Le dimanche 10 octobre 2010

QuébecPolitique

Force Québec ne verra jamais le jour

L'aveu d'André Pratte

Par Richard Le Hir

Legault et Facal vont rapidement comprendre que, dans la conjoncture actuelle, leur initiative est condamnée à l’échec et qu’elle les a complètement isolés, aux côtés de Lucien Bouchard. Force Québec ne verra jamais le jour. S’il leur restait des ambitions politiques, ils peuvent en faire leur deuil.

Quand on y pense, l’éditorial d’André Pratte dans La Presse d’hier avait quelque chose de pathétique. Pour toutes sortes de raisons, avouables et inavouables, son journal ne peut plus soutenir ni Jean Charest, ni le PLQ. Il lui faut donc rapidement se trouver un nouvel homme (ou une nouvelle femme) et un nouveau parti sur lesquels il pourra jeter son dévolu.

D’où son plaidoyer miteux en faveur de la création d’un « véritable parti national » au nom de l’intérêt public « pour affronter ensemble les problèmes graves qui menacent [notre] avenir. » Quelle noblesse d’âme ! Plus « désintéressé » que ça, tu meurs !

Hélas, pour souhaitable qu’elle soit à ses yeux, André Pratte est tout de même conscient que l’affaire n’est pas dans le sac. Il évoque la difficulté que semble éprouver François Legault à recruter chez les fédéralistes pour former sa coalition de Lucides. C’est pourtant là le moindre des défis.

Ce qu’André Pratte ne semble pas réaliser, ou fait semblant d’ignorer, c’est que le pouvoir d’attraction des Legault et Facal de ce monde est nul chez les indépendantistes à partir du moment où ils renoncent à l’indépendance, ou décident de la mettre temporairement de côté. Pourtant, il n’aurait qu’à regarder Pauline Marois pour comprendre.

En effet, le manque d’enthousiasme devant son leadership au sein de ses propres troupes est dû en grande partie aux doutes qu’elles entretiennent sur sa détermination à faire l’indépendance. Elles ne vont donc certainement pas se laisser débaucher par des Legault et des Facal qui de plus ne sont pas les personnalités les plus charismatiques du monde.

Si les indépendantistes sont divisés entre eux, le risque de fractionnement de leur vote est nul à partir du moment où l’objectif de l’indépendance apparaît à leur portée. Québec Solidaire n’existe que parce que le PQ a cru se gagner les faveurs de l’électorat en virant à droite. Le jour où le PQ comprendra que la conjoncture économique exige maintenant qu’il se recentre plus à gauche, Québec Solidaire cessera d’avoir sa raison d’être et s’intègrera au PQ ou sera condamné à disparaître.

Quant à Legault et Facal, ils vont rapidement comprendre que, dans la conjoncture actuelle, leur initiative est condamnée à l’échec et qu’elle les a complètement isolés, aux côtés de Lucien Bouchard. Force Québec ne verra jamais le jour. Leur crédibilité va aussi s’en trouver singulièrement écorchée. S’il leur restait des ambitions politiques, ils peuvent en faire leur deuil.

Évidemment, pour André Pratte et les intérêts qu’il défend, les perspectives actuelles sont assez inquiétantes. Ils ont beau prétendre qu’à 35%, jamais le soutien à l’indépendance n’a jamais été aussi bas, ils savent fort bien que tant que ce noyau dur demeure, une portion importante de l’électorat peut facilement basculer dans son camp si l’option fédéraliste se trouve discréditée par une contre-performance de ses champions.

Or c’est justement ce qui est en train de se produire, et l’impossibilité pour Jean Charest de remonter la côte dans l’opinion publique après sa prestation devant la Commission Bastarache doit d’autant plus inquiéter La Presse qu’elle sait fort bien, par l’entremise de ses journalistes d’enquête, que le PLQ est assis sur une bombe qui peut éclater à tout moment, et que la cause fédéraliste va s’en trouver singulièrement éclaboussée.

