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Qui a capitulé en 1759, le peuple ou l’autorité politique monarchique?

Philippe Navarro auteur de l’opinion publiée dans La Presse du 30 janvier 2009 intitulée « Une victoire de Montcalm n’aurait rien changé » omet de mentionner dans ses titres, intéressante outre sa maîtrise en sciences politiques et ses anciennes fonctions d’attaché politique du Parti québécois, le fait qu’il soit aussi auteur de… science-fiction. Cela aurait pu mieux expliquer que sa fiction historique n’est pas nécessairement validée par ses expertises politiques, mais par une imagination débordante, bien qu’univoque.

Je ne saurais pas être juge de ses qualités d’auteur de science-fiction, mais je ne vois pas pourquoi il faudrait accorder quelque crédit à ses élucubrations politiques qui feraient de la Conquête, une Conquête qui n’aurait pas eu lieu comme le prétend le ex-Vice-prince consort John Saul, parce qu’il y aurait plutôt eu Cession. Comme si un peuple pouvait être objet de Cession ! ? Qu’elle ait été évitable ou non, ne pas poser la question de principe existentielle de la Cession en ne considérant que les contingences fictionnelles n’est-il pas abonder dans ce refus de l’être collectif congruent que nous sommes, dans un État qui unilatéralement s’impose sans se nommément soumettre aux voix du peuple démocratique et souverain du Québec?

« Avec des Si on mettrait Paris dans une bouteille »1

Ainsi, on peut revenir dans le temps et changeant une variable, on peut à loisir changer, ou pas, le cours de l’histoire. Ici, M. Navarro change une variable en conservant constantes toutes les autres, ce qui fait d’un sens unique politique une impasse. Il en profite pour affirmer que cette seule variable ne pouvait faire changer le cours de l’histoire. C’est notre destin d’être objet de Cession? Rien n’a pu et ne pourra nous en faire changer… C’est du moins ce que s’évertuent à nous faire croire un Canada d’élites canadianisatrices depuis 250 ans, à grand renforts de fictions historiques. Ce n’est pas ce que dit l’auteur Navarro, mais ce que dit bien le fait qu’il soit publié dans La Presse partisane et propagandiste.

En quoi cela peut-être utile ? Cela ne peut l’être que pour prouver que notre histoire est une affaire de destin. Tant qu’à faire, nous n’avons que peu de prise sur lui. Autant ne rien faire qui puisse en changer le cours si même vainqueur Montcalm n’y aurait rien pu changer. Cette histoire de destin qui nous a fait Ô bonheur, vivre non plus sous la méchante monarchie française, mais bien sous l’honorable et bienveillante tutelle britannique qui toute souriante, affiche serrer tout sourire la main d’un Montcalm pareillement ravi. Une ravissante tutelle qui aura assassiné 1/7 de nos populations sans compter l’Acadie, – qui soit dit en passant était partie de la Nouvelle-France – une tutelle bienfaitrice qui nous aura été tant et si profitable… La preuve nous sommes si bien portants.

Comme si nous n’avions pu nous développer sans être objet forcément cédé, cette prédestinée Cession qui nous a tout donné, le commerce ouvert sur la Nouvelle-Angleterre, la démocratie, l’imprimerie, les briques… etc. Comme si, sans la Conquête, nous n’aurions pu évoluer et fabriquer des briques. Comme si la Révolution française survenue seulement 30 ans plus tard, ne serait pas parvenue à vous donner ici la démocratie, l’imprimerie, voire les briques. Comme si, nous n’aurions pu à l’instar des États-Unis obtenir notre indépendance de la France. Comme si… bref… tout était inévitable, le Canada est inévitable et il importe d’éviter d’en sortir. N’est-ce pas ce que les canadianisateurs amateurs de statu quo nous invitent à faire et penser ? N’est-ce pas ce qu’ils nous pressent de faire ? Cela en publiant les auteurs d’histoire-fiction qui fait bien leur affaire, s’ils ont été souverainistes, c’est encore mieux ! Instrumentalisation dites-vous ?

