- AmériQuébec - https://www.ameriquebec.net -

PQ, QS et PI: la crise de l’unité souverainiste

Sous prétexte que le PQ nous éloignerait de l’imminence de la création de l’État souverain par d’incessants reports causés par des contingences adverses, il faudrait recommencer à zéro avec d’autres partis ? N’est-ce pas reporter de 15 ans au moins la victoire électorale de nouveaux Partis indépendantistes ( QS et PI ), le temps qu’ils se constituent en force électorale en moins de 3 élections. ? Qui reporte les échéances, le PQ ou la division du vote souverainiste ? Dénoncer les reports et abonder dans le report et la division, c’est ça être indépendantiste ?

Contre les contingences adverses de la perte de « l’imminence » de la souveraineté : non plus la division, mais la congruence de « l’immanence » de la cause du peuple démocratique et souverain du Québec

Immanence
– [PHILOSOPHIE] Qui existe de soi-même; qui est de la nature même de l’être.
– [Moderne] Qui existe à l’intérieur de l’être.

Ce qui est de la nature même du peuple démocratique et souverain, c’est qu’il est le seul et unique fondateur de l’État démocratique. La congruence souverainiste impose que le peuple démocratique et souverain fonde l’État qui le gouverne. L’État du Canada n’est pas fondé par et pour le peuple souverain du Québec puisque ce peuple n’a jamais été nommément appelé à le valider. Pour cause, ce peuple souverain du Québec n’adhère pas à la Constitution unilatérale de ce Canada rapatrié de 1982 et imposé d’autorité sans le consentement du peuple et contre l’avis de l’Assemblée nationale du Québec.

Pourtant c’est bien cet État du Canada invalide et illégitime qui gouverne le peuple souverain du Québec. La congruence souverainiste fondée sur l’immanence de la cause du peuple souverain du Québec, consiste à appeler le peuple à invalider cet État. Avant de retrouver son indépendance il faut d’abord divorcer, il faut d’abord confirmer l’invalidité d’une union imposée de force et d’autorité. Avant d’appeler le peuple souverain du Québec à fonder un État souverain, il faut l’appeler à invalider l’État actuel qui impose son gouvernement d’un État qui ne reconnaît pas même l’existence du peuple démocratique et souverain du Québec.

Imminence VS Immanence

L’imminence annoncée de la création de l’État souverain du Québec nous a trop longtemps fait croire que cet état de fait pouvait être toléré puisqu’il ne devait être que très temporaire. Après 30 ans de lutte, cette imminence a fait long feu. C’est la crise de « l’imminence » perdue. Une crise qui engendre la division, voire l’éclatement de l’unité souverainiste. Les appels des indépendantistes à recommencer à zéro la mise sur pieds de partis autres que le PQ, dans QS et le PI, ne peut que reporter d’autant cette imminence perdue.

Ainsi, ne serait-il pas temps de songer à autre chose… que « l’imminentisme » pour prendre fait et cause pour la cause du peuple souverain du Québec. Cet « imminentisme » qui seul est en mesure de fédérer les souverainistes, et son corollaire opposé, celui qui divise, parce que la perte de l’imminence serait causée par les souverainistes eux-mêmes.

La perte de l’imminence mobilisatrice ( dans le report démobilisateur ) VS Un gain de congruence

La voix du peuple souverain du Québec – La congruence de la légitimité démocratique

La lutte pour la création d’un État souverain du Québec, indépendant du Canada, a été caractérisée dès la création du Parti québécois et la dissolution du RIN, par l’imminence de son avènement. C’est « l’imminentisme » historique, le paradigme constitutif et mobilisateur du souverainisme étatique historique. Le problème avec de tels fondements, c’est que « l’imminence » envolée… la mobilisation, l’unité souverainiste qui ne tiendrait qu’à son imminence, s’envole… C’est la crise… La crise actuelle du souverainisme historique, la crise de la division, de l’éclatement pressenti ou avéré du PQ, attaqué de toutes parts.

