Le mardi 22 mars 2011

PolitiqueQuébec

Une commission d’enquête est toujours nécessaire

Texte d'opinion publié dans Le Devoir du lundi 20 mars 2011

La corruption au royaume du Parti Libéral du Québec ]

Par Parti Québécois

Une enquête publique a le pouvoir d’obliger des témoins à comparaître et à se mettre à table. Elle permet aux gens qui ont des choses à dire de révéler ce qu’ils savent sans crainte d’intimidation, de menaces physiques ou de poursuites en libelle.

Depuis quelques semaines, Jean Charest répète son désir de passer à autre chose, de regarder en avant. Ce qu’on en comprend, c’est que le chef du Parti libéral voudrait bien mettre derrière lui les questions graves soulevées depuis deux ans sur la corruption et le crime organisé. Pour ce faire, le gouvernement libéral compte sur l’usure du temps et la résignation qui suscitent la montée du cynisme.

Pendant ce temps, le crime organisé s’organise, les déchiqueteuses tournent à plein régime, l’atmosphère de suspicion entache l’ensemble du monde politique et ébranle la confiance des Québécois envers leurs institutions nationales.

Dans ce contexte, le seul et unique moyen de nettoyer l’atmosphère, de mettre fin à l’omerta et à la peur, de démanteler les réseaux criminels, de démonter les systèmes de collusion et d’assainir les pratiques dans le domaine de la construction, c’est de faire toute la lumière. La seule méthode pour y arriver, c’est la tenue d’une commission d’enquête publique.

La corruption, la collusion et l’infiltration du crime organisé dans le monde de la construction sont désormais avérées et tout laisse croire que la mafia, abritée par cette longue noirceur imposée par le gouvernement libéral, continue de s’enrichir aux dépens des Québécois.

La situation ne cesse de s’aggraver. Le gouvernement affirme que les enquêtes policières sont préférables à une commission d’enquête, mais il s’agit d’un argument fallacieux.

Dans le passé, des gouvernements autrement plus courageux ont réussi à assainir le climat par la tenue d’enquêtes publiques. Guy Ouellette, ancien policier et actuel député libéral soumis à la loi du silence de son parti, s’était lui-même réjoui de l’enquête publique qui avait suivi l’affaire Matticks en 1996. Cette commission a donné des résultats probants permettant une réforme en profondeur des pratiques policières au Québec.

Avant cela, dans les années 70, la Commission d’enquête sur le crime organisé, la CECO, a permis de démanteler les principaux réseaux de trafic de drogue et de jeu au Québec et de nombreuses arrestations ont suivi. La commission Cliche a permis de mettre fin aux violents conflits intersyndicaux et provoqué la mise en tutelle de quatre sections locales de la FTQ.

Plus récemment, la commission Gomery a permis de démanteler le système de corruption établi au sein du Parti libéral et du gouvernement du Canada. De nombreuses arrestations ont suivi les travaux de la commission, faisant la démonstration, si besoin est, que les enquêtes publiques et policières peuvent très bien cohabiter et s’alimenter l’une l’autre. La commission Gomery a également eu le mérite d’éclairer la population.

Les enquêtes policières sont bien sûr nécessaires, mais elles ne permettent pas de briser la loi du silence et de démanteler en profondeur des systèmes de corruption. Par essence, elles visent des cas, des individus, des événements précis, sans nécessairement pouvoir établir des liens entre eux. Les inculpés ont le droit de garder le silence et les plaidoyers de culpabilité permettent de garder les éléments des enquêtes policières dans l’ombre. L’unité permanente anticorruption créée récemment fera face aux mêmes écueils, sans compter les difficultés que celle-ci rencontrera à la suite de la gestion catastrophique du conflit de travail avec les procureurs de la couronne.

Au contraire, une enquête publique a le pouvoir d’obliger des témoins à comparaître et à se mettre à table. Elle permet aux gens qui ont des choses à dire de révéler ce qu’ils savent sans crainte d’intimidation, de menaces physiques ou de poursuites en libelle.

Une enquête publique peut servir de base aux enquêtes policières, car elle permet de lever des lapins dont les policiers pourront ensuite suivre la trace. Elle s’intéresse certes aux activités criminelles, mais aussi aux délits et aux pratiques douteuses en matière d’éthique et de financement des partis politiques. Et surtout, seule une enquête publique permet de mettre à jour des systèmes complexes et de faire le ménage en profondeur.

Il faut rappeler ici que le gouvernement libéral s’est lancé dans des dépenses d’infrastructures colossales, ses dépenses d’immobilisation atteignant 15 milliards de dollars par année, du jamais-vu dans l’histoire du Québec. Certains analystes évaluent à 30 % les coûts que nous payons en trop à cause de la collusion et de la corruption.

Or, 30 % de 15 milliards, ça fait 4 milliards et demi par année; 570 dollars par Québécois. Combien d’argent va directement de nos poches de contribuables à celles des membres de la mafia? Des millions, des centaines de millions, des milliards de dollars?

C’est dans l’ombre que prospèrent le crime organisé, la corruption et la collusion. La longue noirceur imposée par le gouvernement libéral de Jean Charest, qui favorise ainsi ces pratiques qui gangrènent notre société, a assez duré.

Si le premier ministre, ses ministres et ses députés veulent véritablement servir les intérêts supérieurs du Québec et des Québécois, il ne leur reste qu’une chose à faire : créer une commission d’enquête publique sur la construction et le crime organisé.

S’ils refusent encore une fois de prendre leurs responsabilités, ils devront en répondre tôt ou tard devant l’électorat.

Et il y aura une commission d’enquête publique, dussions-nous attendre l’élection d’un gouvernement du Parti Québécois.

Si l’on veut passer à autre chose, et c’est notre souhait, il faut d’abord faire la lumière, toute la lumière.

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Stéphane Bergeron

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