Le samedi 26 juin 2010

QuébecPolitique

Le PQ s’entête à reprendre à son compte l’idiosyncrasie adéquiste

L'ADQ renaît de ses cendres

Par RRQ

Si le PQ s’entête à reprendre à son compte l’idiosyncrasie adéquiste, il ne sera plus d’aucune utilité pour les Québécois qui ont besoin d’instruments pour accélérer la marche du Québec vers sa libération et non pas d’un nouveau parti « réformateux » de Canada.

Tel le phénix, l’Action démocratique du Québec semble increvable, et ce, malgré les pronostics annonçant sa mort à brève échéance. Les idées mièvres et aucunement porteuses d’avenir qui ont contribué au succès passager de cette formation politique ne semblent pas vouloir enfin s’évanouir dans le paysage québécois. Le problème est que le phénix de la politique québécoise est en train de renaître au cœur même du bureau de direction d’une autre formation politique, le Parti Québécois celle-là.

C’est en effet la désagréable impression qui s’impose à tous ceux qui analysent lucidement la dernière grande messe péquiste qui a lieu cette fin de semaine-ci et au cours de laquelle la chef, Pauline Marois, a précisé son plan de match dans le dossier national. Mme Marois a expliqué à ses militants qu’un gouvernement du Parti Québécois se ferait le champion du quémandage auprès d’Ottawa. Un gouvernement péquiste réclamerait l’obtention de nouveaux pouvoirs en matière de langue, de culture, d’immigration et de développement économique. Un tel gouvernement combattrait également les intrusions du fédéral dans les champs de compétences provinciales, de manière à imposer le respect d’une constitution que le Québec n’a jamais signée, et ce, tout en plaidant en faveur de l’indépendance…énergétique. Lorsqu’Ottawa aura dit non à tout ça, Pauline Marois n’ose même pas dire qu’elle enclenchera un processus référendaire destiné à rompre les liens qui asservissent le Québec au Canada ; ce qui confirme bien que, dans de telles circonstances néfastes, elle s’écrasera tout simplement.

Il me déplaît de le dire aussi crûment, mais toute cette stratégie maroissiste des petites étapes devant un jour donner naissance à un Québec plus fort au sein d’un Canada toujours aussi uni n’est rien d’autre qu’une démarche profondément fédéraliste. À ce chapitre, lorsque l’ADQ se promenait avec le rapport Allaire sous le bras pour réclamer une place plus confortable pour le Québec au Canada, le parti de Mario Dumont était plus ambitieux que celui de Pauline Marois, c’est tout dire.

Si le Parti Québécois désirait vraiment inscrire cette mascarade rénovatrice de la fédération canadienne dans une logique indépendantiste, il indiquerait très clairement, et à ce moment-ci, que la permission du grand maître canadien ne sera pas nécessaire pour renforcer le Québec à l’aide des nouvelles dispositions en matière de langue, de culture, d’économie, etc. qu’il propose. Protéger et imposer l’identité québécoise ici même, chez nous, le PQ devrait avoir le courage de le faire sans se mettre à quatre pattes devant le censé maître des lieux, c’est-à-dire Ottawa.

D’une part, parce que jamais Ottawa ne consentira à accorder le moindre nouveau pouvoir au Québec dirigé par le Parti Québécois. Cela, Gilles Duceppe l’a fort bien compris, d’où enfin le discours souverainiste intelligent qu’il prononce depuis quelques semaines. Le pèlerinage péquiste dans la mecque de l’unité canadienne n’aura d’autre conclusion qu’un échec retentissant sur toute la ligne. Le Québec n’en ressortira aucunement plus fort parce que Pauline Marois se refuse, à ce stade-ci, d’envisager les solutions plus radicales qui s’imposent; mais il en ressortira par contre profondément humilié.

Il me semble que le temps est venu que nos chers péquistes comprennent une chose fort simple : de défaites en défaites, nous n’obtiendrons jamais – comme par magie – la victoire finale. Si Pauline Marois est incapable d’envisager une approche ambitieuse et victorieuse, il est clair qu’elle n’est tout simplement pas à sa place à la tête du supposé navire amiral du mouvement indépendantiste québécois. Cela, bon nombre de Québécois semblent s’en être rendus compte. Il s’agit de constater l’appui décevant que la chef péquiste récolte dans les intentions de vote en comparaison des taux d’appuis recueillis par son parti.

