Le lundi 16 mai 2011

QuébecPolitique

Layton, innocent ou chauffard de la politique?

Le bon Jack n'a pas fini de nous cafouiller des protestations de bonne foi et de sincérité

Canada ]

Par Richard Le Hir

La responsabilité du NPD est énorme, et elle deviendra de plus en plus apparente et accablante. Cela va devenir une énorme source de tensions pour toutes les parties concernées: les nouveaux élus, leurs proches, le NPD, Jack Layton, Thomas Mulcair, déjà désigné à l’encadrement, les commettants des élus, le Québec, et même le Canada tout entier.

Mettons de côté si vous le voulez bien la défaite du Bloc Québécois, et examinons un peu la situation telle qu’elle se présente aujourd’hui.

Le NPD a fait élire 59 députés au Québec. Cinquante-neuf sur un total possible de 75. Aucun parti n’a réalisé une telle performance depuis les belles années de Pierre-E. Trudeau. Et je ne crois pas qu’il soit méchant de souligner que le NPD au Québec n’a ni les racines, ni l’histoire, ni l’appareil, ni l’expérience, ni les réalisations, ni le leadership que pouvait avoir le PLC au temps de Trudeau.

Le fait est que l’élection d’un nombre aussi important de députés du NPD au Québec cette année s’explique difficilement autrement que par l’existence chez les Québécois d’un énorme sentiment de frustration et de ras-le-bol dont nous connaissons les causes politiques, et dont le NPD s’est trouvé bien malgré lui, sinon à son corps défendant, à être le bénéficiaire. Car au moment du déclenchement des élections, pas un seul analyste politique au Canada n’avait la moindre idée de ce qui allait se passer.

***

Ceci m’amène donc à vous suggérer d’entrée de jeu qu’il pourrait être assez dangereux de se contenter d’une seule lecture politique des événements que nous venons de vivre, et qu’il serait sans doute plus avisé de rechercher des explications à la montée de lait des Québécois du côté de la psychologie des foules, ou du moins de tempérer fortement nos conclusions sur la nouvelle situation politique avec des considérations d’ordre psychologique.

***

Cela dit, c’est tout de même dans la sphère politique que ce séisme a eu lieu, et c’est là qu’il aura des conséquences, aussi involontaires soient-elles.

Commençons par nos nouveaux élus. Sur les 59 qu’ils sont, il y en a au moins 56 qui n’avaient aucune idée qu’ils risquaient d’être élus. Je n’avance pas ce chiffre au hasard. Le NPD n’est jamais parvenu à faire élire plus d’un élu au Québec, et rien dans les événements qui se sont produits ces dernières années ou même ces derniers mois ne pouvait laisser suggérer que de fortes braises socialistes couvaient sous la cendre.

Bien au contraire, un vent de droite semblait souffler sur le Québec, le vent des Lucides, des Legault, Sirois et Facal, de l’Institut économique de Montréal, du Réseau Liberté, délibérément amplifié par des médias à la solde des empires Power et Québécor, à la recherche de nouvelles sources de pouvoir et de profit. C’est d’ailleurs sans doute eux qui sont les plus dépités par la tournure des événements car elle dérange fortement tous leurs plans.

Donc, pas plus de 3 des 59 élus du 2 mai qui s’étaient un seul instant imaginés être élus. Et sur les 3 en question, 2 d’entre eux étaient d’un optimisme délirant. Mettons-nous maintenant dans la peau des 56 personnes élues qui ne s’attendaient pas à l’être. Il y a parmi eux, on l’a appris, des étudiants, des unilingues anglophones, des mères célibataires, des pères de jeunes familles, des gens sans formation, sans préparation, bref du monde ordinaire (ceci dit sans aucune connotation péjorative) dont la vie va être totalement chamboulée alors qu’ils ne s’y attendaient pas du tout.

Même les personnes les mieux préparées à la vie politique, et c’était mon cas lorsque j’ai été élu en 1994, ne se doutent pas de ce qui les attend, des déplacements incessants, de tout le temps qu’il faut passer avec des inconnus avec lesquels on n’a souvent aucune affinité, des enjeux et des données qu’il faut assimiler, du temps qu’il faut consacrer aux autres au détriment des siens et de soi-même, de ces caucus qui s’éternisent, des conciliabules à n’en plus finir, des crises qui se succèdent, aussi bien artificielles que réelles, des nuits passées dans les couloirs du Parlement ou de l’Assemblée à attendre on ne sait plus trop quoi au juste, bref de toutes les servitudes de la vie politique que seuls peuvent accepter ceux qui ont vraiment ça dans le sang.

