Le samedi 2 juin 2012

QuébecSociété

Le silence des agneaux aux cols rouges

Qui ne dit mot consent

Par Sylvain

Donc, on a quelques personnes qui ont décidé de s’accaparer la majorité silencieuse, de décider pour elle ce qu’elle pensait, ce qu’elle était, comme si cette majorité silencieuse était formée de petits agneaux… aux cols rouges.

En début de semaine, le 28 mai, la radio-poubelle de Quebec City a décidé de partir à la conquête de la majorité silencieuse. Je dois vous avouer que ça m’a laissé silencieux sur le coup! J’en ai pris connaissance en lisant accidentellement Joanne Marcotte1 le 29 mai:

La radio très engagée du 93,3 de Québec a lancé une initiative très intéressante. Voici l’invitation que faisait l’animateur Sylvain Bouchard à l’ensemble des cols rouges du Québec. Ne serait-il pas temps d’avoir un député indépendant à l’Assemblée nationale pour défendre les cols rouges.

Cette invitation est un appel à la majorité silencieuse, semble-t-il. Ce qui est extrêmement intéressant, c’est de se rappeler que cette supposée majorité silencieuse a déjà eu un député indépendant à Ottawa: André Arthur. Rappelez-vous, il représentait tellement bien la majorité silencieuse imaginée par Joanne Marcotte et Sylvain Bouchard que le député Arthur n’avait presque jamais mis les pieds à Ottawa2. Et maintenant, on voudrait la même chose, mais à l’Assemblée nationale à Québec. Bien joué Sylvain Bouchard, ça c’est engagé!

Avant de continuer, voyons ce qu’est «majorité silencieuse». Selon Wikipédia (un site auquel la majorité silencieuse peut avoir accès):

L’expression pointe le fait qu’en société -selon l’adage célèbre : « qui ne dit mot consent ». Ainsi la personne qui ne s’exprime pas, qui ne sait pas, qui ne veut ou ne peut se faire entendre risque d’être victime de son silence «apparent». Alors que les plus actifs – même s’ils sont numériquement peu nombreux – la minorité agissante en se manifestant habilement peuvent donner à croire qu’ils représentent l’opinion générale. Ainsi un groupe de pression ayant recueilli plusieurs milliers de signatures (pour une pétition) ou de manifestants (pour une manifestation), peut réussir à faire oublier qu’il ne représente que lui-même et que la majorité dans le groupe ou dans le pays est d’un avis tout à fait opposé.

Ainsi, un groupe a été créé, soit le RCR (groupe de pression si l’on peut dire, puisqu’il jouit d’une grande visibilité médiatique), qui est l’acronyme pour Rassemblement des Cols Rouges3. Non, RCR n’est pas pour «réanimation cardio-respiratoire», malgré le fait que le premier objectif de ce groupe est de «réanimer la majorité silencieuse».

Ainsi, on a parlé de ce groupe à la radio, à la télé à Franchement Martineau, dans la Presse dans un article de Mario Roy et, bien sûr, dans le Journal de Montréal lorsque Marcotte a spinné ce groupe.

En toute objectivité, avec autant de présence dans les médias traditionnels et sociaux, on peut conclure que depuis le 28 mai le RCR aurait dû être capable de réanimer une bonne partie de cette supposée majorité silencieuse. Au moment d’écrire ces lignes, 23 056 personnes ont été réanimées. Je ne crois pas que ça va aller plus loin.

Cette initiative va sûrement avorter par le col. Déjà, un pastiche de la page originale semble autant, sinon plus populaire, alors que les «Cols Rouges» deviennent des «Cous rouges4». En fait, il s’agit davantage d’une vulgarisation, au propre et au figuré, de la page originale.

Par exemple, la page originale décrit comme étant un Col Rouge «quelqu’un qui se lève le matin, qui travaille fort ou qui a travaillé toute sa vie, et qui n’a pas le temps d’aller manifester…un mardi à 14 heures.» Vulgarisé, ça devient «quelqu’un qui pense que la liberté des uns de manifester s’arrête lorsqu’elle entrave la liberté des autres de dormir au gaz.» Ça veut pas mal dire la même chose, alors que le pastiche est, dans les faits, le sous-entendu du message que l’on veut passer dans le projet original.