N’est-il pas temps de refonder le souverainisme sur des bases plus solides qui fondent la mobilisation et le souverainisme non plus sur l’imminence de la création de l’État souverain mais sur la congruence du principe démocratique qui se fonde sur la volonté du peuple démocratique et souverain ?

« L’imminentisme » du souverainisme étatique historique

Rien n’a pu contredire cette croyance, cette espérance, ce programme, ce paradigme constitutif du parcours souverainiste : le pays est à notre portée et sa création est imminente. Ni les premiers revers du PQ ( il suffit de travailler encore ). Ni le report du référendum ( finalement le PQ a pu grâce à la promesse de tenir un référendum, atteindre le pouvoir et a pu le tenir ). Ni le premier échec référendaire ( le rapatriement d’une constitution unilatérale rejetée par le Québec devait créer les conditions pour revenir à la charge ), ni le beau risque qui a mis la table pour un renouvellement de la Constitution du Canada ( au contraire, le rejet de Meech a pavé la voie à Jacques Parizeau de retour au Parti québécois ), ni même les années qui suivirent la presque victoire du deuxième référendum ( Lucien Bouchard le sauveur devait pouvoir revenir à la charge ), ni encore la démission de Bernard Landry ( un nouveau chef plus jeune plus fou nous permettrait de revenir à la charge). Ni même quand Jean Charest défaisant ce dernier espoir ( quoique… c’est à ce moment que commence à s’installer un constat de dissolution de l’imminence de la création de l’État souverain ).

La crise souverainiste : la perte de l’imminence ?

À partir du moment où, prématurément, ce gouvernement de Jean Charest menace de reprendre le pouvoir, majoritaire ou minoritaire, commence à s’installer un nouveau paradigme : l’imminence a fait long feu. Même les plus tenaces constatent que l’imminence de la souveraineté fait place à l’ajournement. C’est la crise. La crise de confiance, la crise de l’espoir, la crise de la mobilisation, la crise de l’unité. Si l’objectif est toujours là, s’installent peu à peu de diverses manières, une nouvelle donne. Le principe de l’imminence est invalidé. Il faut compter sur une autre constante. Cela se décline de diverses manières selon son vécu, ses expériences, son tempérament, phobique ou contra-phobique. On se repliera dans le découragement, ou l’on foncera, peu importe si l’on fonce dans un mur…

D’aucun s’accrochent et pensent que cette imminence peut ressurgir, il suffit de parler d’indépendance. Cependant, l’imminence est tout aussi reportée, puisqu’il faut d’après eux, quitter le PQ et recommencer ailleurs, dans Québec solidaire ou dans le PI. D’autres, disent au contraire, qu’il faut plutôt rester au PQ, et mettre nos priorités ailleurs, sur l’économie, sur la justice sociale, etc. Entre les deux, le Parti québécois sous la gouverne de Pauline Marois, accepte la perte de l’imminence sans pour autant perdre de vue l’objectif. Tel Jacques Parizeau, ils veulent travailler à la construction du pays dans la constance et cela commence par la prise du pouvoir.

Le paradoxe « imminentiste »

Le paradigme souverainiste postule que l’imminence est mobilisatrice, et qu’inversement le report est démobilisateur. Ainsi, les « imminentistes » ne se permettent de quitter le PQ, que parce qu’ils ont jeté la serviette, ils ne croient plus à l’imminence de la souveraineté. Tant qu’à faire donc, ou par dépit, ou encore par esprit de punition, autant abonder dans le report et ajourner le tout pour de bonnes raisons. Recommencer ailleurs un autre PQ. Par contre, si le PQ affichait de bonnes chances de former le prochain gouvernement sans ajourner le débat à faire, l’imminence ainsi accessible, leur interdirait de quitter le navire. C’est l’effet Parizeau de 1994, il nous a fait croire à l’imminence de la souveraineté, avec raison… mais le résultat… Aujourd’hui, nous ne serions qu’en peine de sauveur.

