Le mercredi 27 avril 2011

PolitiqueQuébec

Thomas Mulcair, le ténor du NPD au Québec, n’est pas celui que l’on croit

Thomas Mulcair travaille pour affaiblir la Loi 101... C'est ça, se tenir debout?

CanadaL'indépendance du QuébecL'état de la langue française ]

Par SSJB

Comme c’est le cas de tous les partis fédéralistes, la défense du français du NPD est un miroir aux alouettes. Il faut dire que le seul député du NPD au Québec, Thomas Mulcair poursuit un parcours politique pour le moins sinueux, et particulièrement en ce qui concerne la question linguistique.

On peut comprendre que certains tenants de la gauche pour qui l’indépendance et l’avenir du français au Québec sont des objectifs secondaires soient tentés de voter pour le NPD. Mais il faut bien réaliser que ce parti, tout comme les autres partis fédéralistes, prétend réaliser la quadrature du cercle, c’est-à-dire favoriser l’autonomie du Québec sans changer le cadre fédéral, lequel implique la subordination de la Nation québécoise à la majorité canadienne-anglaise.

Le NPD a tenté de se montrer favorable à la défense du français en appuyant le projet de loi du Bloc Québécois qui exigeait que la loi 101 soit respectée par les institutions fédérales, de la même façon que la loi sur le salaire minimum est respectée par les institutions fédérales. Puis il s’est dissocié de ce projet de loi en reprenant l’argumentation des libéraux. Les néo-démocrates ont proposé un autre projet de loi alambiqué et amoindri pour ne pas indisposer la majorité canadienne-anglaise. En vertu du projet de loi du NPD, les entreprises sous juridiction fédérale devaient répondre au code canadien du travail légèrement amendé plutôt qu’à la loi 101. Thomas Mulcair a même accusé les bloquistes d’avoir intentionnellement voulu rendre son projet de loi inacceptable en s’attaquant à la sacro-sainte Loi fédérale sur les langues officielles.

Dans la bataille contre les écoles-passerelles, M. Mulcair a fait mine d’être outré par le jugement de la Cour suprême invalidant la loi 104. Le NPD a accepté de faire partie de la Coalition contre la loi 103, mais en précisant être contre l’utilisation de la clause dérogatoire. Par la suite, il s’est dissocié de la principale revendication de la Coalition, soit d’appliquer la loi 101 aux écoles privées.

Comme c’est le cas de tous les partis fédéralistes, la défense du français du NPD est un miroir aux alouettes. Il faut dire que le seul député du NPD au Québec, Thomas Mulcair poursuit un parcours politique pour le moins sinueux, et particulièrement en ce qui concerne la question linguistique. Il a été le directeur des affaires juridiques du groupe de pression anglophone Alliance Quebec qui visait à affaiblir l’application de la loi 101, après avoir bénéficié d’un emploi où il était payé pour la défendre comme avocat au Conseil de la langue française. Il est ensuite devenu un député libéral férocement fédéraliste pour changer de nouveau de parcours et assumer le rôle de lieutenant débonnaire du NPD au Québec.

Ni le NPD ni aucun des partis fédéralistes ne dénonce le fait que la loi 101 a été charcutée dans tous ses secteurs d’application par la Cour suprême, dont tous les juges sont nommés par le gouvernement fédéral, par des programmes fédéraux qui imposent le bilinguisme et par des groupes de pression anglophones financés par Ottawa. Et ces attaques ont été décuplées par le biais de la constitution de 1982 imposée de force par les députés du Canada anglais (incluant le NPD) avec l’appui des 74 députés libéraux fédéraux du Québec.

Le gouvernement fédéral intervient de plus en plus lourdement pour affaiblir le français au Québec. Les subventions fédérales favorisent systématiquement les institutions anglophones au Québec. Un rapport du Comité sénatorial du Canada sur les langues officielles proposait récemment d’intensifier l’ingérence fédérale pour appuyer les communautés anglophones du Québec. Ce rapport a été dénoncé par le Bloc mais tenu sous silence par le NPD et les autres partis fédéralistes.

Le gouvernement du Canada anglais continue à commanditer à coup de millions de dollars les groupes de pression anglophones comme le Quebec Community Group Network (QCGN), successeur d’Alliance Quebec, ou encore des organismes de propagande comme l’Association des études canadiennes. Nous aimerions bien en entendre davantage sur ce que tous les partis fédéraux ont à dire à cet égard.

En fait, au moment où le français est menacé plus que jamais dans la grande région montréalaise et où il ne reste que 2,5 % d’usagers du français dans le Rest Of Canada: il est crucial de ne pas affaiblir la représentation du Québec à Ottawa. Pour exister et vivre en tant que peuple, les Québécois n’ont d’autre choix que de réaliser collectivement leur indépendance ou d’accepter leur assimilation lente et inexorable.

2 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Jean Rousseau Le 27 avril 2011 à 14h50

    LA QUADRATURE DU CERCLE

    “Pour exister et vivre en tant que peuple, les Québécois n’ont d’autre choix que de réaliser collectivement leur indépendance ou d’accepter leur assimilation lente et inexorable” (M. Beaulieu).

