Depuis quelques semaines, le gouvernement et beaucoup d’opposants à la grève étudiante ont utilisé la stratégie de la “démonisation” en s’en prenant à l’un des porte-parole de CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubeau, soit en l’associant à toutes les petites dérives dans les manifestations dans le but de personnifier le débat. Le but du gouvernement a été bien sûr de tenter de diviser le mouvement étudiant et de manipuler l’opinion publique, sauf que ce plan n’aura pas fonctionné puisque la FEUQ et la FECQ ont vu très clair dans le petit jeu machiavélique du gouvernement Charest. En fait, une bonne partie de la population, dont la plupart des journalistes et commentateurs politiques, a aussi compris à quoi jouait Jean Charest.
Ceci dit, dans un article de La Presse aujourd’hui 29 avril, titré “Le porte-parole de la CLASSE contesté1”, on laisse entendre que Monsieur Nadeau-Dubois serait contesté et qu’on voudrait le remplacer. Selon le journaliste, “La CLASSE débattra ce soir d’une nouvelle candidature pour un porte-parole afin de remplacer Gabriel Nadeau-Dubois alors que le mouvement étudiant est confronté à des choix déchirants.”
Il y a peut-être contestation, ça reste à voir, mais en étant objectif, il faudrait plutôt y voir une éventuelle “contre-attaque” envers le gouvernement Charest dans une optique de dépersonnification du débat. Si Monsieur Nadeau-Dubois se fait moins voir dans les médias et qu’on nous présente un nouveau porte-parole, ça viendrait couper l’herbe sous les pieds du gouvernement, ainsi que les petits groupuscules de larbins qui se défoulent sur quelques pages Facebook demandant la démission de Nadeau-Dubois.
“La CLASSE est une coalition large, il y a beaucoup d’associations, beaucoup de débats, mais je ne sens pas qu’il y a plus de tensions que celles qui existent depuis le début de la grève. Il y a plusieurs cultures politiques, donc c’est sûr que ça crée des débats”, aurait déclaré Monsieur Nadeau-Dubois.
Je suis convaincu que si Monsieur Nadeau-Dubois était remplacé, il ne sera sûrement pas attristé et n’aura pas à avoir honte du travail qu’il a fait jusqu’à présent en tant qu’un des porte-parole de la CLASSE. Objectivement, ce serait surtout une mauvaise nouvelle du côté du gouvernement, ainsi que du côté des gens pour la hausse, si Monsieur Nadeau-Dubois est remplacé ou “remercié” pour son travail, car tous les efforts pour personnifier le débat seront effacés en criant ciseau.
Suivant un éventuel “remerciement” de Nadeau-Dubois, le gouvernement n’aurait pas le choix de changer de cassette. De plus, toutes les dernières manifestations des étudiants se sont déroulées pacifiquement. Les quelques casseurs, qui ne sont pas nécessairement des étudiants, se sont fait remettre à leur place par les manifestants.
Puisque la CLASSE a un système de communication horizontal et que son organisation est davantage démocratique que, par exemple, l’organisation du PLQ, au sens où il n’y a pas de chef qui peut s’accrocher au pouvoir de façon indue et pathétique, mais plutôt des porte-parole qui peuvent être “remerciés” si les intérêts des “représentés” peuvent être mieux servis par de nouveaux porte-parole, la CLASSE, en changeant de porte-parole, donnerait par le fait même une belle leçon de démocratie au gouvernement.
Ajout: Dans une entrevue du côté de TVA, Monsieur Nadeau-Dubois aurait précisé qu’il n’y a aucun vote de prévu pour le destituer de sa fonction de porte-parole. Dans l’article sur le site de TVA2, on peut lire:
Il [Nadeau-Dubois] rappelle qu’il n’est pas le leader de la CLASSE, mais simplement un porte-parole. «Je ne siège pas sur le comité de négociation de la CLASSE», explique-t-il, ajoutant que de changer de porte-parole, «ne change pas le message de la CLASSE.»
De plus, la CLASSE précise sur Twitter:
Ainsi, en premier lieu, du côté de la Presse, on a supposé qu’il y avait une contestation, même si Monsieur Nadeau-Dubois avait dit ne pas y voir de contestation. Par la suite, ce dernier a simplement répété la même chose du côté de TVA. Bref, le journaliste de la Presse avait peut-être donc lui-même décidé qu’il y avait contestation.
En bout de ligne, il n’y a pas de contestation. Il serait seulement question d’un nouveau porte-parole qui viendrait s’ajouter à ceux déjà en place et il n’est pas question pour le moment d’un retrait pour Gabriel Nadeau-Dubois.