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« Si tu peux tuer ton ennemi, fais-le, sinon fais-t’en un ami »

Le premier, c’est l’homme qui, sous couvert d’une implacable déroute financière mondiale, a lancé sa Province dans une élection que nul ne voulait pour le simple plaisir de se doter d’un majorité parlementaire. Nous ne répéterons jamais assez qu’il est profondément irresponsable de lâcher la barre d’un bateau pendant un mois pour dépenser quelques 80 millions de dollars. Comble de l’incohérence, les deux partis d’oppositions ne souhaitaient pas renverser le Gouvernement libéral et ont demandé, à plusieurs reprises, de collaborer avec lui.

Le second, quant à lui, pousse l’art du cynisme à son paroxysme. Le même homme qui refusait d’intervenir dans l’économie quand les marchés dégringolaient en pleine campagne électorale et qui ne souhaite toujours pas prendre de mesures drastiques pour anticiper les conséquences de la crise naissante (le plan de relance de l’économie ne sera présenté que dans quelques mois, les salariés précaires lui en sauront certainement gré), prendra vraisemblablement deux mesures idéologiques qui briseront toutes formes de contestations du pouvoir fédéral. Après les coupes dans le financement des programmes culturels, Stephen Harper a donc suspendu le droit de grève des fonctionnaires fédéraux. Les serviteurs de l’État canadien seront donc la première variable d’ajustement budgétaire en leur interdisant la capacité de contester toute forme de régression salariale.

Et comme Stephen Harper semble concourrir dans la catégorié “démagogie galopante”, il a donc purement et simplement demandé que le système de financement publique des partis politiques (1,95$/voix) soit supprimé. Les finances du PCC sont saines, tant mieux pour lui et on pourra reprocher aux autres partis de ne pas s’engager plus dans les levées de fonds; mais supprimer le financement publique c’est asphyxier l’opposition et supprimer les vivres des petites formations politiques. C’est aussi ouvrir la boîte de Pandore et accepter que les méthodes douteuses de financement refassent surface.

La logique économique (je parle d’Économie avec un grand “É”, pas la realpolitik de gestion budgétaire) de Stephen Harper est nulle et injustifiable. Qui peut croire que les 30 ou 40 millions économisés à coup de hache dans les partis permettront de stimuler l’économie et venir en aide au secteur manufacturier? Le Gouvernement Harper n’est pas celui du bon sens comme il se prétend être: il est l’oeuvre d’une idéologie libérale et néo-conservatrice que George W. Bush n’aurait pas renié. À deux reprises, il n’a pu obtenir de majorité à Ottawa. Or, couper les vivres de ces opposants les mettra à genoux et lui ouvrira les portes d’un mandat majoritaire. Il est donc légitime que l’opposition songe à renverser le Gouvernement en formant une coalition car il s’agirait là d’un inquiétant glissement vers une spirale monopartisane.

Étouffer la contestation et agir librement, sans débat ni controverse, sont les ultimes conséquences des choix d’Harper car, pour reprendre une dernière fois les mots de Nicolas Machiavel, « la soif de dominer est celle qui s’éteint la dernière dans le coeur de l’homme »