Le samedi 2 septembre 2006

QuébecSociété

Le Vieux Miracle: le Québec de demain

L'indépendance du Québec ]

Par Marie-Claude

Voici une nouvelle écrite pour le concours de nouvelles de Limoilou, mais qui ne fût jamais publiée. Le sujet du concours était: “Où serez-vous dans 10 ans?”

Voici une nouvelle écrite pour le concours de nouvelles de Limoilou, mais qui ne fût jamais publiée. Le sujet du concours était: “Où serez-vous dans 10 ans?”

Le Vieux Miracle

Claude sent la sueur rouler sur ses tempes, un cri résonne dans son appartement au plafond haut, une goutte de sang s’écrase sur le plancher immaculé, ses mains tremblantes taponnent dans une viscosité irréelle. Il sent ces gens impatients de l’autre coté de la porte de bois massif. Jetant un oeil par la fenêtre qui donne sur l’escalier en colimaçon, il revit en un éclair les dernières années de sa vie… Oui, bien des choses avaient changées.

Ce n’est pas si loin pourtant, tous les évènements avaient convergé comme pour donner à sa société la révélation tant attendue par l’humanité. C’était l’époque où son père avait perdu son boulot à la Stadaconna, lui laissant en échange un cancer généralisé. La direction avait pointé la concurrence internationale et la restructuration de la division de la compagnie qui avait été acheté par Kruger International. Il avait terminé son DEC en sciences humaines au cégep de Limoilou « campus Québec », mais refusait de rentrer à l’Université Laval… Il avait vécu cette grève historique où 150 000 étudiants avaient fait reculé le gouvernement Charest sur la coupure dans les prêts et bourses. Il avait vu Saint-Roch se privatiser au nom de la revitalisation, exposant les injustes écarts économiques de la ville qui s’enracine comme une gangrène inévitable dans ce temps d’ouverture des marchés planétaires.

Nouvel adulte qui arrivait dans le choc démographique qui imposait un remboursement de la dette de sa province-pays, avec une façon incompréhensive de gérer son avenir et sa vie. Il se rappelle les millions de rencontres de groupes altermondialises auxquelles il participait, partagé entre l’espoir utopiste de mettre sur pied un monde meilleur, l’individualisme que lui imposait la patente, cette rage de contrôler sa vie, le dégoût du mot « exploitation » mais surtout le sentiment d’être perdu en tant que citoyen. Dans le temps, il se sentait qu’un petit pion sur l’échiquier des maîtres du monde. Les babyboomers étaient partis à la retraite, emportant du même coup l’expérience qu’ils avaient pour créer une nouvelle société. Sa génération, il le sentait, était coincée dans la spirale machiavéliquement montée de toutes pièces pour ne les réduire qu’au rôle de consommateurs de cochonneries « made in China ».

Dans son quartier numéroté à la façon anglaise, l’effervescence était palpable. Les rassemblements citoyens comptaient de plus en plus de gens dans les rangs, au nom de revendications de bases comme l’accès à l’eau gratuitement, le logement accessible au travers des condos de luxes qui pavaient la 1ere avenue, et surtout la qualité de l’air, les épisodes de smog se produisant même en hiver.

Les gens s’autoéduquaient, prenaient conscience de la manipulation dont ils étaient victimes, des débats officieux se déroulaient même dans les bus 800 et 801. Le comité politique du cégep, dans lequel il avait milité pendant ses études, comptait plus de 75 personnes, bien que la direction du cégep, prônant un élitisme, ait supprimé l’accès à des locaux permanents pour tous les groupes étudiants.

Tout s’est déroulé au printemps 2012, lors de la sixième assemblée annuelle générale du quartier tenue dans la plus grande église qui n’avait pas encore été achetée et transformée en résidences de luxe. Son père était décédé la veille. Tous étaient là, ils savaient maintenant quelle sorte de système proposer, et ce, sans violence. Cette forme de démocratie participative et délibérative, qui remettait la responsabilité entre les mains du citoyen, parallèlement au système traditionnel représentatif. Ils avaient souvent pratiqué les assemblées cognitives, où chacun avait sa part de droit et de devoir. Les gens avaient informellement créé l’énergie où puisait cette confiance sociale. Les témoignages, pour la toute première fois, de plusieurs personnes très âgées ainsi que le réseau déclaré officiel avec les populations autochtones de différentes régions leur avaient donné le courage d’agir. Environ 450 personnes s’étaient donc levées, frappant respectueusement aux portes de ceux qui ne s’étaient pas encore joints officiellement au mouvement d’émancipation pour les inviter. Ils ont ratissé la ville au complet pour terminer 350 000 personnes devant l’assemblée nationale… S’en est suivie la plus importante grève générale de l’Amérique du nord. Tel un WoodStook politique, il s’est spontanément créé différentes structures sur le gazon de la colline parlementaire. Les débats fusaient de toutes parts, chacun pouvant apporter son avis et voter sur la nouvelle constitution qui s’écrivait par le peuple.

Mais bien sur, la résistance des hauts pouvoirs s’est rapidement fait sentir. L’armée dépêchée sur les lieux ne pouvait qu’encadrer physiquement le processus, l’ébullition cérébrale et émotionnelle débordant de partout…

Les dents serrées, Marie poussa une dernière fois, laissant le soin à son mari de souhaiter la bienvenue à leur quatrième enfant. Claude avait bâtit un monde pour le petit Adam, qu’il s’empressa de glisser sur le ventre de sa mère. Leur amis et voisins entrouvrirent la grande porte de bois, s’assurant que le moment de fêter un autre miracle était enfin arrivé.

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Cet article de 862 a été rédigé par Marie-Claude il y a 17 ans et 7 mois, le samedi 2 septembre 2006.

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