Le mardi 20 avril 2010

Droit en France: la question prioritaire de la constitutionnalité

Les questions ayant été déclarées recevables, le Conseil constitutionnel devra se prononcer sur plusieurs disposition législatives

Autres actualitésFrance ]

Par Wikinews

Par trois arrêts rendus le mercredi 14 avril 2010, le Conseil d’État a inauguré la question prioritaire de constitutionnalité. Celle-ci permet la saisine du Conseil constitutionnel afin d’examiner une disposition législative au regard de la Constitution.

Dans un considérant de principe, le Conseil d’État a interprété l’article 23-5 de la l’ordonnance organique relative au Conseil constitutionnel. Il résulte de ce texte que « le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité à la triple condition que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure, qu’elle n’ait pas déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances, et qu’elle soit nouvelle ou présente un caractère sérieux ».

L’examen de la recevabilité d’une question prioritaire de constitutionnalité implique une conséquence indirecte de nature à régler une partie du litige sur le fond. En déterminant le caractère applicable ou non de la disposition législative contestée, le Conseil donne une première indication sur les textes applicables. Tel est le cas, notamment, d’une dispositions législative opposée par l’administration pour justifier sa décision. En déclarant irrecevable la question de constitutionnalité en raison du caractère non applicable de cette loi, il s’ensuit que la décision de l’administration risque de perdre sa base légale. Ceci donne une nouvelle orientation au litige en cours, obligeant ainsi l’administration d’y substituer un autre motif devant le juge.

Les questions ayant été déclarées recevables, le Conseil constitutionnel devra se prononcer sur plusieurs disposition législatives.

La rupture du principe d’égalité

Dans la première affaire, plusieurs textes concédant les pensions pour les ressortissants algériens ont été déférés devant le Conseil constitutionnel. Le moyen tiré de la rupture du principe d’égalité est apparu sérieux pour le Conseil d’État.

Dans une deuxième affaire, l’Union des Familles en Europe utilise le même moyen. L’association conteste le droit conféré par la loi à l’union nationale et les unions départementales des associations familiales de « représenter officiellement auprès des pouvoirs publics l’ensemble des familles et notamment désigner ou proposer les délégués des familles aux divers conseils, assemblées ou autres organismes institués par l’État, la région, le département, la commune ».

Ces moyens ont été jugé suffisamment sérieux par la Conseil d’État pour saisir le Conseil constitutionnel.

Le litige lié aux enfants à naître

Le deuxième litige porte sur l’erreur de diagnostic sur le risque encouru par une mère de transmettre la maladie de la myopathie de Duchenne à un enfant de sexe masculin. La requérante demandait réparation à l’Assistance publique en raison de cette naissance. Le débat avait été lancé quelques années auparavant quand des parents avaient obtenu la naissance d’un enfant trisomique, affection non détectée avant le délai légal pour un éventuel avortement. Le législateur était alors intervenu pour empêcher de telles actions contentieuses.

Le moyen tiré que ces dispositions portent atteinte « notamment à la séparation des pouvoirs et au droit à un recours juridictionnel effectif qui découle de l’article 16 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, soulève une question qui présente un caractère sérieux ».

À propos de l’article 23-5 de l’ordonnance n° 58-1067 sur le Conseil constitutionnel

Le moyen tiré de ce qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés garantis par la Constitution peut être soulevé, y compris pour la première fois en cassation, à l’occasion d’une instance devant le Conseil d’État ou la Cour de cassation. Le moyen est présenté, à peine d’irrecevabilité, dans un mémoire distinct et motivé. Il ne peut être relevé d’office.

En tout état de cause, le Conseil d’État ou la Cour de cassation doit, lorsqu’il est saisi de moyens contestant la conformité d’une disposition législative, d’une part, aux droits et libertés garantis par la Constitution et, d’autre part, aux engagements internationaux de la France, se prononcer par priorité sur le renvoi de la question de constitutionnalité au Conseil constitutionnel.

Le Conseil d’État ou la Cour de cassation dispose d’un délai de trois mois à compter de la présentation du moyen pour rendre sa décision. Le Conseil constitutionnel est saisi de la question prioritaire de constitutionnalité dès lors que les conditions prévues aux 1° et 2° de l’article 23-2 sont remplies et que la question est nouvelle ou présente un caractère sérieux.

Lorsque le Conseil constitutionnel a été saisi, le Conseil d’État ou la Cour de cassation sursoit à statuer jusqu’à ce qu’il se soit prononcé. Il en va autrement quand l’intéressé est privé de liberté à raison de l’instance et que la loi prévoit que la Cour de cassation statue dans un délai déterminé. Si le Conseil d’État ou la Cour de cassation est tenu de se prononcer en urgence, il peut n’être pas sursis à statuer.

Ajoutez un commentaire

Il est suggéré de s'enregistrer. Si c'est déjà fait, connectez-vous pour écrire avec votre compte.

Merci de vérifier votre orthographe avant de publier votre commentaire.

Annoncez ici

Abonnement au site

Pour recevoir quotidiennement les nouvelles d'AmériQuébec, abonnez-vous au flux RSS
ou inscrivez votre courriel ci-dessous!

À propos de l'auteur de cet article

Site Internet de l’auteur

Articles rédigés: 85 articles

Profil: Wikinews est un recueil de dépêches et de reportages d'actualité qui rapporte les événements au fur et à mesure qu'ils arrivent. Wikinews est fondée sur un principe très important: les…

Afficher le profil complet

Fiche de l'article

Cet article de 733 a été rédigé par Wikinews il y a 14 ans et 0 mois, le mardi 20 avril 2010.

L'article n'a aucun commentaire. Soyez le premier à vous prononcer sur ce sujet. Vous pouvez aussi suivre le fil des commentaires.

Cet article est catégorisé sous Autres actualités, France.

Les mots clés associés à celui-ci sont , .

Autres articles publiés à pareille date

Voici la liste des articles qui ont été publiés à pareille date lors des années précédentes.

2015: Dessins à caractère raciste : une école secondaire de Kamouraska dans l’eau chaude! Les élèves d'une école secondaire de Kamouraska, dans le Bas-St-Laurent, auront fait parler d'eux aujourd'hui. Le projet d'une classe de [...]

2012: Plan Nord: il risque d’avoir beaucoup de monde dans cabane C'est aujourd'hui 20 avril que débute, pour une durée de deux jours, le Salon du Plan Nord de Jean Charest. La [...]

2012: Plan Nord: l’ancien ministre Couillard est conseiller chez SECOR Dans un article publié le 20 avril sur le site de Radio-Canada titré "La ruée vers le Nord ((Radio-Canada: La [...]

2010: Le Bloc remporte une manche importante pour le français chez Air Canada Le Bloc Québécois a remporté une manche importante dans le but de forcer les filiales d'Air Canada à améliorer ses [...]

2010: Frais de scolarité: les libéraux imposent une hausse sauvage Le député de Drummond et porte-parole de l’opposition officielle en matière de jeunesse et d’affaires étudiantes, Yves-François Blanchet, dénonce la [...]

Sondage

Aucun sondage actuellement.

Archives des sondages