Le samedi 25 juin 2011

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Pour le bien de la cause, Pauline Marois doit s’éclipser

Si nous faisons abstraction de cette nécessité de remplacer Pauline Marois, le PQ s’en va tout droit à l’abattoir

L'indépendance du Québec ]

Par RRQ

Depuis qu’elle est chef, le jugement de Pauline Marois a été mis à rude épreuve. Dernièrement, ce fut pire que pire. Un chef qui manque aussi cruellement de jugement ne saura jamais conduire le Québec à l’indépendance, surtout que le chef en question semble poursuivre des objectifs plus urgents: devenir première ministre par exemple.

Les événements des derniers jours ont confirmé bien des propos que j’avais tenus en 2008, lors de l’arrivée de Pauline Marois à la tête du Parti Québécois. À l’époque, j’avais été le seul à m’opposer publiquement à l’idée que Pauline Marois devienne chef du principal parti du mouvement souverainiste. Après la catastrophe André Boisclair, les militants étaient prêts à accepter à peu près n’importe qui à la tête du parti, même Pauline Marois. Mes sorties médiatisées ne m’avaient pas valu que des amis, c’est le moins que l’on puisse dire; mais peu m’importait.

Je sais, je sais, ce n’est pas tellement gentil d’utiliser la célèbre formule « je vous l’avais-tu dit » afin de bien souligner à traits gras que l’on avait raison. Mais je le fais aujourd’hui pareil, baveux que je suis. J’espère que vous ne m’en voudrez pas trop…

En 2008, je m’opposais à Pauline Marois pour bien des raisons, mais surtout parce que je savais pertinemment que cette politicienne était loin d’être une pasionaria de l’indépendance. Son bilan le prouvait amplement. Qui plus est et à l’instar de Talleyrand, la dame avait survécu à peu près à tous les régimes, prouvant ainsi qu’elle était parvenue à s’accomoder de toutes les directions péquistes, des autonomistes aux indépendantistes. Ses convictions étaient (et sont) malléables à souhait, cela le démontrait bien.

J’avais également vu de près (j’ai effectué un petit contrat au cabinet Landry en 2004) le camp Marois magouiller comme des déchaînés afin de ravir la tête du parti à Bernard Landry. Pendant que Charest plaçait ses pièces, pendant qu’il préparait ses coups funestes contre le Québec, Pauline Marois ne trouvait rien de mieux à faire que de grenouiller afin de gravir enfin la hiérarchie du parti jusqu’aux plus hauts sommets. La gloire personnelle passait avant la cause, c’était clair. Et cela m’avait profondément dégoûté.

Ce que j’avais moins bien détecté à l’époque, c’est le manque de jugement de la politicienne Marois. Bon, nous avions encore tous à la mémoire l’affaire des toilettes silencieuses, des frasques de la ministre en Éducation et en Santé, mais bon, cela ne dénotait quand même pas un manque de jugement flagrant, enfin, pas pire que la capacité de jugement qui animait les autres politiciens.

Mais depuis qu’elle est chef, le jugement de Pauline Marois a été mis à rude épreuve. Dernièrement, ce fut pire que pire. C’était clairement une bourde d’amateur d’amener le PQ à défendre l’entente quasi secrète unissant la ville de Québec et Quebecor dans le dossier de l’amphithéâtre, entente qui pourrait qui plus est être carrément illégale selon certains experts. Mais c’était encore plus niais de proposer un projet de loi privé afin de soustraire cette entente aux poursuites potentiellement lancées par des citoyens. Surtout que le projet de loi a été déposé après la date limite, ce qui exigeait dès lors l’unanimité des parlementaires pour procéder à son adoption.

Sur un plateau d’argent, les péquistes, Agnès Maltais en tête, ont servi un cadeau mirobolant à Amir Khadir. La décision lui revenait. Il avait le droit de vie ou de mort sur le projet péquiste. Il ne se gêna pas pour le tuer. Considérant que Québec solidaire ne cesse de progresser dans les sondages, grugeant les votes du PQ, on se serait au moins attendu à ce que Pauline Marois ne donne pas des coups de pouce au parti d’Amir Khadir.

Mais ce premier manque de jugement n’était rien en comparaison du suivant. Permettre à 12 « jeunes » députés d’écrire une lettre aux journaux pour demander à Jacques Parizeau de se taire, c’était une maladresse sans nom, disgracieuse à souhait. N’importe qui aurait pu prévoir la crise qui en découlerait et qui ne serait certes pas à l’avantage du PQ. N’importe qui sauf Pauline Marois on dirait bien. De ce fait, le PQ a donné un second tour à la crise qui le secoue violemment depuis le claquage de porte des quatre démissionnaires Aussant, Beaudoin, Curzi et Lapointe. L’avenir est sombre pour le PQ, mouture Marois.

Un chef qui manque aussi cruellement de jugement ne saura jamais conduire le Québec à l’indépendance, surtout que le chef en question semble poursuivre des objectifs plus urgents ; devenir première ministre par exemple, quitte à cacher l’article 1 pour y parvenir. C’est donc Jean-Martin Aussant qui avait pleinement raison: Pauline Marois devrait laisser sa place, position qui est aujourd’hui partagée par le chroniqueur et enseignant Louis Cornellier. Que je défende moi aussi cette analyse ne surprendra personne..

Certains rétorqueront qu’on ne peut changer encore une fois de chef, que cela n’a plus aucune allure, que les élections approchent et bla bla bla. Il est vrai qu’il serait préférable de poursuivre le combat sans changer de chef encore une fois. Mais pour ce faire, il faudrait que le combat soit vraiment mené. Ce qu’il n’est pas, n’en déplaise aux deux ou trois partisans passionnés de Pauline Marois.