La Presse sait aussi que la dégradation de la conjoncture économique dans les prochaines années risque d’affaiblir la capacité du gouvernement fédéral de maintenir l’image du fédéralisme rentable. Qui plus est, sur la scène fédérale, il n’y a aucune figure politique de la trempe d’un Pierre-Elliott Trudeau pour tenir le pays à bout de bras pendant ce qui s’annonce être une période difficile pour le fédéralisme.

André Pratte peut bien appeler de tous ses voeux l’avènement d’un nouveau parti qui à défaut de ne pas être entièrement fédéraliste n’aurait pas des convictions indépendantistes trop fortes pour vouloir faire rapidement l’indépendance, c’est le seul espoir qui lui reste !

Mais pour les indépendantistes, quel aveu! Si ce n’est pas un signe que la balle roule désormais pour notre camp, je ne sais pas ce que ça prend. J’espère que tout le monde prend des notes… Vous aussi, Mme Marois…

Source: Vigile.net

8 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Anthony Le 10 octobre 2010 à 19h52

    Je ne suis pas un spécialiste de la politique, je ne suis pas non plus un grand connaisseur, mais du haut de mes 25 ans, je suis de ceux qui s’informent et qui moindrement la politique québécoise (pour mon âge).

    J’ai toujours été souverainiste, en fait, je le suis encore, mais je me pose de plus en plus de questions. Je me demande si au final, la souveraineté serait véritablement avantageuse. Au cours de mes réflexions, j’en suis venu récemment à la conclusion que toute personne qui, à l’heure actuelle se dit profondément convaincue de la nécessité ou de la non-nécessité de la souveraineté fait preuve, à niveau variable, d’une certaine forme d’aveuglement. Aucune étude valable ne peut statuer objectivement et avec certitude du sort d’un Québec souverain. Une telle étude serait-elle faite, fournissant des conclusions défavorables à la souveraineté que je pourrais avec confiance rejeter cette option. Et au contraire, mon désir de souveraineté serait renforcé par des conclusions suggérant des avantages nets au OUI. Maintenant, une telle étude est-elle seulement possible ?

    D’autre part, je crois que s’il faut se battre pour promouvoir la souveraineté, s’il faut des congrès, des conférences, des marches pour réussir à peine à maintenir le taux de militantisme, et qu’au contraire, si on laisse aller les choses, la population tend à délaisser la souveraineté, cela ne veut-il pas dire que la population n’en veut pas ?

    La souveraineté oui, mais pas dans l’état actuelle des choses. Il faut respecter la population dans ses choix, non pas la forcer dans la direction voulue par une poignée de gens.

    Ceci étant dit, je tenais aussi à exprimer mon profond désaccord avec l’article de Richard Le Hir dont il est question ici. Non seulement n’apporte-il aucun argument valable pour soutenir ses propos, mais ces même propos ne sont que subjectivité, émotivité et impulsions, dépourvus de rationalisme ou apparence de réflexion. À titre d’exemple, je cite le passage suivant :

    “Ce qu’André Pratte ne semble pas réaliser, ou fait semblant d’ignorer, c’est que le pouvoir d’attraction des Legault et Facal de ce monde est nul chez les indépendantistes”

    Ce que monsieur Le Hir ne semble pas réaliser en écrivant ceci, c’est que ses propos ne font pas du tout office de vérité, mais plutôt d’impulsion, et pour cause, puisque moi, je suis indépendantiste et malgré cela, je vous affirme que MM. Legault et Facal à l’heure actuelle, attirent grandement mon attention, et je suis impatient de savoir ce qu’ils suggéreront dans le futur. Suis-je le seul à penser ainsi, j’en doute fort.

    Au final, cet article n’est-elle rien de plus qu’une crise de frustration dirigée contre André Pratte ?

