Le samedi 9 mai 2009

QuébecÉconomie

Pour en finir avec la péréquation

Canada ]

Par Jean-Claude Pomerleau

Le Québec n’a rien à gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. Au contraire il a tout à perdre, à commencer par sa dignité et sa capacité de se doter d’une stratégie d’État cohérente pour son développement.

Depuis trop longtemps, on nous brandit le fait que la Québec dépend du programme de la péréquation (8 milliards de dollars) versé par Ottawa pour vivre; autrement il ne pourrait s’offrir tous les programmes sociaux que lui envie le ROC. Cet affirmation est trompeuse car elle ne tient compte que d’un poste budgétaire qui laisse croire que le manque à gagner serait de l’ordre de 8 milliards si le Québec se retirait de la fédération. Alors que pour avoir une idée exacte de ce bilan il faut évidemment prendre en compte l’ensemble des flux d’argents entre Québec et Ottawa.

Voici une des rares études (STATCAN, 2004) qui en fait un bilan un peu plus précis compte tenue des limites de la méthode et de la complexité du sujet: Revenus et dépenses de l’administration fédérale selon la province : qui sont les gagnants et les perdants dans la Confédération? Conclusion: le Québec tire un avantage de 2,1 milliards de dollars de la fédération (soit 281$ par personne). On est donc loin du 8 milliards qu’on nous brandit comme argument massue pour nous maintenir dans ce système dysfonctionnel qu’est le fédéralisme!

Compte tenue du fait que, le Québec épargnerait 3 milliards de dollars en coûts de dédoublement s’il quittait la fédération, il n’y a donc rien a gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. Et tout a perdre, a commencer par la dignité. Et la possibilité de se doter d’une stratégie d’État cohérente à partir du contrôle de l’ensemble de nos capacités d’agir. Bref, cette politique de la mendicité nous empêche de passer du statut de demi-État annexé, limité dans ses capacités d’agir, a celui d’État optimal; nous permettant de rejoindre le club des pays les plus performant au monde en matière de création et répartition de richesse: les pays d’Europe du Nord.

Selon cette même étude, les 2 grands perdants de la péréquation sont l’Ontario (20 milliards) et l’Alberta (8 Milliards); justement ceux qui sont les plus durement touchées par la crise actuelle. L’Ontario a déjà perdu 300 000 emplois manufacturiers, et se dirige vers 500 000. C’est la base de sa prospérité qui s’érode ainsi et qui, en grande partie, ne reviendra plus. Cette province jadis le moteur économique du Canada sera méconnaissable a la fin de la crise. Pas étonnant que cette province veule rétablir l’équité dans la fédération.

Entre autres mesures, la contestation en cour de la constitutionnalité de la péréquation et la renégociation des termes de l’assurance-emploi qui lui sont actuellement défavorables; l’Ontario menace même de mettre son propre programme en place se elle n’obtient pas les correctifs désirés. L’Alberta dépend du prix du pétrole, qui doit dépasser 70-80$ (coût de revient), pour assurer sa prospérité. La baisse de la demande due à la crise a fait tomber ce prix autour de 50$; conséquence des investissements de 45 milliards de dollars sont soit gelés, remis à plus tard ou abandonnés. Une baisse prolongé des prix du brut mènera a l’effondrement économique de cette province.

Dans ces circonstances d’une crise qui s’annonce plus longue que prévue (Banque du Canada et FMI), il devient de moins en moins tolérable pour ces deux provinces de contribuer plus qu’elles ne reçoivent de la fédération; surtout si elles perçoivent que le grand gagnant du système est le Québec! D’où la remise en question de la péréquation dont a fait échos The National Post. Proposition avec laquelle M. Camil Bouchard est d’accord.

Enfin une bonne nouvelle, le Parti Québécois vient de comprendre que le Québec n’a rien à gagner à pratiquer une politique de la mendicité envers Ottawa. A-t-il compris que la remise en question du programme de la péréquation, le ciment de la Constitutions canadienne, ouvre de nouvelles perspectives pour le Québec; laissant entrevoir la fin du Canada de Trudeau et la possibilité de sortir enfin de la cage à castors canadienne dans la dynamique que cela créerait. Une bonne raison pour en finir avec la péréquation.

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  1. 1 Abdul-Rahim Le 9 mai 2009 à 10h35

    Cela n’est pas une question de piastres, c’est une de la classe. La classe qui dirige le mouvement indépendantiste, soit-il ouvrière ou bourgeoise, va décider quel chemin le Québec va suivre.

    La confédération canayenne est une barrière au développement du Québec, bien-sûr, mais pas dans la manière souvent pensée. La confédération défendent les capitalistes canadiens et impérialistes dans l’épreuve pour mieux extraire les profits.L’état indépendante du Québec, dirigé par la bourgeoisie native, ne fera rien différent, à mon avis.

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Cet article de 652 a été rédigé par Jean-Claude Pomerleau il y a 14 ans et 11 mois, le samedi 9 mai 2009.

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