Le mercredi 26 août 2009

International

Les exemples de l’engouement anglomaniaque parisien foisonnent

« Rome n'est plus dans Rome... »

FranceL'état de la langue française ]

Par Impératif Français

D’un récent séjour à Paris, je retire le sentiment que l’anglicisation de la capitale se poursuit à un rythme soutenu, impressionnant, surtout dans les quartiers dits touristiques. Les exemples de l’engouement anglomaniaque parisien foisonnent. En voici seulement deux, pour abréger ce discours fait au milieu des vacances d’été.

D’un récent séjour à Paris, je retire le sentiment que l’anglicisation de la capitale se poursuit à un rythme soutenu, impressionnant, surtout dans les quartiers dits touristiques. Cela ne surprendra évidemment personne puisqu’il en va à peu près de même dans tous les centres urbains et même dans les communes rurales. Les exemples de l’engouement anglomaniaque parisien foisonnent. En voici seulement deux, pour abréger ce discours fait au milieu des vacances d’été.

Le constructeur automobile Mercédès possède depuis longtemps, comme d’autres, un magasin d’exposition sur les Champs-Elysées. Me voyant examiner l’un des modèles présentés et m’ayant sans doute entendu échanger quelques mots en espagnol avec mon épouse, une hôtesse s’est adressée à moi en… anglais. Une première en ce qui me concerne. Toutefois, je me suis demandé si le plus surpris de nous deux n’avait pas été cette charmante personne, quand je lui ai répondu en… français. J’ai même sans doute aggravé mon cas en feignant, à dessein, de ne pas avoir compris un mot de ce qui m’avait été dit (ce que beaucoup de Français n’osent pas faire, même lorsqu’ils ne connaissent que quelques mots d’anglais, car ils ont souvent pris pour modèle cette nouvelle élite généralement marchande, transnationale, mobile, cosmopolite, qui ne veut plus guère s’exprimer qu’en anglais – signe de reconnaissance, de modernité et de distinction sociale -, et qui les fascine). J’ai lu sur le visage fort gracieux de cette jeune femme comme un mélange d’étonnement, de déception et même de réprobation, certes discrète, car on ne doit surtout pas contrarier un éventuel “prospect” (comme on dit dans l’enseignement commercial).

Rappelons, à ce propos, que l’anglicisation de cette artère prestigieuse que sont les Champs-Elysées a déjà une longue histoire. Ainsi, lorsqu’en 1899, Louis Fouquet achète le bistrot de cochers qui fait l’angle de l’avenue George V, il cède à l’anglomanie qui sévit déjà à cette époque en ajoutant à la raison sociale (Le Fouquet) du café-bar qu’il installe “American Drinks Cocktails”. De quoi séduire les élégants cavaliers et équipages de l’avenue du Bois (aujourd’hui avenue Foch). Ce n’est que quelques années plus tard que son successeur, Léopold Mounier, cuisinier réputé de Paris, va accentuer le style anglais de l’établissement en ajoutant l’apostrophe et le “s” à Fouquet et en créant un bar digne d’un club britannique où, comme en Grande-Bretagne, les dames ne sont admises qu’accompagnées (à noter que quelques années plus tôt, en 1893, non loin de là, rue Royale, avait été fondé le non moins fameux café Maxim’s, attirant déjà, lui aussi, une clientèle mondaine et élégante). Un autre exemple que l’on peut citer est celui du plus grand cinéma des Champs-Elysées (qui pouvait recevoir jusqu”à 2000 spectateurs), inauguré en 1936. Il sera baptisé Normandy, nom anglicisé du fameux paquebot transatlantique navigant sous pavillon français (une idée singulière). Non moins curieusement, une fois n’est pas coutume, quelques années plus tard, le nouveau propriétaire des lieux francisera le nom en Normandie (cette grande salle n’existe évidemment plus).

Rive gauche, à deux pas du boulevard Saint-Germain, rue de l’Ancienne-Comédie (autrefois rue de la Comédie), il y a désormais un hôtel de la chaîne Best Western qui s’appelle … Left Bank Saint-Germain (Rive Gauche Saint-Germain en français). Il n’y a plus guère que les noms propres de personnes ou géographiques qui résistent encore à l’anglicisation! Ledit hôtel est situé très exactement à côté du célèbre café-restaurant Le Procope, l’un des plus anciens de Paris puisque fondé en 1686, centre actif durant la Révolution française, lieu de rencontre d’écrivains et d’intellectuels où aimaient à se rendre beaucoup des plus grands noms de la littérature française: Voltaire y venait souvent, comme Rousseau, Diderot (qui y conçut, dit-on, son Encyclopédie), d’Alembert et bien d’autres après eux, tels Musset, Verlaine ou Anatole France. Transformé en restaurant, le Procope existe toujours et demeure très fréquenté. Son fondateur était un Sicilien, du nom de Francesco Procopio dei Coltelli, qui avait tenu à franciser son nom en François Procope-Couteaux. D’où le nom donné par lui à ce futur très illustre café littéraire. Autres temps, autres moeurs !