    ” (NPD) ….ce parti, tout comme les autres partis fédéralistes, prétend réaliser la quadrature du cercle, c’est-à-dire favoriser l’autonomie du Québec sans changer le cadre fédéral, lequel implique la subordination de la Nation québécoise à la majorité canadienne anglaise ” (M. Beaulieu).

    L’auteur fait preuve de rigueur dans son investigation et sa communication. Pourtant de lointains signaux m’avertissent qu’il se méprend sur ses fondements. Il ne parvient pas (à l’égal de tous d’ailleurs) à entrevoir l’issue qui s’imposera comme unique au penseur. Une souveraineté (pour toutes les provinces) dans le cadre d’une fédération innovatrice. Laquelle solution mettrait à mal les arguments cités.

    Autant les fédéralistes que les indépendantistes font face à un dilemme qui les paralysent depuis des lustres, tel qu’il en serait d’un individu resté accroché à un amour irrésistible mais impossible. Rajoutez à cela le facteur du conformisme et vous comprendrez entièrement leur enserrement. La psychologie cognitive avancée vous apprendrait que la plupart sont de bonne volonté, mais demeurent prisonniers du contexte (telle l’Africaine qui s’acharne à vouloir faire exciser le clitoris de sa fillette). La meilleure façon de les aider en ce moment serait de les ramener constamment à cette réalité bien trempée.

    Par contre ces stratégies inadéquates (la soumission à l’autorité ou cet autre aveuglement décrit ci-dessous) nous acheminera à l’extinction assurément. Comment ne pas s’apercevoir (en cas d’un référendum gagnant) que les Anglais pourraient nous traiter semblablement aux Acadiens de jadis?

    Jean Rousseau, B. Ps
    Fondateur de la métaScience (l’art de réfléchir sur ses réflexions)
    Service de correction aux effets indicibles sur la liberté
    Courriel : jeanrousseau1956@live.ca

  2. 2 Yves Claudé Le 8 mai 2011 à 17h51

    L’alliance NPD-QS: ou la trahison à venir … !

    La victoire que souhaite le PQ est loin d’être assurée. Il est possible que les prochaines élections au Québec soient, du fait du scrutin à un tour, un sombre traquenard, plutôt qu’un processus démocratique: plusieurs éléments nous permettent d’envisager un scénario qui reconduirait au pouvoir un gouvernement Charest pourtant rejeté par la grande majorité de la population.

    En effet, on a pu constater que dans les élections précédentes, des petits partis comme Québec solidaire ont pu efficacement diviser le vote progressiste pour contribuer à la réélection du Parti libéral du Québec.
    Le pouvoir de nuisance de Québec solidaire, soit-disant “indépendantiste”, sera augmenté par le fait qu’un bon nombre de ses militants se sont investis dans le NPD, contribuant à la victoire d’un parti fédéraliste: il faut s’attendre à un “retour d’ascenseur” du NPD au profit de QS.
    Par ailleurs, on voit déjà des militants de QS se mettre en ligne pour faire partie des 150 permanents rémunérés du NPD-Québec. Ces militants ont généralement une expérience orgnisationnelle que les nouveaux venus de la vague “orangiste” n’ont pas.
    On aurait donc, dans l’échiquier politique québécois, non pas un support du Bloc (décimé) au PQ, mais une machine de guerre fédéraliste (NPD-QS) prête à la mise en oeuvre de toutes les stratégies … pour barrer la route au PQ. Je ne crois pas que les citoyens qui ont voté NPD en espérant des mesures sociales qu’ils n’auront pas (Harper ayant le pourvoir absolu), aient voté pour introduire au Québec un “cheval de Troie” fédéraliste !

    Ce possible détournement d’un processus démocratique déjà fort imparfait, bloquerait toute voie légale à l’expression politique de la nation québécoise, et ne laisserait aux citoyens que la rue comme lieu d’institutionnalisation du pouvoir. Il serait à prévoir que, comme d’habitude, l’armée canadienne soit appelée pour écraser une expression politique extra-parlementaire.

    Au lieu des larmes de crocodile de Monsieur Amir Khadir à propos de la défaite historique du Bloc québécois, il serait intéressant qu’il nous livre très honnêtement son point de vue sur la position exprimée, avant même les élections, par deux militants indépendantistes de son parti:
    «On com¬prend les électeurs de gauche au Québec qui sont ten¬tés de voter pour Jack et ses can¬di¬dats. Mais atten¬tion ! Le sig¬nal pro¬gres¬siste qui sera envoyé en votant NPD pour¬rait être per¬verti si cela affaib¬lit l’opposition à Harper. Une défaite impor¬tante pour le Bloc serait une vic¬toire non seule¬ment pour Harper mais pour l’ensemble des dom¬i¬nants au Canada. » (François Cyr et Pierre Beaudet, «La question du NPD», Les Nouveaux Cahiers du Socialisme, 25 avril 2011; http://www.cahiersdusocialisme.org/2011/04/25/la-question-du-npd/).

    L’offensive appréhendée d’une “cinquième colonne” de “phalangistes” fédéralistes contre la démocratie et contre la nation québécoise ne sera victorieuse que si elle n’est pas combattue avec stratégie et détermination. C’est pourquoi je crois que la vigile nationale doit se faire partout, y compris au sein du NPD.

    Yves Claudé – sociologue

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