Dans de telles circonstances, nous n’avons d’autre choix que de faire tomber la dame. Son remplaçant devra être choisi rapidement (évitons les courses à la chefferie comme on en a connues par le passé qui alimenteront les tensions), comme l’a été Pauline Marois d’ailleurs. Parmi les prétendants que j’envisagerais, il y a Pierre Curzi. Mais aussi Jean-Martin Aussant que je ne connais pas beaucoup mais dont j’entends beaucoup de bien. Et il est clair, à mes yeux, que Lisette Lapointe devra occuper des fonctions très importantes dans ce nouveau Parti Québécois.

En tout cas, une chose est sûre et c’est que nous devons cette fois choisir un chef qui sera véritablement décidé à faire l’indépendance. Josée Legault a déjà bien établi que le problème principal du PQ était qu’il se choisissait des chefs qui ne marchaient pas dans la même direction que les militants. Cette fois, ne répétons pas cette erreur.

Si nous faisons abstraction de cette nécessité de remplacer Pauline Marois, le Parti Québécois s’en va tout droit à l’abattoir, ni plus ni moins. Pauline Marois n’est aucunement populaire auprès des Québécois, tout le monde le sait. Autour de moi, dans les rangs militants et dans les terreaux autrefois acquis au PQ, j’entends désormais beaucoup plus parler de Québec solidaire que du Parti Québécois. Cela en dit long. Après la débarque du Bloc, le Québec ne peut se payer le luxe de voir le Parti Québécois s’effoirer.

Pour le bien de la cause indépendantiste et du Québec, Pauline Marois n’a plus le choix: elle doit s’éclipser et le plus tôt sera le mieux.

3 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Réjean Le 27 juin 2011 à 2h21

    Petit truc pour élire un chef:

    Au PQ, si vous souhaitez élire un chef qui marche dans la même direction que ses militant, ne choisissez pas un inconnu, car vous ne pouvez avoir d’idée de ce qu’il peut faire! Sinon, la même erreur risque fort de se répéter.

    Choisissez un indépendantiste, s’il vous en reste.

    Ceci étant dit, le Parti Québécois est dès à présent lui-même en cause au Québec, ne rejetez pas le blâme uniquement sur Madame Pauline Marois. La faute en revient à plusieurs personnes et surtout à son programme politique qui change continuellement, comme un caméléon change de couleur.

    Le PQ n’est plus ce qu’il a été à ses début: un Parti Indépendantiste. Les Claudes Morin, Lucien Bouchard et cie l’ont fédéralisé.

    Quant à moi,de toute façon je voterai désormais pour un candidat indépendant. Ou mieux, un candidat du Parti Indépendantiste de Monsieur Éric Tremblay s’il s’en présente un dans mon comté. Ce parti ne tente pas d’endormir la Nation Québécoise avec d’inutiles référendums que le PQ, pseudo parti indépendantiste, lui-même n’écoute même pas.

    Hé oui! C’est Monsieur Jacques Parizeau qui a toujours eu raison: il faut des élections référendaires pour sortir la fédération canadienne du Québec et réaliser à présent le Pays Québécois de langue française.

    L’argument qui prétend que des élections référendaires ne sont pas viables est sans valeur au Québec. Cela demeure démocratique et peut être tout aussi viable qu’un référendum. C’est même plus démocratique qu’un référendum qui lui peut être remis dans le temps à l’infini par une dictature politique.

    Les Québécois sont intelligents. C’est la démocratie qu’ils veulent et ils ont très bien compris qu’un référendum n’est plus démocratique quand il est sans cesse remis dans le temps. Ce qui n’est pas le cas des élections qui, elles, sont démocratiques, qu’elles soient référendaire ou non.

    Si quelqu’un ose dire qu’il anti-démocratique de déclarer immédiatement l’indépendance du Québec si une majorité de députés indépendantistes d’un même parti est élue, alors que cette personne m’affirme à présent que les élections sont démocratiques au Québec, dans un bel élan de contradiction et d’hypocrisie, ou d’ignorance de ce que signifie le terme “élection référendaire”!

    Définition: une élection ne change pas de nature parce qu’on la qualifie de “référendaire”. Une élection référendaire reste une élection comme nous les connaissons si bien au Québec. On ajoute “référendaire” quand au moins un des partis politiques qui se présentent déclare dans son programme que s’il devient le gouvernement, dès son accession à la gouvernance il RÉALISERA un changement majeur quelconque, exemple: déclencher immédiatement le processus de dé-fédéralisation du Québec et en faire un Pays.

    “Référendaire” n’est qu’un mot qui ne change rien au processus des élections, sauf si des gens se mettent à tricher. Or c’est illégal et anti-démocratique de tricher.

    Vive la Nation Québécoise!
    Vive la démocratie!
    Vive le Pays Québécois de langue Française!

  2. 2 Jean Paul Tellier Le 27 juin 2011 à 14h39

    Pourquoi pas l’indépendance sans le PQ.
    http://bit.ly/jy3E6p

    L’indépendance par l’élection majoritaire de députés indépendantistes à l’Assemblée nationale.
    http://bit.ly/k606X2

  3. 3 Jean Paul Tellier Le 27 juin 2011 à 14h59

    Il faut commencer l’éducation populaire avec un plan de match qui dit les vraies affaires. Mettre de l’avant une pédagogie de l’indépendance qui soit claire.Rendre l’indépendance désirable.Faire comprendre le projet.Avant de décider de son destin, il faudrait savoir de quoi il sera fait.
    http://bit.ly/lerEm0

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Cet article de 1,109 a été rédigé par Réseau de Résistance du Québécois il y a 12 ans et 9 mois, le samedi 25 juin 2011.

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