Il y a aussi cette déconnection avec le monde réel qui survient plus ou moins rapidement selon les fonctions que vous occupez et la durée de votre mandat. Et le besoin de vivre à deux endroits à moins d’être déjà un résident de la capitale, la complexité de l’organisation, l’impression de ne plus être chez soi nulle part… Et dites-vous bien que c’est encore pire que ce que je viens de décrire.

Quand c’est une occasion que vous recherchez, que ça correspond à votre plan de carrière, c’est déjà difficile. Imaginez maintenant ce que ça peut être lors que ça vous tombe dessus « comme un cheval sur la soupe », comme je l’ai justement entendu dire en politique. Or voilà que ce malheur s’abat sur 56 innocents dont la vie ne sera plus jamais la même par la suite, dont la vie risque d’être détruite car, ne nous y trompons pas, la politique est destructrice, un « sport extrême » comme se plaisait à le dire Jacques Parizeau.

***

Plongez maintenant ces 56 innocents qui n’en demandaient pas tant dans le milieu dans lequel ils vont vivre, et demandez-vous ce qui risque de se passer. Je peux vous le dire tout de suite sans risque de me tromper. Cela va devenir une énorme source de tensions pour toutes les parties concernées : les nouveaux élus, leurs proches, le NPD, Jack Layton, Thomas Mulcair, déjà désigné à l’encadrement, les commettants des élus, le Québec, et même le Canada tout entier.

Vous croyez que j’exagère? Hélas, je voudrais bien que ce soit le cas. Mais la politique est un univers fragile qui a le frémissement facile, et l’arrivée inopinée d’une bande de néophytes, aussi sympathiques et aussi bien intentionnés soient-ils, peut avoir de très graves conséquences. La politique canadienne est un champ miné. Une déclaration maladroite peut précipiter le pays en crise, un parti en crise. Il en va de même pour une interprétation erronée, et même les silences peuvent être coupables! Vous comprenez donc que nous sommes entrés dans une zone dangereuse où tous les dérapages deviennent possibles, dérapages qui vont nécessairement occasionner des dommages.

***

Dès lors qu’on évoque la perspective de dommages, se pose la question de la responsabilité, et, en l’espèce, elle est particulièrement accablante pour le NPD. D’abord envers les personnes qu’il a choisies pour se porter candidats dans des comtés où il n’avait aucune organisation. Aucune association de comté digne de ce nom, aucun processus de mise en nomination, rien!

Ces personnes sont donc à juste titre qualifiées de « poteaux » dans la grande majorité des cas. Elles n’ont pas été choisies au terme d’un processus démocratique digne de ce nom, mais plutôt selon un processus aléatoire du genre « un trou, une cheville ». Leur légitimité s’en trouve durement affectée, et ils n’en sont même pas conscients, car ils sont trop inexpérimentés. Leur vie va se trouver bouleversée parce qu’ils se sont laissés « enfirouâper » par des chauffards de la politique qui se sont bien gardés de jouer cartes sur table avec eux.

Pour ce qui est censé être un « Nouveau parti DÉMOCRATIQUE », vous avouerez avec moi que ça la fout plutôt mal en partant. Même les vieux partis qui n’en sont pourtant pas à une coche mal taillée près, ne poussent pas la stratégie des « poteaux » à cet extrême. À peine quelques uns dans des comtés qu’ils savent perdus d’avance, mais où ils doivent maintenir leur image de parti national. Mais à l’échelle pratiquée par le NPD, il ne s’agit plus d’une stratégie, il s’agit d’une imposture!

Et cette imposture va loin. Elle joue auprès des électeurs des comtés qui n’y ont vu que du feu et se sont laissés berner par l’apparence de la normalité. Elle joue auprès de la population du Québec toute entière qui en devient captive et va voir ses intérêts se décider sur une base qui est sinon totalement fausse du moins très déficiente en partant. Elle joue sur le processus politique canadien qui va fonctionner selon des prémisses possiblement fausses. Elle joue sur la population du reste du Canada qui va se faire une opinion du Québec et des Québécois qui sera nécessairement erronée, et Dieu seul sait qu’on n’avait pas besoin d’en rajouter à ce chapitre !