Notre destin de peuple cédé aux britanniques est le meilleur. Le pire aurait été d’être cédé aux États-Unis, forcément il nous aurait assimilés… La belle affaire ! Et l’on va répétant sans rire et du même souffle que le nationalisme est une tare dépassée et tribale ! Il n’y aurait de moderne que les grands ensembles, sauf celui qui ferait du Canada une partie des États-Unis ! Un peu de congruence que diable !

Voyons voir ce qu’il en est des fabulations d’histoire-fiction de M. Navarro

SI, les armées du Roi de France, Louis XV, n’avaient pas sous Montcalm perdu la bataille du 13 septembre 1759, serions-nous ou pas, Britanniques devenus ? Pour le savoir, disons d’abord que Montcalm ait perdu ou pas la bataille ne compte pas vraiment, nous sommes d’accord. Ce qui compte c’est qu’il soit mort. De ce que l’on sait, on aurait compté que ± 137 morts du côté français sur les ± 12 000 hommes de Montcalm. On est loin d’une défaite décisive. Après la défaite, contrairement à ce que l’on peut penser dans le raccourci mémoriel des Québécois, les Armées anglaises n’ont pas pour autant pénétré les fortifications de Québec. Pour cela il faudra attendre la capitulation, survenue cinq longs jours plus tard.

En fait, la question est, non pas tant de savoir si la bataille gagnée par Montcalm aurait pu changer le cours de l’histoire, mais bien de savoir comment, si la capitulation de Québec n’avait pas eu lieu, cela aurait-il pu changer le cours de l’histoire ? En effet, si Québec n’avait pas capitulé, Lévis aurait pu vaincre les armées britanniques comme il l’a fait le 28 avril suivant peut-être avant, voire Montcalm s’il n’était pas mort. Ces Forces armées britanniques auraient-elles pu passer l’hiver à Québec en ces cas, on en doute. Et, même après la mort de Montcalm, cette victoire de Lévis aurait été décisive parce qu’à contrario elle n’a pas eu d’effet étant donné que, ayant capitulé, Québec, sa place forte, ses fortifications et ses canons étaient occupés par les Anglais qui ont ainsi pu tenir tout l’hiver et se contenter, repliés dans Québec assiégée par les français, d’attendre les renforts venus seulement le printemps suivant le 16 mai 1760.

Québec n’ayant pu être prise en 1759, la question est : aurait-elle été aussi attrayante pour les Anglais ? Se seraient-ils à nouveau risqués en 1760 après la défaite de Phipps de 1690, celle de Wolf en 1759, à nouveau de tenter de l’envahir. Comment auraient-ils pu croire que Québec était prenable ? Imprenable, le Saint-Laurent jusqu’aux Grands Lacs aurait-il été pour autant si essentiel au développement de la Nouvelle-Angleterre et à la victoire de la Guerre de Sept ans ?

La question est, en ce qui nous concerne : que s’est-il passé pour que Québec capitule ? Que s’est-il passé pendant l’agonie de Montcalm et après sa mort pour que, on ne sait pas qui l’a fait, Québec négocie sa capitulation ? Le général Townshend relate qu’un « parlementaire » est le 17, quatre jours après la bataille, venu lui présenter un projet de capitulation avec conditions, finalement signé à 8h le 18 septembre 17592

Privés de chef, le Gouverneur Montcalm étant mort le lendemain de la bataille du 13, qui en Québec retranché dans ses enceintes a pris la décision d’offrir une capitulation avec conditions ? Forcément un groupe de personnes qui ont dû discuter ferme pendant quatre jours, sans chef pour trancher et assumer la décision dans la chaîne de commandement en rupture. Quels étaient les pour et les contre, qui a participé aux discussions ? Quelles informations avaient-ils à leur disposition pour prendre leur décision ?