Le fait par exemple pour des souverainistes, comme Andrée Ferretti,1 de se rabattre sur Québec Solidaire, un parti qui n’a aucune chance de prendre le pouvoir à brève échéance, ne fait que consacrer la perte de l’imminence et reporter indéfiniment la résurgence de l’imminence. Car il faudra du temps, pour que QS ou le PI puissent avoir quelques chances de former le gouvernement. Ainsi, on quitte parce que la souveraineté est ajournée, mais on contribue à l’ajournement en décidant de recommencer, donc de reporter le tout. Dans le meilleur des cas, le PI ne pourra prendre le pouvoir, que parce qu’il aura supplanté le PQ. Un tel processus ne pourra que prendre beaucoup de temps, au minimum deux ou trois élections, une fourchette de 8 à 12 ans. Qu’importe ! Nous sommes en perte d’imminence autant abonder dans le report.

L’imminence a fait long feu, parce qu’on aura mal accepté que le PQ accepte la perte de l’imminence en choisissant le report dans la constance déterminée. Les indépendantistes sous prétexte de refus du report, en quittant le PQ pour QS ou le PI, ne font pas autrement que le PQ, ils participent à l’ajournement, puisque, ce faisant, le PQ est affaibli, et bien sûr, l’imminence devient de plus en plus non plus un report, mais un véritable ajournement indéfini. Par contre, en acceptant la perte de l’imminence, en appuyant le PQ, les indépendantistes auraient plus de chance que ressurgisse bien plus rapidement l’imminence de la souveraineté, d’autant s’ils font ce qu’ils disent et qu’ils font la défense et illustration du bien-fondé de son avènement, parallèlement au PQ qui n’en parlerait pas. Comme Obama l’a fait, il ne s’est pas présenté comme un candidat des noirs, mais les noirs ont tenu sa candidature pour tel. On connaît le résultat. L’imminence de la souveraineté implique une constante, car, pour être doté des moyens qu’il faut pour mettre en branle l’imminence de la souveraineté, il faut des souverainistes au gouvernement. Ainsi, l’ajournement pourrait être d’une plus courte durée en élisant maintenant un gouvernement du PQ, mais cela semble échapper à bien des « imminentistes ».

En lieu et place du PQ…

Sous prétexte de refus des reports, on abonde dans le report.

En lieu et place de ce report, profitant de ce report, puisque l’imminence fait place au report, ce à quoi tout le monde semble adhérer, ne vaudrait-il pas mieux fonder la lutte souverainiste sur autre chose que l’imminence de la souveraineté de l’État du Québec, mais bien sur ce pourquoi nous voulons la faire, à savoir, donner au peuple souverain du Québec l’occasion de fonder l’État qu’il désire, sur la base d’une invalidation de l’État actuel du Canada qui s’impose d’autorité, sans jamais s’être nommément fondé sur et par la volonté démocratique du peuple souverain du Québec ? En somme, ne faudrait-il pas cesser de tabler sur l’imminence mais plutôt tabler sur la constance et la congruence ?

L’éclatement souverainiste : « l’imminentisme » doublé d’attentisme

Le renversement du paradigme de l’imminence de la souveraineté menace le mouvement souverainiste d’éclatement. Cette dispersion peut néanmoins être contrée. Ce qui est plus difficile à contrer c’est l’attentisme. D’aucuns réagissent au report de l’imminence de la souveraineté en abondant encore dans le report. Ici, ce n’est pas le PQ la cause de la perte de l’imminence, mais ce serait la cheffe qui par ses manques ne ferait pas l’affaire. Si l’on s’abstient de lui faire la guerre, on s’abstient de l’appuyer et de se mobiliser pour faire de cette élection une lutte à finir pour renverser le gouvernement démissionnaire et canadianisateur de Jean Charest. On table sur sa victoire, on table sur la défaite de Pauline Marois, pour la renverser. On n’a qu’à attendre. Sa défaite fera le reste. On n’a qu’à attendre, pour la remplacer par Gilles Duceppe. Lui sera mieux faire. Il saura restaurer l’imminence de la souveraineté… Les attentistes permettront donc par leur désistement à priver le PQ, Pauline Marois, d’une possible victoire.