On a aussi le Col Rouge qui est «quelqu’un qui croit que la rue est plus un moyen de circulation qu’un moyen d’expression». Vulgarisé, ça devient «quelqu’un qui croit que la rue c’est pour les chars, pas pour les manifestations – sauf en cas de Libârté, mais il ira manifester en char ennéway.» Bref, la radio-poubelle de Québec est d’accord avec l’idée de manifester, mais seulement si c’est pour du pain et des jeux.

Un dernier exemple, on a le Col Rouge qui est «quelqu’un qui pense que jouer de la guitare ne transforme pas un individu en expert dans tous les domaines.» Dans le miroir vulgarisé ça devient «quelqu’un qui pense qu’animer à la radio transforme un individu en expert dans tous les domaines.» Dans les dents, comme on dit!

La majorité silencieuse n’est pas homogène. Joanne Marcotte et les animateurs de radio-poubelle semblent s’imaginer qu’elle l’est. Ils font exactement la même chose que ceux qu’ils tentent d’accuser de vouloir faire parler la majorité silencieuse. Ils forment un petit groupe de pression (site internet du RCR avec une grande promotion médiatique) ayant recueilli plusieurs milliers de signatures, puis maintenant ils s’imaginent avoir la mainmise sur la majorité silencieuse.

Pourtant, il y a beaucoup de monde parmi la majorité silencieuse qui ne va pas manifester un mardi à 14h, mais qui y vont un samedi, le soir, le dimanche, etc.

Donc, on a quelques personnes qui ont décidé de s’accaparer la majorité silencieuse, de décider pour elle ce qu’elle pensait, ce qu’elle était, comme si cette majorité silencieuse était formée de petits agneaux… aux cols rouges. Joanne Marcotte et Sylvain «l’engagée» Bouchard, entre quelques autres, ont vraiment la bouche pleine de laine mangée sur le dos de la majorité silencieuse ces jours-ci.

En terminant, voici l’extrait d’un texte d’un ingénieur5  qui fait partie de la majorité silencieuse, et qui a trouvé le moyen de s’exprimer. Il serait sûrement en désaccord avec l’idée que se font Marcotte et Bouchard de la majorité silencieuse.

La génération X et le conflit social

Mardi, 29 mai 2012

Ce matin en me levant, je fais ma revue de presse comme – presque – toujours, un peu via Facebook, je m’en confesse. J’ai eu mes retrouvailles de 25 ans après ma graduation de la polyvalente cette fin de semaine. Le mélange des nouvelles et de mes discussions de la fin de semaine m’ont donné le goût d’écrire aujourd’hui.

 Comme vous avez sans doute pu le déduire, j’ai 42 ans. Je suis ingénieur, j’ai mon entreprise, je suis père de famille et j’ai eu l’occasion de travailler à l’étranger à quelques reprises. Disons seulement que je ne suis pas l’archétype d’un gauchiste-hippie- va-donc-te-faire-couper-les-cheveux-le-pouilleux-les-BS-s’y-veulent-de-l’argent-qu’y-fassent-comme-moué-pis-qu’y-travaillent-crisse (pour paraphraser Elvis Gratton). Malgré tout ça, j’ai envie de parler de ce qui se passe en ce moment, et de ce que ça me fait vivre.
À mon âge, je fais  partie de la génération X. Pas LES X mais la génération X. Pour ceux qui l’ignorent, le X signifiait à l’époque une génération sans nom, qui serait oubliée, que la société a abandonnée à eux même, ce qui n’est pas une première dans l’histoire. Je dis généralement que nous avons été élevés comme des baby-boomers mais qu’au moment de nos études ou de notre arrivée sur le marché du travail, ce beau rêve s’est effondré. Finies les jobs au gouvernement avec un bac. en histoire ou en socio, fini la grosse job de col bleu avec un secondaire 2 en poche. Que nous est-il donc arrivé par la suite ? Un épouvantable traumatisme collectif qui nous a fait nous cacher dans notre coin, sans plus vouloir en sortir. Chez ceux qui sont moins diplômés, ça a créé ceux qu’on appelle les WAYM (White Angry Young Men) qui carburent à la démagogie du type ADQ-CAQ et la base du fidèle public de la radio parlée de Québec. […]