La responsabilité du NPD est donc énorme, et, à chaque jour qui va passer, elle deviendra de plus en plus apparente et accablante. Les premiers surpris seront sans doute les néo-démocrates eux-mêmes. Ils plaideront la main sur le coeur qu’ils n’ont jamais eu d’intention malveillante, et je serai le premier à les croire. Ils vous diront qu’ils n’ont fait que se prévaloir des dispositions de la loi sur le financement des partis politiques qui les a poussés à adopter cette stratégie, et qu’ils n’ont jamais vu que cela déboucherait sur un tel fiasco, et là encore il faudra les croire.

Mais en même temps qu’il faudra les croire, il faudra savoir qu’on est en face d’une bande d’apprentis sorciers de la politique qui n’ont aucune formation sérieuse, ni en sciences politiques, ni en droit, ni surtout en éthique. Et pour ma part, je ne serai pas rassuré. Je serai même plutôt inquiet de savoir que notre démocratie est si fragile qu’elle peut-être détournée par une bande d’innocents, aussi bien intentionnés soient-ils.

Et le bon Jack dans tout ça ? Et bien le bon Jack n’a pas fini de nous cafouiller des protestations de bonne foi et de sincérité. Lui aussi, il faudra le croire. Mais on n’en pensera pas moins. Voilà comment le succès d’un jour tourne au cauchemar.

***

Mais la recherche des responsabilités ne s’arrête pas là. Les néo-démocrates ont eu de l’aide, une aide qu’ils n’avaient sans doute pas sollicitée, mais qu’ils tout de même bien contents d’avoir obtenue, et c’est l’aide des médias et des « spin doctors » fédéralistes qui ont vu dans la poussée du NPD une occasion de se défaire à bon compte du Bloc Québécois.

Leur stratégie a réussi. Trop bien même, car ce qu’ils ont gagné d’une main, ils l’ont perdu de l’autre. Les voilà pris avec la perception que les Québécois sont de gauche, eux qui tentaient désespérément de les convaincre du contraire pour mieux les déposséder de leurs ressources !

Des apprentis sorciers vous disais-je déjà dans mon analyse du 3 mai.

5 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 Ginord Le 16 mai 2011 à 10h42

    Cet article de Mr Le Hir est bouleversant de lucidité. Faut-il appréhender une telle dérive à la prochaine élection provinciale (dans deux trop longues années)?
    L’A.D.Q.,Legault et autres casseurs d’unité semblent déjà paver la voie à une semblable déroute qui serait catastrophique. Il faut surtout se méfier des médias complaisants qui aliment la division pour laisser le “volant” aux mêmes chauffards et manipulateurs d’opinions. L’urgence du “pays en vue” doit nous garder vigilants et en état d’alerte !
    Qu’on se le dise !

  2. 2 Serge Clément Le 16 mai 2011 à 12h30

    OUI ! Je suis très heureux de constater que les citoyens se sont finalement débarrassés de la vieille merde Liérale et aussi du Bloc critiqueux qui n’a pas été foutu de faire quoi que ce soit pour prendre le pouvoir.
    Duceppe, l’ors d’une visite dans l’Ouest canadien avait fortement impressionné et beaucoup de “Winnipegers” auraient été enclins de voter pour un Bloc canadien.
    Depuis 20 ans, le Bloc a critiqué et jamais n’a eu l’idée de prendre les choses en main pour diriger le pays et probablement faciliter l’affranchissement des provinces. Je crois que le “Tsunami” politique est une très bonne leçon pour les politiciens qui prennent leurs postes pour acquis. Dehors les “vieilles médailles” et quand j’entend les gens ridiculiser les nouveaux venus sans expériences, ils oublient un détail, vaut mieux que des erreurs honnètes se produisent que de subir les “crocheries” des politiciens expérimentés. Dire que les Libéraux, en désespoir de cause, on fait appel à Ti-Jean Chrétien, celui-là mème qui a “fourré” royalement les québécois. Quant à Monsieur Harper, on semble oublier qu’il a toujours tenus ses promesses politiques. Ce qui est loin des promesses Libérales. Concernant le Bloc, aucune promesse sachant que la vocation était de toujours critiquer sans jamais vouloir rien faire. Les “critiqueux” ne sont-pas des grands “faiseux” de toute évidence.
    Bon débarras et bravo québécois, pour une fois, vous n’avez-pas agis comme des moutons aimant se faire tondre.
    De toute façon, la politique ne pourra ètre pire que ce qu’elle est présentement. En passant, je prédis un bon nettoyage au Québec. Dehors la vieille crasse Libérale.
    Les citoyens en ont ras le bol de vos manigences.
    Eh voilà ! J’imagine que pour les prochains 4 ans, le NPD n’aura de choix que d’agir honnètement, juste cela sera une bonne amélioration politique. Et bonne chance au NPD de Monsieur Layton. On semble avoir peur des Conservateurs et pourtant, règle générale, ils agissent avec diligence. On ne peut en dire autant des Libéraux qui ont changé d’idée a toutes occasions qui les accomodaient et non-pas pour accomoder les citoyens.
    Quel parti a “couillonné” dans les commandites, achats de sous-marins, achats d’avions à double prix, vol de l’assurance chomage, etc, etc.
    Assez c’est assez et donnons une chance au NPD de se prouver. Quant aux “critiqueux” j’espère qu’ils ont compris le message une fois pour toutes.
    Ou est-ce trop demander ? J’ai voté NPD et en suis fort aise, ne serait-ce que pour nettoyer la place.
    Faut croire que plusieurs ont pensés comme moi.