Le souverainisme affronte donc une double menace d’effondrement. Une menace d’éclatement centripète engendré par une fuite des personnes qui quittent le PQ pour recommencer ailleurs la lutte souverainiste et une menace d’éclatement centrifuge venant des personnes qui s’abstiennent de s’impliquer dans la présente campagne électorale parce qu’elles acceptent un effondrement temporaire qui reporte d’une élection le retour espéré du PQ au pouvoir. Comme si tels reports étaient les seules solutions pour affronter la crise que provoque le report de l’imminence de la souveraineté. Un fait nouveau dans le parcours souverainiste. Jamais n’a pu s’imposer une telle impression qui nous place devant un fait accompli, la souveraineté ne semble pas prête de s’imposer. Ce qui pose la question de l’a propos de la stratégie souverainiste de « l’imminentisme ».

« L’imminentisme » est un principe politique qui contient la condition de son propre effondrement. Compter sur l’imminence de la souveraineté pour mobiliser le peuple, mobiliser les troupes a ses limites et nous les avons atteintes.

Une double constance qui contient sa propre congruence.

L’imminence de la souveraineté est peut-être mobilisatrice, mais il suffit qu’elle disparaisse pour que disparaisse la mobilisation. Il s’agit donc pour les « imminentistes » d’assujettir le bien-fondé d’une démarche, sur la probabilité qu’elle advienne. En lieu et place de cet assujettissement, la valorisation de la congruence qui consiste à donner à ce peuple souverain du Québec un État validé par lui, permet de mobiliser le peuple sans pour autant que l’imminence de la création de l’État souverain soit le moteur de la mobilisation souverainiste, qui s’en trouve libérée de son assujettissement à l’imminence de la souveraineté. Libérée de cet assujettissement dès lors qu’il ne s’agit plus d’attendre la délivrance, mais contester l’État actuel qui ne se valide pas sur le peuple souverain. Ce défaut de légitimité n’a pas à être assujetti à quelque qu’imminence que ce soit, puisqu’il existe déjà. Ce défaut de validité démocratique date de près de 250 ans, c’est la constante de cet État. Une constante que l’imminence de la souveraineté nous a toujours fait prendre pour temporaire, alors qu’elle est… constante depuis près de 250 ans, et depuis la trentaine d’années qui on fait de l’imminence de la souveraineté, le moteur de la mobilisation souverainiste, cela n’a pas changé, cet État du Canada reste et demeure illégitime. Or, il l’est d’autant que les référendums perdants sont par défaut, tenus pour être une acceptation du statut quo. Ce qui n’est pas le cas, mais qui fait office de validation par défaut.

Cette constance nous désespère, mais nous n’y avons pas prêté attention parce que l’imminence de la souveraineté allait bientôt nous en libérer. Nous pouvions accepter de gouverner malgré tout, sans remettre en question ce statut quo de manière décisive parce que nous croyions à tort ou à raison, qu’un rien nous séparait de la séparation. La fin de l’imminence nous place devant des faits nouveaux, pourtant fort anciens. Dès que l’imminence est reportée, au lieu de nous attaquer à cette constante constance du statut quo pour l’invalider, on a préféré et l’on préfère toujours, l’ignorer. Une ignorance qui n’a d’intelligence que dans le fait de se projeter dans une imminence théorique et imaginaire, mais qui dans le concret n’est rien d’autre qu’un report de plus.

Faire valoir qu’il suffit de parler de souveraineté pour que l’imminence soit de nouveau le moteur de notre mobilisation, ne fait que reporter le problème dans le temps s’il est question de recommencer ailleurs que dans le PQ, la lutte pour la souveraineté de l’État.

La constante canadianisatrice VS La constante démocratique

L’État du Canada validé par un double défaut

L’État du Canada se « valide » par défaut, notamment parce qu’il s’abstient de recevoir un NON ferme s’il consultait le peuple souverain du Québec qui le rejette. N’étant pas invalidé, il se prétend, se croit ou fait mine de se croire, dûment validé, ce qui bien sûr n’est pas le cas. Mais comme même les souverainistes ne développent rien d’autre que des dénonciations pour en contester le fait… Ainsi, ce défaut des souverainistes d’invalider cette prétention usurpatrice, participe à cette validation par défaut du statut quo de blocage actuel. Cet État rejeté par les souverainistes se « valide » aussi, paradoxalement, sur l’incurie souverainiste. Il se valide sur le défaut des souverainistes « imminentistes » de pareillement consulter le peuple souverain du Québec à l’égard de l’invalidité d’un Canada refusé par le Québec.