Beaucoup de gens de ma génération, de leur petit confort chèrement acquis regardent ce qui se passe et ont succombé à l’argumentaire du Journal de Montréal et autres et je me dis : « Non ». Les gens dans la rue ne font que ce que nous n’avons pas eu le courage de faire. Quelque chose qui aurait du être fait depuis longtemps, se battre pour rendre les études supérieures à tous, peu importe leur origine, c’est ça – me faisait remarque mon ami Patrick –le deal au Québec aussi depuis 50 ans.

Le Québec est endetté ? Nous sommes en déficit ? Pourquoi avez-vous autant baissé les impôts alors ? Pour être bien certains que la génération qui me précède n’aura jamais payé pleinement pour les services qu’elle a reçu – souvenez-vous des années où les déficits était permanents – et qu’ils continueront à recevoir des services de l’état pendant encore plusieurs années, sur le dos des plus jeunes, et s’assurent que la caisse sera bien vide après eux.
Je vois les jeunes dans la rue et je leur dis « Bravo ! » battez-vous pour un monde meilleur, nous, on ne l’a pas fait. Nous devons cesser cette politique de la tarification des service de l’état qui est ni plus, ni moins, qu’une « Flat Tax » déguisée pendant qu’on baisse les impôts. L’impôt sur le revenu est et devrait continuer d’être la principale mesure de financement des services publics, qui eux devraient être universels. Depuis trop longtemps cette démarche d’anti-Robin-des-Bois est en marche. La « juste part » de Raymond Bachand devrait plutôt s’appeler l’ « injuste part ». La juste part, c’est quand les services de l’état sont vraiment universels et financés par un impôt progressif.

 

  1. La revanche des cols rouges []
  2. André Arthur doit expliquer ses absences []
  3. Rassemblement des Cols Rouges []
  4. Cous Rouges []
  5. La génération X et le conflit social []

3 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Max Le 3 juin 2012 à 16h43

    Et les gauchistes croient être la majorité… avec un message comme ça, on voit clairement comment biaisé vous êtes.

    Attendez les élections 🙂

  2. 2 Sylvain R. Le 3 juin 2012 à 17h18

    Bonjour Max,

    Ce n’est pas une question de gauche ou de droite. Il faut cesser la paranoïa à la fin. Et “la gauche” n’a jamais voulu s’accaparer la majorité silencieuse.

    Et effectivement, attendons les élections. Et en attendant, il faut bien se divertir 😛

  3. 3 Erwin Le 7 juin 2012 à 23h02

    «En terminant, voici l’extrait d’un texte d’un ingénieur qui fait partie de la majorité silencieuse, et qui a trouvé le moyen de s’exprimer.» NON. vous pouvez pas écrire un texte qui ridiculise le RCR parce qu’il pense avoir la majorité silencieuse derrière lui. Puis dans le même texte, dire que cette majorité silencieuse est derrière vous…
    Relisez la définition Wiki, SVP

    La majorité silencieuse, elle est pas derrière les carré rouge, ni derrière le RCR, ni QS, ni le PLQ ! Ces gens là ne s’intéresse pas à la politique, ils vote pour le candidat avec le plus beau sourire, ou le ptit jeune pour l’encourager et qu’il pleure pas vu que ya moins de 2%. ET BCP PLUS SOUVENT, ils votent pas, ou blanc. Ton ingénieur de gauche est pas du tout de la majorité silencieuse, car s’il en était il saurait pas s’il est à gauche ou droite.

    Moi, je suis à droite, et je suis très souvent en désaccord avec vos articles. Pour une fois j’était d’accord avec le principe de base : le RCR n’est pas la majorité silencieuse ! Mais vous avez totalement saboté cet article avec la phrase que j’ai cité plus haut. Vous avez montré que vous comprenez pas c’est quoi la majorité silencieuse et que votre article était juste une attaque contre la droite. Dommage.

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Cet article de 1,512 a été rédigé par Sylvain il y a 11 ans et 11 mois, le samedi 2 juin 2012.

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