    Au delà de fédéralistes et souverainistes, les Québécois veulent que les choses avancent et en ont plus qu’assez de la situation actuelle, c’est ce que je lis, mais c’est aussi ce que je ressens dans mon entourage. Le cynisme est à son plus haut et le monde se désintéresse de la politique, et je le constate avec grande tristesse.

    La souveraineté demeure un beau projet et j’espère le voir se réaliser un jour, mais ce n’est pas pour tout de suite, pas avec les institutions et les politiciens que nous avons actuellement.

    Anthony Rémillard
    Sherbrooke

  2. 2 Jean Paul Tellier Le 11 octobre 2010 à 1h11

    Le nouveau parti de la gang des lulus :Force Québec/Power Quebec.

    Complément de l’histoire là.

    http://www.ameriquebec.net/actualites/2010/10/02/un-nouveau-parti-au-quebec-les-lulus-4906.qc

  3. 3 Jean Paul Tellier Le 11 octobre 2010 à 4h40

    Les vraies raisons du départ de l’économiste François Legault, du PQ.

    http://www.vigile.net/Les-vraies-raisons-du-depart-de

  4. 4 Jean Rousseau Le 11 octobre 2010 à 18h34

    NOS GRANDS ENTREPRENEURS

    Si on savait que les nazis se trouvaient à nos portes pour espérer nous transformer en hachis pour leur chien ou leur chat ou encore, concevoir d’excentriques abat-jours avec nos peaux, on se grouillerait le cul n’est-ce pas. On placerait les meilleurs cerveaux aux postes de commande et cela partout pour éviter le pire et nous écarterions rapidement les stratégies farfelues, (l’indépendance). Alors, qu’est-ce qui nous empêche d’appliquer cette saine logique à la situation présente?

    Le chef d’une formation se doit d’être tel qu’un romancier; pouvoir entrainer les gens dans un projet emballant. Les vœux pieux ou la langue de bois ne se supportent que par les fans finis maintenus en éveil par des stimulants. Si Mme Marois s’obstine à demeurer à la tête du PQ, on n’en sera quitte pour un quatrième mandat avec M. Charest. Voilà l’avenir prévisible à la portée de tout véritable sage.

    Par contre, si la dame nous choisirait prioritairement et laisserait place au meilleur candidat ; (Joseph Facal, François Legault…), là on pourrait espérer obtenir le pouvoir. Et pour mettre toutes les chances de notre bord, pourquoi ne pas tenter de fusionner; Québec Solidaire, le PQ et l’ADQ, afin de constituer une force d’intervention particulièrement intéressante. Pour la cerise sur le sundae, j’ai un concept, (projet), novateur qui intéressera autant les fédéralistes que les nationalistes. Mais il me faudrait le développer et être payer pour le faire. J’accepterais cependant d’en exposer les grandes lignes à une personne extrêmement rigoureuse et en mesure de me faciliter les choses.

    Jean Rousseau, B. Ps
    conseiller en psychologie du développement
    courriel: jeanrousseau1956@live.ca

  5. 5 Anthony Le 12 octobre 2010 à 11h18

    Une étude Léger Marketing parue aujourd’hui, le 12 octobre, vient appuyer mon commentaire du 10 octobre.

    À voir :
    http://www.legermarketing.com/documents/POL/1010121FR.pdf

    Conclusions générales de l’étude :

    Grossièrement, la moitié de l’électorat, toute allégeance confondue, serait intéressée, 46% des libéraux, 44% des péquistes, 59% des adéquistes et 58% des solidaires.

    Si un tel parti politique existait aujourd’hui, et qu’il y avait des élections provinciales, c’est lui qui serait élu ! 30% des intentions de votes, contre 27% au PQ et 25 au PLQ. Par son arrivée sur l’échiquier, Force Québec diminuerait l’écart entre le PQ et le PLQ est permettrait une lutte à trois serrée.