Cette incurie, ce défaut de légitimité n’est ainsi légitimé que parce que la création imminente de l’État souverain du Québec invaliderait d’office cet État rejeté par le peuple souverain du Québec, ce défaut de légitimité du Canada serait acceptable, selon les « imminentistes », parce qu’il n’est que temporaire étant donné l’imminence de la création de l’État souverain. La tolérance à la constance d’un État illégitime, est partie intégrante du paradigme du Canada qu’on veut remplacer, mais s’avère aussi constant dans le paradigme souverainiste qui s’abstient de rompre avec cette intolérable illégitimité, étant donné que l’imminente souveraineté fera le travail. Par ce défaut de « l’imminentisme » la constance de l’illégitimité canadianisatrice est assurée non seulement pas l’État du Canada, qui sait bien que soumise à l’approbation du peuple souverain du Québec, sa Constitution serait démocratiquement invalidée, mais aussi et surtout, cette tolérance à l’illégitimité du Canada actuel qu’engendre « l’imminentisme », assure la constance du statut quo par les souverainistes et indépendantistes eux-mêmes.

Ce double défaut de consulter le peuple souverain, prive le peuple démocratique et souverain du Québec d’État valide. Un détail… qui dans l’imminence peut à la rigueur être toléré, mais qui devient intolérable dans la dissolution de l’imminence. La tolérance devient dès lors désespérance. Pas étonnant que tant de souverainistes désespèrent. Ce qui a pour effet de se retourner vers le peuple qui dès lors, se trouve à être désespérant, confortable et indifférent… Alors même que c’est la tolérance « imminentiste » qui a provoqué le défaut de légitimité qui fait de ce peuple démocratique et souverain un peuple gouverné par un État invalide et illégitime.

Le souverainisme et l’indépendantisme historique « imminentiste » fondé sur la proche création de l’État souverain du Québec, prive le peuple souverain qu’il veut libérer, d’un État valide, parce qu’il ne parvient pas à fonder l’État qu’il désire pour ce peuple. Cette privation a des conséquences funestes à maints égards politiques, politique intérieure et extérieure, maints égards économiques, financiers, sociétaux, culturels et artistiques. Un chapitre entier ne pourrait que survoler l’ampleur des impacts négatifs structurels, culturels, sociétaux et psychosociaux.

Ne serait-ce que dans la question identitaire, l’estime/dénigrement de soi, le dénigrement du politique, des élites, de l’anti-intellectualisme, la fuite dans le divertissement tous azimuts, l’hostilité contre l’autorité, son contraire, la séduction pour la droite, le sentiment d’impuissance… Nous des sans-papiers, avec tout ce que comporte de délinquance tel non-statut. Pire, nous sommes contraints de vivre dans la falsification. On nous procure de faux-papiers, une reconnaissance factice dans une Loi révocable, sans qu’elle se trouve inscrite dans la lettre de la Loi irrévocable de l’État, la Constitution.

Les indépendantistes impuissants, puisant leur puissance dans leur rêve et leur parole, hors la lettre de la Loi de l’État, ne cessent d’en mesurer l’étendue, mais s’abstiennent tout autant de poser un geste à cet égard, pour s’inscrire dans la lettre de la Loi de l’État, se contentant toujours d’assujettir l’invalidité de l’État actuel à l’avènement pourtant toujours reporté de l’État souverain du Québec, d’autant quand ils se divisent pour entreprendre de recommencer ailleurs ce que le PQ aurait dû faire, selon eux, persister dans l’entretien du sentiment d’imminence fût-elle factice, à défaut de réelle imminence.

