Le vendredi 23 mai 2008

Québec

La défaite : la seule issue possible?

L'indépendance du Québec ]

Par RRQ

L’attitude collective que nous adoptons dans la lutte que nous menons n’est pas la bonne. Tant et aussi longtemps que nous respecterons les règles fixées par nos ennemis, nous ne gagnerons pas.

Au cours d’un entretien qu’il eut le 22 mai dernier avec Christiane Charette et Jean-François Lisée, l’artisan de la propagande gescaïenne, Alain Dubuc, a déclaré : « La souveraineté n’est pas morte au Québec, c’est un mouvement fort. Je dis seulement qu’il ne gagnera pas et ne gagnera jamais ». Et si l’inique personnage disait vrai? Et si notre stratégie portait en elle les germes mêmes de notre propre défaite?

Il est clair qu’en déclarant une telle chose, Alain Dubuc, lui qui est incapable d’analyses politico-philosophiques dignes de ce nom, visait uniquement à démoraliser les troupes indépendantistes. Il n’espérait pas comprendre honnêtement la situation. En tant que propagandiste en chef, cela n’est de toute façon jamais son but. La manipulation de l’opinion publique est le seul objectif qu’il poursuit au jour le jour. C’est ce que lui demande son boss Desmarais. On l’a évidemment tous –ou peu s’en faut – compris.

En enfonçant dans la tête des gens l’idée que le camp indépendantiste ne pourra jamais gagner, la marionnette Dubuc n’espère rien d’autre que de les neutraliser à plus ou moins long terme. Qui, de fait, a envie de s’investir dans une lutte que l’on présente comme vaincue d’avance? Seuls les masochistes, évidemment. La technique ici employée par Alain Dubuc se doit d’être analysée à l’aune des principes mis de l’avant par Roger Mucchielli. Celui-ci a établi une grille d’analyse d’une simplicité désarmante, mais qui permet de très bien comprendre la propagande et la désinformation telles qu’elles se vivent dans les médias canadiens.

Tout d’abord, les propagandistes articulent des discours visant à démoraliser l’ennemi, ici, en l’occurrence, il s’agit des indépendantistes. Il leur faut ensuite discréditer les principaux porte-parole de ce courant politique. Ce n’est qu’ainsi qu’ils parviennent à finalement obtenir le but recherché, c’est-à-dire la neutralisation des troupes adverses. En tant qu’ancien Trotskyste, Alain Dubuc applique ces principes comme les communistes s’endoctrinaient de bon cœur en s’imposant la lecture du petit livre rouge d’un certain dictateur chinois.

Ceci étant dit, et maintenant que l’on comprend un peu mieux les objectifs que poursuit Alain Dubuc ici, il faut maintenant se demander si la stratégie que nous avons développée pour mener le Québec à l’indépendance est cohérente et si surtout elle peut nous mener un jour à la victoire. Pour cet exercice, nous laisserons de côté les éléments concernant la mécanique référendaire ou la déclaration unilatérale d’indépendance ou que sais-je encore. Je considère qu’il y beaucoup plus important que cela à analyser dans notre stratégie si l’on veut entrevoir la finalité qui nous est réservée.

D’emblée, force m’est de constater que l’attitude collective que nous adoptons dans la lutte que nous menons n’est pas la bonne. Il est évident que tant et aussi longtemps qu’on n’acceptera pas d’admettre que nous sommes en guerre, nous ne gagnerons pas. La compréhension exacte du contexte est la première étape visant à nous mener à la victoire, cela me semble plus qu’évident. Pour l’heure, la très grande majorité des indépendantistes (et cela est d’autant plus vrai chez ceux qui militent au Parti Québécois) considèrent ceux d’en face comme leurs partenaires de demain. Tant et aussi longtemps qu’on n’acceptera pas de les voir comme nos ennemis d’aujourd’hui, on n’adoptera jamais de discours indépendantistes fermes et on ne sera jamais prêts à adopter les mesures qui nous permettront de leur faire enfin mal.

Ces nouveaux discours et ces nouvelles mesures sont pourtant les seuls qui permettront le renversement du système fédéral. Il est clair que dans une guerre, on ne peut pas vouloir constamment du bien à ceux qui tentent de réduire nos pouvoirs à néant. Enfin, cela est vrai si l’on désire obtenir un jour la victoire et donner tort à Alain Dubuc.

L’admission que nous sommes en guerre nous forcera ensuite et inexorablement à adopter une stratégie belliciste. Dès lors, nous accepterons plus facilement d’agir collectivement de façon à créer un véritable contexte de crise qui sera de nature à enfoncer le Canada dans des méandres desquelles il ne pourra sortir indemne. À l’instar de ce qui se passe depuis quelque temps en Belgique, nous devons pousser les fédéraux dans leurs derniers retranchements, nous devons trouver le moyen de paralyser complètement la situation. Cela braquera les camps les uns contre les autres, et les antagonismes apparaîtront dès lors très clairement à tous. Tous devront alors se positionner. Un tel contexte ne pourra qu’être propice aux avancées du camp indépendantiste.

Pour y parvenir, il ne faudra toutefois pas avoir peur de violer la légalité, cette légalité qui ne fait intervenir rien d’autre que les règles fixées par l’ennemi afin d’encadrer – à son avantage bien sûr – la joute qui nous oppose. Tant et aussi longtemps que nous respecterons les règles fixées par nos ennemis, nous ne gagnerons pas. Cela, de l’autre côté, ils l’ont bien compris. Pourquoi croyez-vous, par exemple, qu’ils nous ont mis des bâtons dans les roues en adoptant des lois antidémocratiques telles que l’inique C-20? Ils savent que notre propension à les voir comme des partenaires nous contraindra à accepter de telles lois et à négocier avec eux, après une victoire du Oui, les modalités devant conduire à l’érection d’un État québécois souverain.