    Le nouveau parti diviserait le vote francophone, une majorité de Québécois (61%) pensent que le Québec a besoin d’un nouveau parti politique

    Sur la question de la souverainnté, 48% des gens sondés pensent que ce nouveau parti devrait opter pour un point de vue nationaliste, sans promouvoir la souveraineté. Fait intéressant, 44% des péquistes sont de cet avis.

    Donc il est faux de croire que François Legault et Joseph Facal n’ont aucun attrait chez les souverainistes, et est extrêmement faux de prétendre comme le titre de cet article que : “Force Québec ne verra jamais le jour”.

    Anthony Rémillard,
    Sherbrooke

  6. 6 Richard Le Hir Le 12 octobre 2010 à 11h37

    Réponse @ Anthony

    Une hirondelle ne fait pas le printemps. Voir http://www.vigile.net/Le-bebe-avec-l-eau-du-bain

  7. 7 Anthony Le 12 octobre 2010 à 12h16

    Tout d’abord, merci M. Le Hir de m’avoir répondu, j’apprécie grandement.

    L’hirondelle ne fait pas le printemps, vous avez raison. Je crois que la forte vague d’intérêt sucitée par Force Québec est nécéssairement due au climat actuel : l’exaspération incendiaire face aux libéraux et le désintérêt envers le PQ. Y a-t-il un manque de charisme de la part de la chef péquiste ? J’ai toujours considéré Pauline Marois comme une femme apte à gérer le Québec, mais je constate que beaucoup ne partagent pas mon avis.

    L’idée d’un “sauveur” est donc très alléchante pour les Québécois de par sa nature (et de par la nature des Québécois aussi…), au-delà de ce que ce sauveur aurait à nous offrir, le Québec lui tend les bras et lui dit “Débarrases-nous de…ÇA !”

    Mais que ce passera-t-il ensuite, lorsque MM. Legault et Facal prendront la parole, lorsqu’ils exposeront leurs plans ? Je pense que, comme pour toute organisation politique, la lune de miel passera et les appuis diminueront. C’est tout à fait probable.

    Néanmoins, je suis de ceux qui ont les bras ouverts, je l’avoue. J’attends donc avec impatience de savoir ce que ce nouveau parti peut m’offrir.

    Anthony Rémillard
    Sherbrooke

  8. 8 Pierre Albert Le 17 octobre 2010 à 11h42

    Les Québécois ont besoin d’une nouvelle façon de faire de la politique pour s’intéresser de nouveau à la politique. Ils sont désillusionné et confonde volontairement et avec raison, le PQ et le PLQ qui sont deux partis qui agissent de la même façon en chambre, de la même façon pour la langue de bois, de la même façon pour les promesses électorales, de la même façon pour… Je pourrais nommer des centaines de points de similarités.

    Se renouveau devrait porter non seulement sur la pertinence de la question souverainiste, mais également sur plusieurs autres points.

    Sur les élections proportionnelles.
    Sur la refonte complète du système de santé.
    Sur le système d’éducation.
    Sur les infrastructures du Québec.
    Sur la révision complète du lobbying des fournisseurs de l’état.
    Sur la redéfinition des relations Québec/Ottawa.
    Sur l’environnement.
    Sur le développement économique.
    Sur l’intégration des compétences des nouveaux immigrants.

    Pour nommé que ces points.

    Si plusieurs de ces points ou si plusieurs nouvelles idées se retrouvaient sur la plateforme électorale d’un nouveau parti, celui de Monsieur Legault en l’occurrence, je crois qu’une grande partie de la population voterait pour ce nouveau parti.

    En contre partie, si Monsieur Legault et Force Québec font de la politique de la même façon que le PQ et le PLQ et si ce nouveau parti propose, à nos problèmes de société, les mêmes solutions… Qui ne sont pas des solutions, puisque les problèmes sont récurrents et jamais réglés. Ce nouveau parti ne ferait pas long feu !

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Profil: Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)

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Cet article de 679 a été rédigé par Richard Le Hir il y a 13 ans et 5 mois, le dimanche 10 octobre 2010.

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