction.

Et aujourd’hui, nous apprenons en outre que le gouvernement Charest multiplie systématiquement les entraves pour empêcher la police de mener ses enquêtes à terme et de mettre en cause les pouvoirs politiques.

Pour la Commission Charbonneau, la nouvelle qu’elle pourrait ne pas être totalement indépendante et à l’abri des intrusions du pouvoir politique est l’équivalent d’un arrêt de mort. Car non seulement le pouvoir judiciaire doit-il effectivement avoir cette indépendance, mais encore est-il absolument nécessaire que toutes les apparences soient à cet effet.

Or sans même préjuger de l’indépendance réelle de la juge Charbonneau, le simple fait qu’elle soit mise en cause aussi publiquement et aussi directement constitue une apparence du contraire. Dans ces conditions, la juge Charbonneau n’a pas d’autre choix que de se désister.

Si elle choisissait de rester en poste, sa conduite de l’enquête et les conclusions auxquelles elle parviendrait seraient fatalement entachées de doute, et c’est bien la dernière chose dont la société québécoise a besoin aujourd’hui. Le but d’une commission d’enquête est de rétablir la confiance, et non de renforcer le sentiment chez la population que le système est pourri.

Une fin triste, mais nécessaire.

3 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Jean Rousseau Le 19 novembre 2011 à 12h13

    Les entrailles de la perception

    Dans une récente publicité, Amnistie nous faisait prendre conscience que la diffusion de l’information sensibilisait les populations et dès lors, avait tendance à créer une gêne salutaire chez les tortionnaires dignes à stopper ces derniers.

    Mais cela, c’est sans compter l’influence de fins facteurs (le conformisme ou la soumission à l’autorité) qui empêcheront l’éveil dans des contextes particuliers. Regardons ça de plus près.

    L’intelligence constitue la faculté analytique confinée à l’horizontale, tandis que la conscience définit la capacité de s’extirper des cadres. Ainsi, une personne même surdouée pourrait très bien assembler un casse-tête prestement, mais être incapable de s’apercevoir du caractère injuste de faire enquêter par leurs pairs des policiers impliqués dans des meurtres. Et cela, même si elle est en mesure de saisir le bien-fondé du principe fondamental de la justice qui atteste que l’on ne peut pas être juge et parti.

    Devant l’autorité, le mode raisonnable laissera place (chez la plupart) à une simple mise en rangs à l’égard des valeurs dominantes (par besoin de sécurité). Le système d’éducation actuel sait instruire les jeunes, mais non de les rendre conscients. Tout semble être fait pour maintenir les régimes en place en s’assurant que les élèves n’atteignent pas les stades de maturité critiques qui permettraient l’amélioration de la situation. L’avancement supposerait que les personnes matures se joignent afin de pouvoir propulser vers le haut les pauvres mortels.

    Jean Rousseau
    Consultant à L’Institut du jugement
    Courriel : ijugement@live.ca

  2. 2 Jean-François Laforest Le 20 novembre 2011 à 20h46

    Même si Mme Charbonneau n’est pas mon choix pour ce poste ,je trouve cet article vide d’argument envers la crédibilité de celle-ci.

  3. 3 Jr Tremblay,CD,SSM Le 17 mai 2012 à 9h53

    Pour ma part tout est controller par le gouvernement justice/police/media surtout par la peur d’amende et de prison et de matraque de police maintenant pour la juge qui la nommé juge si pas le gouvernement certainement pas moi pour finir pourquoi pas avoir demander a l’ex juge mme Ruffo la corruption va toujours excité au sein de notre gouvernement la loi les protéges contre leurs honnete contribuables

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Article original: Vigile.net - Richard Le Hir

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Profil: Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)

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Fiche de l'article

Cet article de 425 a été rédigé par Richard Le Hir il y a 12 ans et 5 mois, le vendredi 18 novembre 2011.

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