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Véhicules électriques: l’enjeu des flottes de livraison

Pour le Québec, le passage à une économie sans carbone comporte un potentiel assez exceptionnel de développement. Mais pour en profiter, le gouvernement devra nécessairement se donner une stratégie sectorielle volontariste, de manière à saisir ou même à créer des opportunités pour lesquelles le Québec jouit d’une expertise ou d’un environnement intéressant. C’est le cas pour les véhicules électriques (VE).

Par contre, penser que nous pouvons nous lancer dans la fabrication de VE de grande série relève de la pensée magique ou de la poudre aux yeux de celui qui ne veut rien faire: ce sont les régions déjà spécialisées dans la construction automobile en série qui sont les mieux placés pour ça. Mais le Québec a cependant un potentiel plus qu’intéressant dans d’autres créneaux, dont celui des équipements du transport collectif (autobus, train, métro) ainsi que, grâce à Paccar, dans le créneau des véhicules de livraison.

Dans le créneau des petits VE utilitaires, qui forment généralement une part appréciable des flottes de véhicules des grandes entreprises publiques (poste, électricité, etc), on a vu dans un texte paru sur OikosBlogue la semaine dernière que la France est très pro-active pour développer la production nationale. Les engagements des entreprises publiques à acheter des VE utilitaires vont permettre de tirer la demande de ce secteur en France. Aux États-Unis, la forte volonté exprimée par le gouvernement Obama pour accélérer le passage à une économie décarbonisée va conduire aux mêmes résultats, mais par une stratégie axée à la fois sur l’offre et sur la demande.

Par exemple, les généreuses subventions accordées aux grands de l’automobile vont permettre à Ford de développer un VE de livraison, en partenariat avec Smith Electric Vehicles. Or, cette dernière, une entreprise britannique, a choisi de s’installer aux États-Unis pour avoir accès au marché américain des camions tout-électriques de livraison dans le secteur du transport des colis, en proposant son propre modèle de VE. Dans ce créneau, qui comprend les plus importantes flottes de camions, les modèles actuels de moteur à combustion se signalent par des consommations de 10 milles au galon (plus de 20 litres/100 km).

Ce nouveau marché a aussi amené l’entreprise Electric Vehicles International (EVI), entreprise californienne qui avait déménagé ses pénates au Mexique, à retourner en Californie pour offrir un VE de 13 tonnes pour la livraison. Le modèle de VE de EVI consiste à offrir un camion à un prix très compétitif (50 000 à 55 000 dollars), mais avec une batterie séparée qui, elle, est offerte en location pour un coût de 1 400 dollars par mois. Ce faisant, les acheteurs des camions EVE pourront profiter rapidement des innovations qui sont extrêmement rapides dans le domaine des batteries sans avoir à changer le véhicule. Ils auront aussi le choix entre une batterie lithium-phosphate de Valence Technologies ou plomb-acide de Trojan.

Les entreprises qui achèteront ces camions de livraison tout-électriques pour équiper leur flotte auront accès à des crédits d’impôt de 7 500 dollars pour un camion de 7 tonnes et de 12 500 dollars pour un camion de 13 tonnes.

Pendant ce temps au Québec, on dort au gaz…