Que nos romanciers ne se sont-ils pas emparés avant de cette page oubliée de notre histoire ? Que n’est-ce pas ce qui s’est discuté entre le 13 et le 17 septembre 1759 qui sera mis en lumière et en scène cet été 2009 ? Au lieu d’une bataille qui ne compte pas ? Si elle ne compte pas ? Pourquoi tant tenir à la re-constituer ? Pourquoi les canadianisateurs se font un devoir « vernerien » d’y assister ? (( Voir dans La Presse du 30 janvier 2009: Bataille des Plaines : Verner dit qu’elle ne pliera pas )

Manifestement les informations à Québec n’étaient pas celles du général Townshend qui avouait candidement dans son rapport au Monarque britannique « Considérant l’ennemi qui se rassemble derrière nous, et ce qui est beaucoup plus grave, la saison pluvieuse et froide qui menaçait nos troupes de maladie et notre flotte d’accident, je me flatte que Sa Majesté approuvera les conditions que nous avons accordées. » À moins que nous ayons eu affaire avec de piètres stratèges ?

Québec était loin d’être prise malgré la supposée victoire de Wolf, Townshend avouait aussi recevoir le parlementaire français « avant qu’aucune batterie ne fut érigée, ce que nous ne pouvions faire que dans deux ou trois jours ». Ainsi, la situation était loin d’être désespérée.

Défaite en bataille ou capitulation précipitée de Québec

Pourquoi avoir capitulé alors que les britanniques se sentaient si menacés ? Qui a pris la décision de capituler, certainement pas le chevalier de Lévis? Qui donc ? Et pour quelle raison, avec quelle information et intelligence de l’ennemi ? Probablement pour la même raison je suppose que celle invoquée par M. Navarro. Les français de Nouvelle-France, prenant acte de l’abandon de la France, acte d’une population anglaise voisine dix fois supérieure en nombre, auront cru inévitable que la Conquête survienne, tôt ou tard. Autant en tirer le meilleur parti maintenant et s’assurer que la noblesse française puisse retourner en France sans encombre…

Maintenant, qu’est-ce qui aurait pu vraiment changer l’histoire ? À cela, une seule réponse : une lignée de Souverains de France intéressés comme l’a été l’Angleterre pour la Nouvelle-Angleterre, à peupler et développer la Nouvelle-France. Ce qui n’a pas été le cas et cela n’a rien à voir avec la Guerre de Sept ans. Pourtant, l’immigration d’à peine ± 400 colons français de plus, dès les débuts de la colonie, aurait pu nous faire en 150 ans, deux fois moins nombreux que la population de Nouvelle-Angleterre au lieu de dix fois moins. ± 800 colons de plus nous aurait fait de population égale. Ce qui aurait pu changer la donne et faire de l’Amérique une Amérique essentiellement française… Enfin, québécoise… puisqu’on peut supposer qu’à l’instar des États-Unis, et à la faveur de la Révolution française peut-être, nous aurions pu nous aussi nous affranchir de l’amère patrie.

Tout ça… c’est de l’histoire-fiction… À une nuance près, la mienne ne nous fait pas prisonniers d’un destin qui nous ferait d’obligés prisonniers de l’État du Canada, contrairement à celle de M. Navarro… Un État qui s’impose d’autorité, sans rupture d’avec celle qui de force, par la bombarde, la mitraille, l’incendie, le meurtre de civils, le viol des campagnes et des villages des côtes du Saint-Laurent, de l’Acadie du nettoyage ethnique à Montréal menacé du même sort, nous fait toujours vivre dans un État qui n’émane pas du peuple et qui n’a jamais été nommément soumis à l’approbation démocratique du peuple souverain du Québec.