Étant donné que le PQ de Pauline Marois semble tenir mordicus à cette stratégie profondément lâche et obséquieuse – la preuve étant que la direction cogite cet insipide condensé souveraineux-fédéraleux depuis des mois maintenant – , je réitère la proposition que j’avais formulée à l’époque : aucune demande ne doit être adressée au fédéral, aucune négociation ne doit être entreprise non plus en ce qui concerne l’enrichissement des pouvoirs québécois. Que le PQ impose ces changements brutalement , qu’il annonce tout simplement à son vis-à-vis canadien qu’il se réapproprie tout ce dont a besoin le Québec pour prospérer et asseoir plus solidement son identité en terre d’Amérique. Bien sûr, le fédéral n’acceptera jamais qu’une telle chose survienne; ces gestes de rupture ne donneront donc pas aussi facilement naissance à une nouvelle structure politique pour le Québec, les fédéraux bloqueront le tout avant que cela n’aille trop loin – à leurs yeux. Alors naîtra une intense crise politique qui pourrait bien être beaucoup plus salvatrice que la ô combien mièvre démarche qui dort dans les cartons de Pauline Marois et qui contraindrait le PQ à supplier le fédéral de faire enfin preuve de sollicitude envers le Québec.

Il s’agit d’analyser froidement l’impact qu’ont les crises flamande et catalane sur l’avenir de la Belgique et de l’Espagne pour constater que ces moments difficiles peuvent s’avérer positifs pour le destin des peuples. Si cela est bon pour les Flamands et les Catalans, il doit en aller de même pour les Québécois. Alors, cultivons le conflit, de son sein pourra émerger un Québec enfin libre.

N’était-ce d’ailleurs pas Jacques Parizeau qui disait, l’année dernière, que les crises politiques sont de nature à fort bien servir l’indépendantisme québécois ? Bien sûr que c’est ce qu’il disait, et il avait encore une fois tout à fait raison d’avancer de telles perceptions. Comme il a eu raison de confier au Globe and Mail que le PQ de Pauline Marois fait fausse route en espérant former d’abord et avant tout un bon gouvernement québécois, tout entiché qu’il serait de réformes constitutionnelles. M. Parizeau croit que les souverainistes doivent bien davantage être des défenseurs de l’idéal souverainiste plutôt que de se présenter, face à la population, comme de bons gestionnaires d’un eunuque État provincial soumis à une fédération canadienne qui n’a jamais fait de cadeau au Québec et qui finira par constituer le tombeau de la québécitude.

Et en matière d’indépendance, n’en déplaise à Bernard Drainville, Pierre Curzi ou Pauline Marois, je fais bien plus confiance à Jacques Parizeau qu’à eux. Le simple fait que Pierre Curzi, dans l’entrevue qu’il a accordée à La Presse à ce sujet, soutienne fort candidement qu’une fois le « PQ arrivé au bout de sa liste de revendications, ce serait la souveraineté », démontre qu’il n’a pas idée de l’échec retentissant que le plan Marois connaîtra. Sans rapport de force aucun (ce qui est le cas actuellement), on rira en pleine face des émissaires péquistes dans la capitale du régime que ceux d’en face ne cessent de nous imposer, à nous, Québécois. Tout cela est écrit dans le ciel, à gros traits. Mais comme on dit, nul n’est plus aveugle que celui qui ne veut pas voir.

Si le PQ s’entête à reprendre à son compte l’idiosyncrasie adéquiste, il ne sera plus d’aucune utilité pour les Québécois qui ont besoin d’instruments pour accélérer la marche du Québec vers sa libération et non pas d’un nouveau parti « réformateux » de Canada. Il ne nous restera alors que deux solutions : soit on devra utiliser tous les moyens qui sont à notre disposition pour forcer le PQ à adopter à nouveau un cap digne de ce nom, en l’investissant de l’intérieur, soit on devra le combattre avec l’énergie du désespoir en espérant que de ses cendres naîtra un parti résolument indépendantiste et suffisamment solide pour faire une différence dans l’univers électoral québécois; peu importe l’option qui serait retenue par des militants indépendantistes de bonne foi dans un tel contexte extrême, le défi serait de taille.

Mais il n’est pas trop tard. Les grandes manœuvres peuvent encore être laissées de côté. Tout dépend de Pauline Marois elle-même. Elle n’a qu’à enterrer définitivement les inepties nationaleuses qui lui servent actuellement de programme politique, elle n’a qu’à prêter une oreille vraiment attentive au message de Jacques Parizeau (de manière à adopter ses stratégies et solutions) pour que la famille indépendantiste soit à nouveau unie et optimiste.

Pauline Marois doit choisir : d’un côté, il y a le PQ qui rêve du confortable pouvoir provincial, de l’autre, il y a le Québec libre et les sacrifices qu’il impose à ceux qui décident de travailler à sa concrétisation. J’espère que Pauline Marois saura faire le choix qui s’impose. Sinon, en tant que militants, nous devrons agir : au Congrès et partout ailleurs où cela sera nécessaire. Les militants pourraient ainsi bien devenir le pire cauchemar de ce PQ qui aurait décidé de privilégier la gestion provinciale au détriment de la libération du Québec.

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  1. 1 Répondez à cette question les indépendantistes - Amériquébec Le 29 juin 2010 à 17h50

    […] une citation de Patrick Bourgeois: M. Parizeau croit que les souverainistes doivent bien davantage être des défenseurs de […]

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Cet article de 1,424 a été rédigé par Réseau de Résistance du Québécois il y a 13 ans et 10 mois, le samedi 26 juin 2010.

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