Le jeudi 5 février 2009

QuébecÉconomie

De la privatisation d’Hydro Québec

Par Alek_47

Malgré toutes mes bonnes intentions, je dois me résoudre a écrire que je suis contre la privatisation totale d’Hydro-Québec avant même d’arriver à ma conclusion. L’énergie est le sang qui coule dans les veines de nos économies avancées, elle est trop importante et stratégique pour la laisser dans les mains de personnes qui n’ont pas le bien public comme premier intérêt.

Ça fait déjà plusieurs heures que j’essaie de trouver une belle introduction et un patron de texte cohérent pour vous discuter de mon idée sur la privatisation d’Hydro Québec (HQ). Malgré toutes mes bonnes intentions, je dois me résoudre a écrire que je suis contre la privatisation totale avant même d’arriver à ma conclusion. Pas trop scientifique je sais, but who’s asking me to be on that way?

L’idée de privatiser HQ est l’un de ces fantasmes de droite qui perdure depuis que je connais celle-ci et son evil twin, la gauche. Les études qui ont portés là-dessus ont toutes démontrées que l’économie québécoise s’en tirerais mieux. La dernière en date, de l’Institut économique de Montréal (IEM), parle même d’un retour de 10 millards de dollars chaque année, soit près de 3% de plus sur le PIB ou 1430$ de plus par habitant. WOW, c’est impressionnant et ça, c’est sans parler des retombées sur l’environnement par la diminution du gaspillage.

Honnêtement, je trouve ces chiffres très intéressants et je me dis que ça pourrait être un bon coup pour le Québec. Sur papier tout semble bien. Le problème, c’est que c’est simplement sur papier, la privatisation des corporations étatiques d’énergie au travers le monde à un bilan mitigé. Certaines, comme en Alberta ou dans plusieurs pays d’Europe, se sont déroulées sans anicroches alors que d’autres, comme en Ontario ou en Californie n’ont pas tenues toutes leurs promesses.

Les 2 plus gros problèmes que doit surmonter le secteur privé dans le domaine énergétique électrique sont le financement de grands travaux et la gestion des prix.

Le premier est facile à comprendre quand on regarde les coûts d’infrastructures gigantesques de certains travaux. Il est vrai que la construction d’éoliennes ou de centrales au gaz sont de coûts raisonnables, mais leur apport énergétique est soit trop faible ou environnementalement insoutenable. Il faut donc développer un noyau de production de grande capacité et cela veut dire des centrale hydrauliques et/ou nucléaires. Peu d’entreprises privées peuvent se permettent de telles aventures et l’État doit souvent consentir d’immense prêts. Certains diront que l’inverse est vrai et me citeront l’exemple finlandais qui doit aussi se financer du privé pour la construction du réacteur Okyoloto IV à leur centrale nucléaire d’Eurajoki. Cet exemple démontre plus selon moi l’immense besoins en capitaux pour une telle aventure. De plus, je réponds que c’est le gouvernement finlandais qui a simplement ouvert une participation du privé et non la privatisation complète du projet.

Aussi, les coûts de maintenances de telles centrales sont énormes et peuvent devenir un fardeau terriblement lourd pour des compagnies privées. L’exemple des compagnies aérienne est assez probant. J’aurais peur qu’une compagnie privée, pour réduire ses coûts et augmenter ses profits, décide par un choix d’affaire de baisser ses normes ou pire, quitte la gestion d’une centrale nucléaire.

La rentabilité passe devant le bien être public et pourrait mener à des décisions dangereuses. L’État, malgré une lourde structure, peut produire à perte si la situation le demande car il doit fournir un service et non créer de la richesse.

Le deuxième point important est la fixation des prix. Comme l’électricité est presque impossible à stocker en fort volume, les prix doivent être basés sur le demande et l’offre sur le champs. L’élasticité du prix est alors presque inexistante et peut créer des situations comme en Ontario qui a vu ses prix exploser pour une consommation raisonnable.

Les prix n’étant pas toujours fixés par la demande, mais aussi par l’offre, il suffit qu’il y ai un pépin d’approvisionnement pour que les prix augmentent et cela n’est pas bénéfique pour les consommateurs, même les moins énergivores. Aussi, la spéculation pourrait faire grimper les prix comme ce fût le cas du pétrole au cours des dernières années.

En conclusion, je vais essayer de synthétiser ma pensée. Je crois que le secteur privé n’a pas les reins assez solides pour construire, maintenir et faire fructifier de tels ensembles. La recherche du profit devant celle du bien public pourrait entraîner des décisions dangereuses pour la santé publique et le développement économique. De plus, la possibilité de voir les coûts exploser par la spéculation ou la désuétude des installations est un autre risque qui doit être sérieusement pris en compte. Ceux qui croient que la concurrence va permettre d’équilibrer ces risques, je réponds qu’il y aurait toujours trop peu de joueurs à cause des capitaux nécessaires, ce qui va créer une situation d’oligopole. Il suffit de regarder le marché du raffinage et de la distribution pétrolière pour se rendre compte qu’il n’y a pas de véritable concurrence.

L’énergie est le sang qui coule dans les veines de nos économies avancées, elle est trop importante et stratégique pour la laisser dans les mains de personnes qui n’ont pas le bien public comme premier intérêt. Je suis prêt à avoir 10 milliards de moins sur mon PIB si je n’ai pas à me soucier si mon réseau électrique est bien géré.

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Profil: Politologue ayant étudié à l'Université Laval et à l'Université d'État des sciences humaines de la Russie à Moscou, je suis spécialiste dans les questions relevant de l'ex-URSS et de l'énergie.…

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Fiche de l'article

Cet article de 814 a été rédigé par Aleksandre Lessard il y a 15 ans et 2 mois, le jeudi 5 février 2009.

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