Le mardi 8 juin 2010

AmériqueEnvironnement

Hawaï: le volcan Kilauea en alerte orange et sous surveillance

États-Unis d'Amérique ]

Par Raymond Matabosch

Surplombant le bord de l’Océan Pacifique d’une hauteur de 1222 mètres, le Kilauea donne la vision d’un petit édifice volcanique, mais la grande majorité de sa structure est masquée par les eaux tumultueuses de l’Océan Pacifique, ce qui fait de lui un géant considéré comme l’un des volcans les plus actifs de la planète.

Code 1302-01

Localisation : latitude 19°25’16” Nord, longitude 155°17’13” Ouest.

Alerte volcan, Niveau actuel.. : Sous surveillance.
Alerte aviation, Niveau actuel : Orange.

Célèbre chez les surfeurs du monde entier pour ses plages et ses rouleaux, l’archipel d’Hawaï, – aussi appelé îles Sandwich -, comprenant dix-neuf îles et atolls principaux, de nombreux îlots et des monts sous-marins, s’étend, selon une direction Nord-Ouest/Sud-Est, dans l’océan Pacifique, entre les latitudes 19° Nord et 29° Nord, juste au sud du tropique du Cancer, à quelque 3850 kilomètres de la Californie à l’est, à 6200 kilomètres du Japon à l’ouest et, vers le sud, à près de 3900 kilomètres des Marquises d’où sont venus les premiers colonisateurs. Il est nommé d’après sa plus grand île, Hawaï, – Hawaii en anglais et Hawai’i en hawaïen -, et s’étire, sur 2451 kilomètres, entre l’île d’Hawaï, – ou île Hilo -, au Sud, et l’atoll de Kure, au Nord, en faisant la plus longue chaîne d’îles au monde. Il cartographie une vaste chaîne de montagnes sous-marine, « les Monts de l’Empereur », formée par l’activité volcanique sur un point chaud du manteau terrestre, le point chaud d’Hawaï, dont il est la partie émergée, Mais il est aussi célèbre pour ses volcans très actifs.

Hawaï

L’île principale de l’archipel d’Hawaï, de forme subtriangulaire, est un immense volcan bouclier basaltique composé, dont la base circulaire repose par 4091 mètres de profondeur, et dont la partie émergée atteint 4000 mètres d’altitude. Il comporte cinq centres éruptifs, dont deux sont éteints, – le Kohala, au Nord-Ouest, 1680 mètres d’altitude et le Mauna Kea, au Nord-Est, 4000 mètres d’altitude -, et trois actifs, le Hualalai à l’Ouest, 2512 mètres, le Mauna Loa au Sud-Ouest, 4170 mètres et le Kilauea à l’Est, 1222 mètres.

Les roches magmatiques d’Hawaï se regroupent en trois séries : une série ancienne, tholéiitique constituant la majeure partie de l’édifice ; une série alcaline, plus récente ; et une série sous-saturée, actuelle. Ces volcans se situent à l’aplomb d’un point chaud, sur la dorsale des Hawaï qui se raccorde à la crête de l’Empereur selon un coude daté de 42 Millions d’années. Ces alignements volcaniques, Hawaii en marquant actuellement le terme visible, – les volcans et les monts sous marins Papau, Loihi, Hohonu, Green, Wini, Alexander… annonçant, sous quelques millions d’années, les futures terres émergées -, résultent du défilement de la plaque Pacifique au-dessus de points chauds profonds qui transpercent la lithosphère.

Les volcans à Hawaï

Surplombant le bord de l’Océan Pacifique d’une hauteur de 1222 mètres, le Kilauea, un volcan au sommet plat caractéristique des volcans bouclier, de 20 000 kilomètres cubes pour une superficie de 1500 kilomètres carrés et une caldeira de 6 kilomètres de diamètre, – failles ultrapériphériques -, 3 x 5 kilomètres pour la dépression principale, pour une profondeur d’environ 165 mètres, donne la vision d’un petit édifice volcanique, mais la grande majorité de sa structure est masquée par les eaux tumultueuses de l’Océan Pacifique, ce qui fait, de lui, un géant considéré comme l’un des volcans les plus actifs de la planète avec le Piton de la Fournaise, l’Etna et le Stromboli et le plus actif, au monde, par la durée de ses éruptions et par le volume de magma basique émis.