  3. 3 ronald richard Le 16 mai 2011 à 15h55

    Monsieur Le Hir,
    vous lire me fait grand bien.
    J’ai parfois l’impression du peuple québecois
    comme un troupeau de bison que des indiens
    affolent vers le précipice…
    Oui, je veux être dans l’erreur:
    ma “fracture” s’est faite lorsque les “sondages” révélaient Landry le gouvernement le plus estimé
    mais donnaient l’ADQ gagnante pour le”changement”
    Depuis, les possédants, vous le soulignez heureusement, mettent tout en oeuvre pour vider les tiroirs et augmenter le cynisme, la débandade du bloc
    est aussi à quelque part je le crains une débandade
    face à ce qui menace notre avenir collectif.

    Comment se fait-il que l’option souverainiste
    ne parvient qu’à plafonner: elle n’est donc pas
    porteuse?. Je crois que des “missions” devraient
    aller s’enquérir auprès des pays qui ont acquis leur indépendance depuis notre échec référendaire.
    Accepter, oui, des “leçons” du Sud-Soudan, ou du Kosovo, ou des États Baltes.
    (Lorsque je voyage aux États-Unis, je vois plus de drapeaux en un mille que tout autour de l’Île d’Orléans: j’ai fait le compte juillet dernier, deux!)

    Patrie, pays, nation et là ou l’Europe et les Américains sont fiers, ici ces termes sont ringards.
    Là c’est un sacré gain pour les fédérastes! Voyez comment, de journal à sensation en ombre portée d’Ignatief l’on essaie de nous enfiler un deuxième Trudeau. Et je sais qu’ils vont y parvenir.
    Hier même, Power Desmarais fils affirme ne pas chercher à influencer le gouvernement et dans “Canadian Establishment” Desmarais père se vante
    d’avoir décidé Daniel Johnson de ne pas “déclarer unilatéralement l’indépendance” (avouons que c’est gros)
    Comment Desmarais en est-il arrivé à se tailler un domaine dans le parc des Laurentides, à même ledomaine public, surveillé par la Sûreté du Québec alors que le moindre citoyen ordinaire paie d’une sacrée tranche de vie le moindre terrain urbanisé?
    La classe dirigeante actuelle veut “le beurre et l’argent du beurre”. Tel Péladeau à Beauceville fermé en barbare une imprimerie avec l’aide de la même Sûreté, et “léguer” son nom à un stade pour le blanchir.
    Revoyure, Ronald Richard

  4. 4 Jean Paul Tellier Le 16 mai 2011 à 21h50

    Au Québec, les sondages montrent depuis plusieurs mois que les Québécois rêvent d’une alternative aux vieux partis que sont le PLQ et le PQ. Il y a un alignement naturelle pour la fusion ADQ et François Legault.Les Québécois n’ont pas envie de refaire le débat constitutionnel.Pauline Marois et Jean Charest sont identiquement populaires.

  5. 5 Jean Paul Tellier Le 17 mai 2011 à 3h59

    La trajectoire fédérale du Québec.

    [ « À tour de rôle, les libéraux, les progressistes-conservateurs et, maintenant, le Bloc québécois ont appris à leurs dépens qu’en faisant du Québec leur pierre angulaire ils avaient construit sur du sable.