Ce peuple d’abord abandonné par la France, ensuite abandonné par la majorité des ses élites aristocratiques, et marchandes, a survécu à la Conquête et à l’assimilation programmée d’office. Un peuple né distinct du peuple de la France le 13 septembre 1759, moment charnière d’où découle toute notre histoire. Un peuple qui jamais n’a accepté, qui jamais n’acceptera et qui n’accepte toujours pas de n’être qu’un objet. Qu’un objet de Cession qui en ferait la propriété d’un Souverain ou d’un autre, s’échangeant des territoires cédés ou ravis. Qu’un objet dans le grand jeu Canadian qui sera mis en scène cet été.

Qui a pris entre le 13 et le 17 septembre 1759 la décision d’offrir aux Armées britanniques une capitulation avec conditions, et avec quelles informations ? Le peuple ? Les notables civils ? L’aristocratie française en place, des militaires français, des mercenaires autrichiens sous bannière française ? Tous, ou quelques-uns ? Il est fort à parier que ce furent les élites et sans consulter le peuple.

Le Québec de l’espace-temps suspendu du 13 au 17 septembre 1759

N’en sommes-nous pas au même point de l’histoire… proche de la victoire, nous demandant, sans toute l’information suffisante – celle-là étant sous la coupe de médias de masse partisans et propagandistes – comment parvenir à durer, convaincus que nous n’aurons jamais de renforts extérieurs, comptant donc sur nos seuls moyens ? Or, comme hier, l’État qui nous gouverne ne se soumet pas aux voix du peuple souverain, il s’impose d’autorité unilatérale, en vertu de l’autorité que lui confère les voix de quelques juges de Cour, de Cour suprême d’un Empire monarchique de droit divin et de sa Souveraine, un État du Canada, jamais fondé par le peuple démocratique et souverain.

En somme, peu importe les batailles, ce qui compte c’est ce que nous ferons de nous, entouré de conditions hostiles, envahissantes. Capitulerons-nous, ou tenterons-nous d’exiger que l’État qui nous gouverne, quel qu’il soit ou sera, de se soumettre aux voix du peuple ? Sera-t-il toujours celui qui s’impose d’autorité ou de force comme l’est bel et bien l’État du Canada, ou sera-t-il celui qu’on espère conforme à notre libre volonté de « choisir notre destin ». Un État tel que nommément et démocratiquement fondé par NOUS, le peuple démocratique et souverain du Québec. Ce qui n’est pas le cas du Canada ! Un État qui s’impose d’autorité, et en cela, direct héritier des Conquérants vainqueurs de la bataille du 13 septembre 1759.

En somme, qui a capitulé en 1759 ? Le peuple ou la volonté politique autocratique imposée d’autorité ? Aujourd’hui, qui capitule ? Le peuple ou ses autorités politiques et économiques ? Forcément ce n’est pas le peuple souverain du Québec, puisqu’il n’a jamais été appelé à se nommément prononcer à l’égard de l’État du Canada qui impose unilatéralement et sans rupture sa loi constitutionnelle depuis la Conquête et cela en vertu d’une supposée Cession. Comme si un peuple pouvait être objet de Cession !

Ne sommes-nous pas toujours entre le 13 et le 17 septembre 1759, en train de discuter ce que nous devons faire après la bataille perdue de Montcalm, 250 ans après sa mort ? Les uns prônant un destin inévitable de tutelle bienfaitrice, les autres comme Lévis, déterminés à défendre la liberté et la souveraineté du peuple. Certes les capitulards on gagné en 1759. Mais le peuple de Nouvelle-France lui, n’avait pas été réuni ni consulté. Manifestement, peut-être serait-il temps de lui demander. Demander au peuple souverain du Québec si l’État actuel du Canada lui convient.