Il est apparu, il y a quelques 200 000 ans, sur le flanc Sud du Mauna Loa et sa position géographique a longtemps fait croire qu’il ne pouvait être qu’un satellite du dit volcan mais, possédant son propre système d’alimentation magmatique, son propre système de tunnels de lave, – dont le plus long tunnel de lave du monde, 61 kilomètres de longueur totale parcourant un dénivelé de 1102 mètres -, il constitue une entité volcanique distincte.

Le sommet du Kilauea est occupé par une caldera qui s’est formée depuis 1500 ans. Elle est le résultat du fusionnement de plusieurs pit-craters, des cratères d’effondrement apparaissant soient à la fin d’une activité éruptive, soient à la suite de la migration d’un magma basique, par l’intermédiaire d’un dyke, de la région sommitale vers les flancs externes du volcan. À l’extérieur et proche de cette caldeira, se trouvent deux pit-craters, le Kilauea Iki, 1,6 kilomètre x 0,8 kilomètre de diamètre, et Keanakakoi, 0,4 kilomètre de diamètre, alors que le cratère principal, – l’Halema’uma’u Crater qui renfermait un lac de lave jusqu’en 1924 -, 1,1 kilomètre de diamètre et une profondeur de 30 mètres par rapport au plancher de dite, excentré vers le Sud-Ouest, s’en situe à l’intérieur. Pour les Hawaiiens, Halemaumau est la maison de Pélé, célèbre déesse réputée pour ses cheveux et ses colères. Deux rifts, Est et Sud-ouest prolongent le volcan jusqu’à l’océan.

Animé d’une activité éruptive quasi constante, les éruptions du Kilauea se caractérisent par l’émission de volumes plus ou moins importants d’une lave très fluide, de type pahoehoe, arrivant dans l’océan par l’intermédiaire de tunnels de lave. Ses éruptions sont précédées par l’ouverture d’importantes fissures laissant s’échapper de puissantes fontaines de lave agrémentées de puissantes coulées atteignant, généralement, la côte. Depuis 10 000 jours, et sans discontinuer, ce type d’activité affecte le volcan.

Vue satellite d'Hawaï

Le Kilauea a commencé à se former, au Pléistocène, tout particulièrement à l’Ionien, entre 600 à 300 mille ans. Et, sans de longues périodes de repos connues, le volcan est actif depuis. Les études géologiques de surface d’exposition, et l’examen des échantillons de forage, montrent que Kilauea est constitué, essentiellement, de coulées de lave avec, localement, des dépôts d’éruptions explosives intercalés. Il est fort à penser que l’activité de l’édifice, au cours des 200 dernières années, soit un bon guide pour comprendre le passé depuis que le volcan a émergé, il y a 50 à 100 mille ans.

Chronologie de l’éruption en cours

Le 3 Janvier 1983, une éruption, au niveau du rift Est, avec ouverture d’une fissure, réactive le volcan en repos depuis le 19 Février 1960. Des véritables rivières de lave, fluide comme de l’eau, nappent tout le paysage de coulées lisses. Quelques mois plus tard, un édifice de 400 mètres de haut, le Puu Oo, émerge des champs laviques. Il abrite un lac de lave où se produit, à intervalles réguliers, tous les 20 à 30 jours, des fontaines de lave, véritable muraille de feu tellurique dont le spectacle dure de quelques heures à plusieurs jours, montant à plusieurs centaines de mètres de haut. Des tunnels de lave se constituent. Les laves les empruntent les laves lors de chaque emballement du Puu Oo et les coulées progressent.

