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Crise sociale dans le Nunavik: le Plan Nord déjà compromis

Dans l’attente depuis plus de deux ans du fameux Plan Nord, le député de Lac-Saint-Jean et porte-parole de l’opposition officielle en matière d’affaires autochtones, Alexandre Cloutier, et le député d’Ungava et porte-parole en matière de développement du Nord, Luc Ferland, dénoncent l’inaction du gouvernement Charest qui ne fait rien pour atténuer la crise sociale au Nunavik.

« Le premier ministre Charest était fier de dire dans son discours inaugural qu’en moins de 100 ans, l’espérance de vie à la naissance s’est accrue de plus de 30 ans au Québec. Or, seulement depuis 1991, l’espérance de vie a baissé de 66,5 à 62,8 ans au Nunavik, soit 17 ans de moins que l’espérance de vie de tout le Québec. Les problèmes sociaux sont nombreux au Nunavik et le Plan Nord, qui n’existe toujours pas, est déjà compromis si le gouvernement ne règle pas ces problèmes criants », a déclaré Alexandre Cloutier.

En effet, il y a quelque temps, le président de la Société Makivik, Pita Aatami, déclarait :« Quebec must address our reality in their Plan Nord before even thinking of any development on our territory ». Cette déclaration signifie que si le gouvernement ne fait rien pour régler la crise du logement et le coût de la vie exorbitant du Nunavik, les Inuits vont tourner le dos au Plan Nord, compromettant sa réalisation.

Une crise qui trouve sa source par le manque criant de logements

En 2007, la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse rendait public un rapport alarmant faisant état d’un nombre élevé de signalements. Or, deux ans plus tard, les signalements ont explosé, le gouvernement libéral ayant tardé à appliquer les recommandations.

« L’annonce de 300 logements n’a rien donné parce que le gouvernement a tardé et la situation s’est envenimée. Il manque 1000 logements sociaux au Nunavik pour combler le déficit actuel, sans tenir compte des besoins futurs. Actuellement, 3289 familles vivent dans 2294 unités de logements sociaux. Près de la moitié des logements sociaux abritent plus d’une famille, ce qui signifie que trop souvent, on retrouve de 12 à 15 personnes dans un même logement. C’est inadmissible », a pesté M. Cloutier.

Un coût de la vie qui explose

Pour sa part, le député d’Ungava s’est dit inquiet des changements que pourrait apporter le gouvernement fédéral dans ses programmes pour offrir des aliments sains et des articles d’utilité courante dans le Nord à un prix raisonnable.

« Ce qui me choque, c’est que le gouvernement du Québec a laissé faire Ottawa sans intervenir. Et comme si ce n’était pas suffisant, le gouvernement Charest tergiverse sur six mesures d’aide qui se terminent le 31 mars prochain. À lui seul, l’abandon du Programme alimentaire pour le Nunavik pourrait faire augmenter de 20% le coût de plusieurs produits essentiels, tels que le lait, le pain, les couches et le papier hygiénique », a indiqué Luc Ferland.

« On nous fait miroiter un plan révolutionnaire, qui transformera le Nord du Québec, avec des barrages, des mines, du tourisme d’aventure. Toutefois, on se soucie peu des habitants du Nord afin qu’ils puissent se nourrir et vivre à un coût comparable aux habitants du Sud. Il est inadmissible que des mères ne puissent acheter de lait maternisé pour leurs bébés à cause du coût prohibitif du produit au Nunavik. Le Nord, ce n’est pas juste une terre pour faire fructifier l’économie du Québec, c’est aussi une terre où habite un peuple dans la misère. Le gouvernement libéral a l’obligation de s’en occuper », a conclu Luc Ferland.