Le mercredi 15 avril 2009

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Le Sommet des Amériques est une occasion à saisir pour le Québec

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Par Parti Québécois

Au fil des ans, Louise Beaudoin a surmonté de nombreux défis et cumule les succès. Son expérience de parlementaire, d’analyste, de conférencière et sur le terrain lui permet d’apprécier avec recul et nuance bien des situations délicates. Le texte d’opinion qu’elle a publié récemment dans le quotidien Le Devoir en est un bel exemple.

Du 17 au 19 avril, Trinité-et-Tobago sera l’hôte du cinquième Sommet des Amériques, un processus d’intégration à grande échelle qui implique 34 des 35 pays de l’hémisphère à l’exclusion de Cuba. Les cinq thèmes retenus sont les suivants : la prospérité humaine, la sécurité énergétique, la durabilité environnementale, la sécurité publique et la gouvernance démocratique. Cinq thèmes qui interpellent et intéressent les Québécois.

On se souviendra que le premier sommet a été convoqué à Miami à l’instigation du président Clinton, en décembre 1994. Les deux sommets suivants ont été tenus à Santiago, au Chili, en 1998, et à Québec, en avril 2001. Par la suite, le processus a connu une fin abrupte à Mar del Plata, en Argentine, en 2005, alors que le projet de création d’une Zone de libre-échange des Amériques (ZLEA) était abandonné.

Causes d’un échec

L’échec du projet de ZLEA peut être attribué à trois causes. En premier lieu, au désintéressement relatif de la part de la Maison-Blanche qui, sous la présidence de George W. Bush, s’est détournée des Amériques, accaparée qu’elle était, entre autres choses, par la guerre en Irak. En deuxième lieu, à l’arrivée au pouvoir de plusieurs gouvernements dits de « gauche » en Amérique du Sud et à un regain de faveur d’une intégration entre les pays du cône Sud. En troisième lieu, à une certaine efficacité des mobilisations sociales dans les trois Amériques contre le projet de ZLEA.

Cela dit, il convient de souligner que plusieurs syndicats et organisations du Sud n’en appuient pas moins l’idée d’une participation sociale plus active dans le cadre du MERCOSUR — un marché commun qui regroupe le Brésil, l’Argentine, le Paraguay, l’Uruguay, et bientôt le Venezuela.

À l’époque, le gouvernement du Parti québécois avait accordé une grande importance aux négociations entre les 34 chefs d’État et de gouvernement des Amériques, notamment en décrétant, en 2000, la Décennie des Amériques. En effet, par leur ampleur et leur ambition, ces négociations portaient sur une foule de domaines qui touchaient de près ou de loin aux prérogatives et aux responsabilités du Québec, à commencer par les questions de commerce, d’investissements et de marchés publics, mais aussi d’environnement, de travail, de santé, d’éducation, de culture et de sécurité.

Enjeux cachés

Mais il y a deux autres enjeux, quelles que soient les thématiques, qui sont tout aussi importants derrière ces rencontres. Le premier concerne les mécanismes de consultation qui sont mis en place en prévision de la tenue de ces sommets et le second, le suivi des engagements qui y sont souscrits. D’ailleurs, cette fois-ci, au lieu des deux forums parallèles organisés les fois précédentes, on en aura trois : un forum du secteur privé, un forum de la société civile et un forum des jeunes.

Le Forum du secteur privé des Amériques portera sur le thème « La promotion de la prospérité sous l’égide du secteur privé au cours de la décennie à venir : la quête de la compétitivité », tandis que le Sommet des peuples des Amériques aura pour thème : « Face aux crises globales, pour un renouveau culturel et idéologique, pour la justice sociale et le développement des peuples ». En somme, nous avons affaire dans le processus des sommets des Amériques à la mise en place d’une gouvernance originale et novatrice, contrairement à ce qui s’est passé pour l’ALENA et pour le Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité.

Une occasion à saisir

Le gouvernement du Québec ne peut ni ne doit laisser passer une si belle occasion. Nos modes de fonctionnement et de consultation engagés ici même avec nos partenaires économiques et sociaux nous rapprochent davantage de l’esprit de ce qui est en germe à Trinité-et-Tobago que des pratiques excluantes et exclusives du type de gouvernance pratiqué en général en Amérique du Nord.

En ce sens, le gouvernement porte la responsabilité de mettre ces innovations et ces initiatives à la portée des Québécois, de leurs entreprises et de leurs organisations. Il doit donc accroître son implication dans les affaires interaméricaines, non seulement en tant que responsable de la promotion de nos intérêts à l’échelle des trois Amériques, mais également en tant que facilitateur, pour assurer la présence des gens d’affaires, des organisations de la société civile et des groupes de jeunes à cette rencontre hémisphérique.

Un rôle pour le Québec

De plus, cette nouvelle réalité plaide en faveur de la mise sur pied d’un mécanisme de suivi des effets et des retombées des négociations en cours, comme l’avait fait le gouvernement du Parti québécois en créant un Observatoire québécois sur la mondialisation, en 2002, aboli depuis par les libéraux. Le dossier de l’intégration des Amériques est maintenant rouvert, cette fois sur un fond de scène marqué par une crise économique et financière sans précédent.

Que le gouvernement nous explique quel rôle il souhaite jouer, quelle place il a demandé au gouvernement canadien de lui accorder, quelle position est la sienne. Pour l’instant, à la veille du Sommet, il est étrangement silencieux.

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Louise Beaudoin, Députée de Rosemont, Porte-parole de l’opposition officielle en matière de relations internationales et de Francophonie

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Profil: Le mouvement du Parti Québécois promeut la souveraineté, le progrès social et la promotion du français au Québec.

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