À partir de juin 1986, l’activité migre vers Kupaianaha situé 3 kilomètres au Nord-Est. Les fontaines du Pu’uO’o s’arrêtent et sont remplacées, par une effusion tranquille, sur Kupaianaha. Le 25 novembre 1986 il n’est plus possible de faire le tour de l’île car la route est traversée par les coulées. Trois jours plus tard, marqué par un important panache de vapeur et des explosions parfois violentes, les coulées rejoignent l’océan. Les laves, se mettant, ainsi, en place sous l’eau, sont de forme très particulière, les pillows lavas, laves en coussins.

En mars 1990, les coulées détruisent une centaine de maisons à Kalapana.

Coulée de lave

En 1991, l’activité se déplace lentement sur le Pu’u O’o. Alors que le Kupaianaha s’éteint le 7 février 1992, le 17 Février, le Pu’u O’o rentre, à nouveau, en activité et fournit des coulées qui entrent, sous forme de pillows lavas, – laves en coussins -, dans l’océan en Novembre 1992 à Kamoamoa.

Entre janvier et juin 1997, le Pu’u O’o s’affaise et les effusions, plus faibles, persistent à proximité du cône. Mais dès juin 1997, l’activité effusive reprend de la vigueur et les coulées arrivent de nouveau dans l’océan en juillet 1997 à Waha’ula et à Kamokuna.

Entre le 10 et le 12 mars 2008, une petite bouche apparaît dans le rempart Est du cratère de Halema’uma’u. Le 19 mars 2008, une petite explosion; projetant des blocs anciens de lave constituant les remparts internes du dit cratère, sur une surface d’environ 30 hectares se produit au niveau de cette nouvelle bouche. Le 24 mars, le panache qui s’échappe de la bouche n’est plus simplement de la vapeur blanche. Sa couleur est devenue marron, révélant la présence de cendre. Il atteint presque 2,8 km de hauteur. Depuis, un panache de vapeur et de gaz s’échappe en continu.

À l’heure actuelle, au niveau du cratère Halema’uma’u, l’évent ne montre plus d’incandescence et les expulsions de téphras semblent diminuer d’inte nsité. Les laves, après un dégazage dans le cratère Pu’u’O’o empruntent des tunnels pour atteindre l’océan à Waikupanaha. Des coulées éphémères apparaissent en surface au niveau du Pali et de la plaine côtière et les risques d’effondrements du delta de lave Waikupanaha sont importants.

En ce jour, 8 Juin 2010, d’après une dépêche émise par le Hawaiian Volcano Observatory, la colonne magmatique est remontée dans le Pu’u’O’o et forme, depuis le 02 juin, un second lac de lave actuellement estimé à 300 mètres de long sur 125 mètres de large, le premier étant celui qui est toujours installé dans le Pit Crater du Halema’uma’u, au sommet.

L’activité effusive se poursuit sur la Rift Zone Nord-Est et alimente des coulées qui, toujours grâce à un système complexe de tunnels, s’étalent sur le Pali et sur la plaine côtière. Par contre les laves n’arrivent plus ni au niveau du delta Kalapana, ni au delta Ki, le dernier actif en date. La colonne magmatique alimente, en outre, un champ de lave supplémentaire au niveau de l’évent Thanksgiving Eve Breakout situé à 2 kilomètres du Pu`u `O`o, un évent apparu le 21 novembre 2007, formant, depuis un champ de laves superficiel.

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Profil: Raymond Matabosch, né à Villeneuve la Rivière, Pyrénées Orientales, le 04 Octobre 1947, est un sismo-volcanologue, poète, écrivain, historien et traducteur français. « Il est né le 4 octobre 1947,…

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Fiche de l'article

Cet article de 1,568 a été rédigé par Raymond Matabosch il y a 13 ans et 10 mois, le mardi 8 juin 2010.

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