Les fédéraux savent que si les représentants du camp indépendantiste commettent l’erreur de respecter C-20, cela leur permettra d’empêcher, dans n’importe quel contexte, qu’une victoire du camp du Oui conduise le Québec à l’indépendance. Lors des négociations, ils pourront toujours trouver matière à refuser les propositions des indépendantistes. En cela, Alain Dubuc a raison de dire que nous ne gagnerons jamais, enfin cela sera si nous conservons encore et toujours l’attitude globale qui est la nôtre actuellement.

Une fois que nous aurons bien compris la nature du contexte et que nous accepterons sa nature même, c’est-à-dire une guerre qui oppose une majorité nationale qui espère maintenir les liens d’asservissement qui lui soumettent une minorité nationale, nous serons alors dans un meilleur état d’esprit pour développer les outils qui nous permettront de combattre efficacement le camp ennemi. Je parle ici principalement des médias, il est vrai. Mais cela concerne tous les outils dont nous pourrions nous doter puisque nous n’en avons présentement aucun, hormis le PQ et quelques autres partis souverainistes.

Sans revenir sur l’importance des communications dans la lutte que nous menons, j’en ai déjà abondamment fait état sur les diverses tribunes qui me sont consacrées, mentionnons seulement qu’en « démocratie », celui qui gagne est celui qui parvient à diffuser le plus largement ses idées. Partant de là, il est clair que nous sommes fort mal partis pour obtenir un jour la victoire, ce qui donne encore une fois raison à Alain Dubuc.

Mais pourquoi n’avons-nous toujours pas corrigé la situation en nous outillant, en développant nos propres moyens de communication par exemple? Tout simplement parce que nous n’avons toujours pas accepté de franchir la première étape du plan que je propose ici et qui consiste à admettre que nous sommes en guerre, et que cela impose d’adopter une stratégie belliciste et révolutionnaire. Parce que nous nous entêtons à percevoir l’ennemi comme un partenaire, on se dit qu’il acceptera de bonne foi de relayer nos messages, via les canaux médiatiques qu’il contrôle et possède. Cette naïveté incroyable nous conduira à notre perte, c’est plus qu’évident. Il nous faut y mettre un terme en s’ouvrant enfin les yeux, et ça presse!

En résumé, on pourrait dire qu’Alain Dubuc, le propagandiste gescaïen, a présentement raison. Si nous ne réorientons pas drastiquement notre façon de faire progresser le Québec vers l’indépendance, nous ne pourrons jamais vaincre. Mais je sais aussi que le peuple québécois est trop indépendantiste pour demeurer soumis au joug canadien. Un jour ou l’autre, il se fâchera et n’acceptera plus qu’on se joue impunément de lui. Collectivement on comprendra alors que l’heure est venue d’être sérieux dans le conflit qui nous oppose à ceux d’en face qui sont nos ennemis. Nous deviendrons alors de véritables guerriers, et les Alain Dubuc de ce monde n’auront alors qu’à bien se tenir. Car envers et contre tous, nous ferons alors éclater le Canada pour en faire émerger un Québec libre!

Patrick Bourgeois

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  1. 1 Jean-Pierre Plourde Le 13 décembre 2008 à 1h50

    BOnjour M. Patrick Bourgeois:

    Votre phrase est très vrai, “Il nous faut admettre que nous sommes en guerre”

    Ce n’est pas faute de nous l’avoir, M. Chrétien nous la déclaré textuellement pendant le référendum de 1995 et Charles Guyté la confirmé du bout des lèvre à la commission Gomery.

    Toutes les techniques de guerre, autre que les fusils ont été utilisées contre nous. La fédération à dépensé des centaines de millions à cette occasion et elle a brisé ses règles de fonctionnement interne ainsi que renié les traité qu’elle a signée sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

    Je suis persuadé que les fusils vont venir plus tard. Cela devrait se produire lorsqu’elle nous aura dépouillé de nos actifs.

    La Caisse de dépôt est l’un des derniers bastions qu’il lui reste à casser. Il avait besoin d’une majorité pour cet objectif, la majorité va lui donner le contrôle sur la diffusion de l’information.

    Comme pour l’Hydro-Québec, on devrait se retrouver devant le fait accompli. Les 150 Milliards de nos dollards de la Caisse vont être redirigés pour servir non plus les intérêts des Québécois mais des “Canadien”

    Demandez à l’Alberta de partager son Héritage fund avec nous pour voir!!! Pourtant c’est ce que l’on s’apprète à nous faire subir.

    Nous avons un travail énorme d’éducation à faire à nos citoyens.

    Toutes ces ententes et magouilles sont possibles parce que les citoyens ont peur. Ce ne sont là pourtant que du bluff et de la frime… Chargé de conséquences à long terme.

    Jean-Pierre Plourde.

    PS. Un peuple digne relève la tête et se tient debout… Qu’on ne s’y trompe pas, plus on laisse faire, plus le réveil risque d’être brutal et violent.

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Cet article de 1,337 a été rédigé par Réseau de Résistance du Québécois il y a 15 ans et 11 mois, le vendredi 23 mai 2008.

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