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Autopsie de la gâchette chez l’Oncle Sam

Chez « l’Oncle Sam », devenu le pays de la gâchette, nombre d’Américains semblent s’armer plus que jamais depuis la tuerie à l’Université de Virginie. Le fusil n’est  plus le jouet d’un film western épique, mais bien la pointe agressive d’un malaise profond dont l’espace social tout entier devient un tête-à-tête angoissant, à se refermer sur soi-même. Et à ne voir que des ennemis autour de soi, peut-être. Car, à la limite, si mon voisin s’arme, pourquoi pas moi? se disent bien des citoyens.

Effrayés ou non, on voit de plus en plus d’Américains s’initier volontiers aux armes à feu. En posséder une à la maison, tout juste derrière la porte, devient-il un atout stratégique ? Serait-ce un retour aux cowboys du XIXe siècle, version troisième millénaire?

La question tient ferme dans l’engagement du contrôle gouvernemental des armes à feu. En fait, si l’arme contribue à fabriquer de la liberté artificielle, la paix sociale en est-elle autant conditionnée ?

Un univers à charge

C’est là tout le problème. Soucieux de sa liberté, le peuple américain fait de sa liberté son propre univers à charge, d’où la circulation sans entrave des armes… chargées évidemment.

Quitte à aller même chauffer sa panse au soleil de la Floride, l’arme à la ceinture. Ne rions pas ! La profondeur ironique de l’extrême conscience américaine est de cette nature : la tranquilité bourgeoise sur le sable brûlant et les munitions tout à côté. Pas de juste-milieu. Il faut rester en position dominante. Comme les conquérants des chevauchées fantastiques du « far west ».

L’imaginaire américain

L’imaginaire américain a un front de taureau, en quelque sorte. Son domicile fixe prend la place d’un continent pour confortablement s’épanouir, bien installé dans la frénésie des grands espaces, en citoyen d’honneur. L’américain n’est pas un pèlerin, c’est un aventurier heureux d’exister,  jamais privé d’ampleur, le fusil adapté à tous les climats; le fusil familier, devenu une « présence à soi », une conscience dans les extrêmes. Une sorte de sagesse, diront à tort les mauvais sociologues.

Disons plutôt que le fusil, ce va-et-vient entre eux, rendu si maléable, est d’un égoïsme de plomb. À trouer son ennemi immédiat. Et à un niveau supérieur, à pratiquer la grande trouée des ennemis de l’État, comme les assassinats politiques.

L’impérialisme de plomb

La fureur et la colère des citoyens sont cultivées et amplifiées grâce aux bonnes recettes commerciales, une mystique du commerce des armes, un égo-financier à grand renfort de publicité te pour « sauver » l’Irak, rendre ce pays démocratique. Que d’illusions perdues, que de tentations diaboliques exercées par des firmes d’armements pour maîtriser les politiques du Pentagone et  contrôler le « fric », l’empocher comme d’une matinée sans fin, toujours gourmande… et  profaner les paroles sacrées de l’amour entre les peuples. Une charité morte où gravite la peur.

Vraiment, cet impérialisme de plomb menace à s’y méprendre, les citoyens américains.