S’il ne lui convient pas, quel État veut-il ? Manifestement, ce qu’il désire, c’est un État qui émane de lui, un État du peuple souverain du Québec, « libre de choisir son destin », librement, hors les menaces de représailles, la bombarde et la guerre. Cela serait une vraie Re-Constitution. En attendant, un Canada du statu quo de blocage veut nous présenter une reconstitution de pacotille qui n’est rien d’autre qu’une histoire-fiction de poignée de main tout sourire, qui fait impasse sur une Cession qui n’a pas lieu d’être. Un peuple ne saurait être un objet de Cession et pour cela tenu en tutelle, sous la menace de représailles qui ne sont toujours que l’avatar d’une Conquête qui n’a rien de démocratique…

250e anniversaire de l’accession du peuple souverain du Québec au concert des nations

Cela dit, l’arrogance canadianisatrice est tout ce qu’il nous faut pour revisiter comme jamais notre histoire. Sans ce projet de Re-Constitution de Batailles, nous ne serions pas comme maintenant à revisiter notre histoire comme jamais nous ne l’avons fait auparavant. Cette levée de bouclier de multiple couleur n’aurait pas cours. C’est l’une des raisons qui me fait douter de la demande relative à son annulation. Annulée, tout s’écroule. Il ne faut plus demander ni même exiger l’annulation d’une Re-Constitution de pacotille. Il ne nous faut plus rien demander. Il nous faut en profiter pour être ce que nous sommes. Le peuple démocratique et souverain du Québec, libre de choisir son destin. Il nous faut célébrer ce que n’ose célébrer le Conquérant. Nous nous pouvons célébrer notre fière existence. Nous pouvons faire de cet instant de guerre entre deux Empires conquérant concurrents, un mouvement de la paix du peuple, celle qu’il impose pour lui est ses enfants en investissant pacifiquement ses rues manifestant sa voix.

Quels ressorts mobilisateurs auront nous pour ce faire dans une annulation obtenue ? Quoi d’autre que le rien et le vide du banal quotidien de l’indifférence ? Qu’obtiendrions-nous en exigeant toujours une annulation qui n’advient pas, sinon le spectacle de notre impuissance ? Quoi de mieux que de manifester notre puissante et souveraine existence né d’une bataille perdue par un Souverain de France déchu par son abdication de fait ? Quoi de mieux que de la manifester cette souveraine, saine et bruyante existence, devant le monde réuni ici ou nous observant de partout pour l’occasion, même à distance ? Célébrons là, toutes couleurs déployées, puissante n’exigeant rien d’autre qu’un État du peuple souverain, émanant du peuple démocratique. Une leçon d’histoire. L’Histoire d’une rupture de ton, d’une rupture paradigmatique, d’une rupture de sens qui fait d’une Conquête une Cession qui n’a jamais eu lieu. Un peuple ne saurait être un objet de Cession.

NOUS, le peuple, NOUS, le peuple démocratique et souverain du Québec, nous sommes né distinct du peuple de France le jour où notre Souverain de France, ce peuple dont nous étions une partie en Nouvelle-France, n’a plus été le nôtre, parce qu’il a abdiqué son devoir premier de protéger son peuple contre l’envahisseur, il y aura de cela 250 ans le 13 septembre 1759. Une grande manifestation pourrait célébrer cet accouchement dans le sang versé de l’amère patrie pendant les reconstitutions des batailles de Québec du 30 juillet au 2 août 2009.

NOUS, le peuple démocratique et souverain du Québec, nous pourrions investir Québec. Nous pourrions occuper pacifiquement ses enceintes. Comme nous aurions dû le faire en 1759, sans capituler. Comme un signe de rupture d’avec notre passé sur lequel on se penche aujourd’hui. Si nos élites ont capitulé le 18 septembre 1759, cela n’a pas eu d’effet sur NOUS, nous le peuple toujours vivant et souverain, sans Souverain, depuis le 13 septembre 1759. Le nôtre il a abdiqué de fait, et sinon, il est mort par Montcalm et procuration le 14 septembre sous le feu britannique.

Il nous faut faire l’unité du peuple souverain du Québec, pour cela il nous faut encore discuter. Peu importe ce que nous décideront nous devrons le faire dans l’unité. Non dans la pagaille et la division. C’est tout ce qu’ils espèrent de nous. Nous diviser en espérant que nous offrirons le spectacle de leur oeuvre.

