Menaces de bruler le Coran: des voix s’élèvent contre le pasteur Terry Jones

Des leaders politiques et religieux des Etats-Unis ont dénoncé le projet d’un pasteur de Floride de brûler quelque 200 exemplaires du Coran au 9e anniversaire des attentats terroristes du 11 septembre 2001. Dans une intervention sur la chaine de télévision CBS, le pasteur évangéliste Terry Jones s’est dit déterminé à exécuter son projet en dépit des appels de l’administration Obama.

La secrétaire d’Etat Hillary Clinton a condamné ce projet. Le point de vue de l’administration Obama a été souligné par le porte-parole du département d’Etat, P.J. Crowley. « Nous pensons qu’il s’agit d’actes provocateurs et intolérants ; ils sont irrespectueux et sèment la discorde, et nous sommes conscients que nombre de voix se sont élevées pour rejeter ce que ce pasteur et cette communauté se proposent de faire », a déclaré Crowley.

Des religieux chrétiens et juifs se sont joints, mardi, aux leaders de la Société islamique d’Amérique du Nord pour une réunion d’urgence sur la question.

« En tant leaders religieux de ce beau pays, nous nous sommes réunis dans la capitale de notre nation pour dénoncer catégoriquement la dérision, la désinformation et l’intolérance flagrante dont est l’objet la communauté musulmane », a déclaré le pasteur baptiste Gerald Durley, qui s’exprimait au non du groupe.

L’archevêque de Washington, le cardinal Theodore McCarrick, a dit, de son côté, qu’il veut que la communauté internationale comprenne que les Etats-Unis ont été bâtis sur le principe du respect mutuel. Les leaders religieux condamnent la profanation de tout livre saint, a dit de son côté, la rabbine Nancy Fuchs-Kreimer.

Par ailleurs, des leaders musulmans ont rencontré Eric Holder, le ministre américain de la Justice. Ce dernier a condamné le projet de brûler le Coran en Floride, a dit Farhana Khera, la présidente du groupe. « Pour citer le ministre de la Justice, il a dit que le projet de Gainesville de brûler des exemplaires du Coran est idiot et dangereux », a-t-elle déclaré.

Les musulmans américains doivent montrer au monde que toutes les religions coexistent pacifiquement, estime, pour sa part, Ingrid Mattson, présidente de la Société islamique d’Amérique du Nord. « Les musulmans américains ont une capacité unique à être un pont et à montrer à ceux des musulmans ne vivant pas dans cette sorte de liberté qu’une atmosphère ouverte, pluraliste, où diverses religions coexistent, peut être vraiment une bonne chose pour tous », a déclaré Mme Mattson.

Parmi les réactions mondiales, celle du Vatican, qui estime que brûler le Coran constituerait « un geste de grave offense envers un livre considéré comme sacré par une communauté religieuse. « Toute religion, ses livres sacrés, ses lieux de culte et ses symboles, ont droit au respect et à la sécurité », souligne une déclaration du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux.

Des représentants des églises chrétiennes d’Indonésie, le pays musulman le plus peuplé au monde, disent qu’elles redoutent « des tensions » si des exemplaires du Coran sont brûlés ; un acte qui « nous ramènerait au Moyen-Age et constituerait un acte contre la civilisation », a expliqué le président de l’Union des églises chrétiennes protestantes d’Indonésie, que cite l’AFP.

En Afghanistan, plusieurs centaines de manifestants, essentiellement des étudiants d’écoles religieuses ont protesté contre le projet de brûler le Coran en Floride. Les manifestants scandaient notamment « Mort à l’Amérique, nous demandons à l’Amérique de cesser de profaner notre livre saint. »

Condamnations également en Egypte où l’un des principaux responsables d’Al-Azar a appelé le président Obama à bloquer le projet du pasteur Jones. Un haut responsable des Frères musulmans a dit, de son côté, que brûler le Coran va accroître la haine envers les Etats-Unis dans le monde musulman.

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