    Comme le NPD de Jack Layton aujourd’hui, chacune de ces formations a débarqué sur la colline du Parlement avec un contingent québécois novice. En 1984, Brian Mulroney ne connaissait pas bon nombre de la soixantaine de députés québécois qu’il avait fait élire. En 1993, certains des élus bloquistes de Lucien Bouchard n’avaient pas compris qu’ils allaient devoir vivre à Ottawa plusieurs mois par année.

    Pour le meilleur et parfois pour le pire, le dépoussiérage de la classe politique fédérale depuis 40 ans est beaucoup passé par de grands coups de balai québécois.

    Mais l’histoire montre également qu’avant de passer à d’autres amours le Québec est d’abord capable d’une remarquable fidélité.

    Pierre Trudeau a régné sans partage sur le Québec pendant une quinzaine d’années. Brian Mulroney a eu droit à une décennie. Contre bien des attentes, le Bloc québécois a survécu tant à la défaite référendaire de 1995 qu’au départ de son chef fondateur, Lucien Bouchard, et à l’exil dans l’opposition du Parti québécois.

    Il a fallu sept élections avant que le Bloc finisse par se heurter à un mur.

    Tout cela pour dire que les vaincus québécois du 2 mai qui se consolent de leur défaite en imaginant qu’ils vont prendre leur revanche dans quatre ans s’illusionnent peut-être.

    En envisageant le risque de déroute du PLC quelques jours avant le scrutin, un stratège libéral angoissé pour l’avenir de son parti faisait remarquer que quand le NPD débarquait quelque part, il avait tendance à s’incruster.

    Jusqu’à ce qu’Alexa McDonough prenne les rênes du NPD fédéral, au milieu des années 1990, le parti était absent de la carte des provinces de l’Atlantique. Sous l’impulsion de cette chef néo-écossaise, le NPD a fait une première apparition en Nouvelle-Écosse et au Nouveau-Brunswick au scrutin de 1997.

    À l’époque, on avait attribué ce phénomène à un vote de protestation suscité par la réforme de l’assurance-emploi libérale et par les racines d’Alexa McDonough dans la région. Lors de son remplacement par Jack Layton, en 2002, beaucoup pensaient que c’en était fait de la fragile présence néo-démocrate à l’est du Québec. Ils se trompaient.

    Aujourd’hui, le gouvernement de la Nouvelle-Écosse est néo-démocrate. Aux élections fédérales de 2008, le parti a gagné un premier siège à Terre-Neuve-et-Labrador. Le 2 mai dernier, la région de l’Atlantique a été la scène d’une chaude lutte à trois entre conservateurs, néo-démocrates et libéraux.

    Dans la foulée de la victoire de Thomas Mulcair dans Outremont, en 2007, le NPD a également connu une croissance exponentielle en sol québécois. Au scrutin de 2008, la formation de Jack Layton avait scié les jambes du PLC dans une dizaine de circonscriptions fédéralistes. En 2011, c’est le Bloc qui est passé à la moulinette néo-démocrate.

    Avec des députés à Victoria, Vancouver, Edmonton, Winnipeg, Toronto, Montréal, Québec, Halifax et St. John’s, le NPD est désormais implanté dans davantage de grandes villes canadiennes que les libéraux.

    Installé dans l’opposition officielle pour quatre ans, le parti aura le temps de faire son nid au Québec. Aux côtés d’un Bloc québécois moribond et d’un PLC en proie à une crise existentielle, face à un gouvernement dénué d’atomes crochus avec le Québec, le NPD aura l’occasion d’occuper tout le terrain de l’opposition,à la chambre des Communes et dans les clips quotidiens des médias.

    La guerre prévisible entre le NPD et les conservateurs n’aura pas nécessairement lieu sur le terrain sensible des relations Canada-Québec. Pour réconcilier sa vision d’un gouvernement central fort avec ses ambitions québécoises, le NPD de Jack Layton s’est converti au concept du sur-mesure pour le Québec. À l’instar de Stephen Harper, le chef néo-démocrate adhère au principe de relations fédérales-provinciales asymétriques, tout au moins dans le cas du Québec.

    En attendant, si le passé est garant de l’avenir, Jack Layton a de sérieuses chances d’être davantage que la star d’un soir du scrutin de 2011 au Québec.»]

    Source ; Chantal Hébert,l’Actualité,13/5/2011

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Article original: Vigile.net

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Profil: Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)

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Cet article de 1,691 a été rédigé par Richard Le Hir il y a 12 ans et 11 mois, le lundi 16 mai 2011.

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