Cette anglicisation accélérée de la capitale fait songer au mot de Pierre Corneille: « Rome n’est plus dans Rome… » (dans sa tragédie Sertorius).

3 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Allain Jules Le 27 août 2009 à 0h46

    Constat tout à fait réel.

    Un parisien.

  2. 2 Jean-Pierre Plourde Le 28 août 2009 à 0h10

    Le sentiment exprimé par votre article laisse anticiper l’anglicisation de la France par l’absence de fièreté de ses origines par ses habitants.

    La valorisation par les élites de la culture d’un autre entraînera à long terme le rejet de sa culture maternelle et l’apprentissage éventuel de la langue de l’autre dès le plus jeune âge. Ça ne vous rappelle pas quelques chose du Québec.

    Ce refus de s’assumer est présentement l’expression d’une certaine élite. Un effet d’entraînement s’en suivra par l’augmentation d’emploies dans la langue de l’autre éventuellement réclamés par cette même élite, exerçant ainsi une pression sociale.

    Avec de telles attitudes, les français n’ont donc pas besoin d’une commission sur les accommodements raisonnables ou d’immigration anglophone massive planifiés par les élus contre les intérêts du peuple à seul fin de briser la cohésion sociale.

    C’est beaucoup plus sournois et plus efficace qu’au Québec.

    Ici, on doit nous forcer la main pour nous imposer un sentiment de culpabilité artificiel en mettant l’emphase sur ce que l’on ne fait pas au lieu de la mettre sur ce que l’on fait de bien.

    C’est du renforcement psychologique contre nature, voir sur ameriquebec.net mon texte, Étude du comportement des Québécois face à leur avenir.

    J’ai développé ma propre méthode graphique pour comprendre le fonctionnement d’une organisation, qu’elle soit sous la forme d’une entreprise, d’un pays ou même sous la forme du fonctionnement mental d’un individu. Il s’agit là aussi d’une organisation.
    L’organisation mentale de l’individu est la plus importante organisation d’un pays.
    Les conventions et les points communs reliants le plus grand nombre d’individus crée la conscience et la fièreté générale d’un peuple.

    je vous invite à lire les principes de base sur saglacweb.com, voir, Vivre libre ou disparaître.

    Le contrôle de l’information et les techniques de renforcement, comme le déchainement de la musique anglosaxonne sur nos ondes et bien d’autres, permet à la fédération de nous faire accepter inconsciemment le trafic de la démocratie par nos propres élus, voir, Conflits d’intérêts sur saglacweb.com ou un représentant d’une multinationale, ayant des intérêts sur nos territoires, fut choisit pour nous représenter dans les négociations dites de l’approche commune. Des représentants fédéraux étaient donc assis des deux côtés de la table de négociation sans consultation de notre majorité.

    Ici au Québec, la structure mentale des individus est influencée par la fédération qui exerce sur nous un contrôle de l’information qui rend difficile aux citoyens de comprendre où sont nos propres intérêts, même nos livres d’histoires sont trafiqués.

    Sur le contrôle de l’information, voir mon enquête appelée, Le contrôle de l’information, où le Journal de Montréal à refusé de me vendre une page complète afin que je puisse acheter mon droit de donner mon opinion librement, le sujet étant très politique on m’a refusé, peu importait le prix, pour la liberté d’expression au Québec, on repassera…

    Jean-Pierre Plourde, Bsa. UQAC

  3. 3 cr0vax Le 28 août 2009 à 8h15

    Désolé mais cet article est tout bonnement ridicule.

    Vous citez seulement des cas particuliers (et pour chaque cas je pourrais citer un exemple de francisation de Londres si on s’en tient à vos exemples).

    Le seul cas intéressant c’est celui de l’enseigne Mercedes sur les Champs-Elysées qui est effectivement très gênant mais n’étonne personne sur une rue où il est bien rare de croiser un français …

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Cet article de 694 a été rédigé par Impératif Français il y a 14 ans et 8 mois, le mercredi 26 août 2009.

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