Nous sommes un peuple. Nous sommes un. Les uns et les autres doivent trouver comment devenir un. Un peuple. Debout. Les timorés devront se mobiliser, les mobilisés devront trouver comment mobiliser tout un peuple. Et non pas se mobiliser sans lui. Le temps est compté et nous en sommes toutes et tous comptables. Il ne faut pas le perdre en pagaille.

De ces enseignements de l’histoire, toutes fictions confondues, y compris celle des patriotes isolés en quelque tranchée, nous pourrions établir des bases nouvelles qui nous permettraient de fonder l’État du peuple démocratique et souverain du Québec, sur le peuple et par le peuple, un peuple uni. Même 250 ans plus tard, comme dans un espace-temps suspendu qui nous fait être toujours et encore entre le 13 et le 17 septembre 1759, isolés dans nos bastides, discutant ce qu’il convient de faire. Et, ce n’est pas sûr cette fois que consulté nommément, ce peuple uni, fera comme ses élites en offrant sa capitulation. L’avenir le dira…

Quant au passé. Il n’est que ce que nous sommes par lui devenus. En cela et pour cela, il nous ressemble et rassemble.

La question est aujourd’hui pour nous : voulons-nous, NOUS, le peuple maintenant démocratique et souverain du Québec, lui ressembler et accepter de nous soumettre à un destin qui a fait de nos élites des capitulards ?

La question est aujourd’hui pour le Canada : le peuple démocratique et souverain du Canada, veut-il ressembler encore à ce qui l’a fondé sur la contrainte et la Conquête britannique, et toujours par ses élites politiques s’imposer d’autorité et de force, par les menaces de représailles, les manipulations commanditaires, le refus de respecter les lois référendaires de l’Assemblée nationale, et une unilatéral rapatriement de sa Constitution, contre la volonté libre du peuple souverain du Québec ? Ce qu’est toujours le Canada unilatéral de 1982. Est-ce cet État-là que veut fonder le peuple souverain du Canada et dans lequel il désire vivre et nous contraindre à vivre ?

Si c’est le cas, nous ne capitulerons pas. Nous serons dans la rue cet été 2009, car nous sommes toujours le 17 septembre 1759 et personne ne viendra au nom du peuple souverain du Québec, offrir les conditions d’une capitulation qui ne viendra pas. Cela, parce que nous opérons maintenant la rupture d’avec un passé guerrier auquel le peuple n’a jamais été convié et auquel il n’a jamais consenti librement. Nous ne sommes plus sous la dictature monarchique d’États conquérants, nous sommes un peuple démocratique, pacifiste et souverain.

Nous,
Nous sommes,
Nous sommes un,
Nous sommes un peuple,
Nous sommes le peuple démocratique, pacifiste et souverain du Québec.


Suppositions

Si la Tour Eiffel montait
Moins haut le bout de son nez,
Si l’Arc de Triomphe était
Un peu moins lourd à porter,
Si l’Opéra se pliait,
Si la Seine se roulait,
Si les ponts se dégonflaient,
Si les gens se tassaient
Un peu plus dans le métro
Si l’on retirait des rues
Les guéridons des bistrots,
Les obèses, les ventrus,
Les porteurs de grands chapeaux,
Si l’on ôtait les autos,
Si l’on rasait les barbus,
Si l’on comptait les kilos
A deux cents grammes pas plus
Si Montmartre se tassait,
Si les trop gros maigrissaient
Si les tours rapetissaient,
Si le Louvre s’envolait,
Si l’on rentrait les oreilles,
Avec des Si on mettrait
Paris dans une bouteille

Poème de Jacques Charpentreau (né en 1928) illustrant un proverbe français.

« Mots et merveilles » – Éditions SGPP, 1981 ( Lieu commun )

  1. Voir Suppositions, plus haut []
  2. D’après Jacques Vaillancourt sur VigileL’étrange capitulation de Québec du 18 septembre 1759. Voir aussi les Archives du Canada de 1905 []