Le jeudi 6 juillet 2006

Société

Moi?! Une héroïne?!

Par Audrey

Moi une héroïne?! J’ai juste fait ce que tout le monde devrait faire dans ce genre de cas…

Lundi après-midi dans les environs de 17h00…

Dave et moi, en compagnie de mon beau-frère et du nouveau coloc de Dave, sommes en train de discuter tranquillement sur la galerie, quand soudain on entend des cris s’apparentant à une querelle conjugale. Sur le coup, nous nous sentions mal à l’aise et quelque peu impuissant à ces cris de désespoir…

Quelques secondes plus tard, un homme sur la galerie en bas de chez Dave nous crie d’appeler le 9-1-1, qu’il y a quelqu’un qui saigne. Dave se dirige vers le téléphone et moi, compte tenu que j’avais suivi une petite formation urgence-vie en secourisme en milieu de travail, je décide d’aller voir ce qui se passait, question de pouvoir porter secours.

Je sors donc de l’appartement avec le nouveau coloc (Gab) pour aller prêter main forte et, en descendant les escaliers, j’aperçois une dame ensanglantée gisant dans l’escalier. J’ai donc pris soin d’elle en mettant de la pression sur sa blessure au poignet et en regardant ses signes vitaux, en la rassurant que tout allait bien se passer.

Elle nous raconte que son fils est malade, qu’il n’a pas pris ses médicaments et qu’il était en pleine psychose. Lorsqu’elle dit ca, je me suis rappelé qu’un autre homme criait “ne faites pas ca, ne faites pas ca” quand l’homme nous a demandé d’appeller le 9-1-1 sur la galerie. J’ai donc eu une certaine frousse à un moment donné que le jeune homme sorte de l’appartement et nous fasse mal à sa mère et/ou à moi.

La dame s’assurait que ses blessures ne soient pas graves (elle avait une blessure de couteau au poignet et au thorax) et se sentait “partir”. Dans ses yeux, je voyais qu’elle essayait de trouver le réconfort auprès des miens. Je lui serrais donc son autre main en la tenant éveillée, tout en vérifiant qu’elle n’aie pas de difficulté à respirer ou des problèmes cardiaques.

Finalement, les policiers sont arrivés et les ambulanciers par la suite. La dame voulait savoir si son fils allait bien et on sentait tout l’amour et la compréhension dans ses mots et dans son regard. Son autre fils, victime de la scène macabre, semblait troublé de ce qu’il venait de voir et semblait rassuré de voir qu’on s’occupait d’elle et que les policiers s’en venaient.

Quelques heures plus tard, pendant que j’étais sortie me remettre des émotions, la tempête médiatique fit son apparition dans le bloc. TVA/LCN, TQS, Le soleil, le journal de québec, les radios… nommez-les, ils étaient presque tous là pour se battre pour le meilleur morceau juteux de cette pauvre histoire de famille. Certains journalistes ont même poussé l’audace jusqu’à entrer sans frapper dans l’appartement de Dave en voulant rencontrer ceux qui avaient porté secours à la dame, pour savoir si l’événement était un acte racial, si le fils était fâché après sa mère… Ils ont malheureusement dû se contenter de la porte (et d’à peine quelques détails) après s’être fait répondre un semblant de “la personne qui s’est occupée de la dame n’est pas ici”.

Lorsque Dave et moi sommes allés s’asseoir près d’eux pour entendre ce qu’ils avaient à dire, nous étions assez insulté de voir la manière d’agir des journalistes qui étaient vraiment désinformés et qui voulaient gruger pour essayer de trouver de la chair où il y en avait pas.

Un de nous s’est approché tranquillement, nous fixe et nous lance un “pis vous, vous avez rien vu de ça?!”. Alors, moi de lancer un simple “bah, c’est moi qui s’est occupé de la dame en attendant les ambulanciers.” Il n’y aura fallu qu’un “ah oui ?!” de la part du journaliste pour être entourés de la quinzaine qui se trouvait là. Nous avons profité de la tribune pour rétablir les faits et j’en ai même profité pour démystifier les mythes des personnes souffrant de maladies mentales et pour chialer contre le gouvernement et l’encadrement et les services non-adaptés pour cette clientèle…vous aurez deviné, ils ont pris ce qu’il voulait prendre….

Ensuite, on est dans tous les journaux et tous les téléjournaux impossible. Le monde nous félicite, pensent que le gars est un fou dangereux et nous nomment “héros”.

Moi une héroïne?! J’ai juste fait ce que tout le monde devrait faire dans ce genre de cas…

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Cet article de 701 a été rédigé par Audrey il y a 17 ans et 9 mois, le jeudi 6 juillet 2006.

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