Un souverainisme « imminentiste » VS Un souverainisme de congruence

Profitant de la perte de l’imminence de la souveraineté de l’État, un souverainisme de congruence pourrait se fonder dans la constance en prenant d’abord acte du fait que le report de la création de l’État souverain impose au peuple souverain qu’il veut pourtant défendre, un État invalide et illégitime. Cet état de fait ne doit plus être assujetti à quelque report que ce soit, ni à quelqu’imminence que ce soit. La congruence impose de prendre acte de l’invalidité de l’État actuel. Non pas seulement dans le fait de le dire, mais bien dans le fait d’incarner ce fait dans l’État, dans la Loi de l’État, dans la lettre de la Loi de l’État, dans la lettre de la Loi référendaire. En effet, c’est une chose d’affirmer que cet État actuel du Canada est refusé par le peuple démocratique et souverain, mais c’en est une autre d’appeler ce peuple à se prononcer à cet égard. Ce faisant, pour la première fois, ce peuple souverain serait consulté à l’égard de la succession des États autocratiques ou démocratiques qui lui ont été imposés d’autorité depuis la Conquête par un Empire monarchique de droit divin devenu monarchie constitutionnelle, sans consulter le peuple, ce jusqu’au rapatriement de 1982 de la Constitution du Canada, toujours, sans jamais nommément consulter le peuple démocratique et souverain du Québec.

Si ce peuple, sous la menace de représailles économiques, politiques, sociétales et culturelles, ne parvient pas à s’entendre sur ce qu’il désire, un État souverain, autonome, ou fédéré de manière à détenir les pouvoirs qu’il désire, il peut néanmoins s’entendre sur ce qu’il ne désire pas, sur ce qu’il rejette, à savoir le Canada actuel. Et, ce peuple souverain du Québec, rejette majoritairement le Canada unilatéral actuel, rejette sa Constitution qui ne le reconnaît pas même comme existant en tant que peuple démocratique et souverain, rejette sa structure et son partage des pouvoirs, des souverainistes aux fédéralistes rénovateurs en passant par les autonomistes adéquistes, tous rejettent l’État du Canada actuel. Mais tous s’abstiennent de consulter le peuple à cet égard.

Une majorité claire pourrait surgir de tel exercice. Un exercice qui rétablirait la réciprocité politique et démocratique égalitariste et éthique. Si les souverainistes s’obligent à soumettre à l’approbation du peuple souverain du Québec l’Acte qui fonderait, constituerait et gouvernerait l’État souverain du peuple souverain du Québec, il n’y a aucune raison pour qu’un autre État s’impose autrement et d’autorité. Ainsi, tous les États seraient tenus de se soumettre à la démocratique approbation du peuple souverain, pour peu que cet État soit démocratique, comme de bien entendu, cela va de soi…

La congruence l’impose. Le principe démocratique de la souveraineté du peuple l’impose. Une telle consultation aurait des impacts majeurs à plusieurs égards pour la suite des choses. Ainsi, un référendum gagnant pourrait être tenu. Pour une fois, la mobilisation souverainiste ne serait soumise à aucun report, à aucun assujettissement d’imminence. Pour une fois un NON tonitruant au Canada résonnerait partout dans le monde. Cet État ne pourrait plus se dire légitime et valide. S’il veut soumettre par la suite une Constitution du Canada reconnaissant d’abord l’existence du peuple démocratique et souverain du Québec, doté des pouvoirs afférents utiles à sa survivance, à son développement, à son déploiement dans les Amériques et dans le monde. Si le Canada décide de soumettre telle Constitution, ce qui n’est pas évidence, les souverainistes pourront de leur côté présenter à l’approbation du peuple souverain du Québec, la défense et l’illustration d’un meilleur choix en ce sens. Tant qu’à être peuple souverain reconnu par le Canada, autant l’être peuple souverain doté d’un État propre, reconnu par toutes les Nations unies de ce monde.

Le peuple souverain de périphérie VS Le centre démocratique de la souveraineté du peuple

Le risque politique des souverainistes est de voir le Canada obtenir l’assentiment des Québécois pour un tel État du Canada rénové. Le risque pour le Canada, est de voir l’État qu’ils ont toujours pensé s’imposer par défaut, être complètement chambardé par un nouveau rapport de force établi par le peuple souverain du Québec, libre de valider ou invalider les États qui prétendent le gouverner à bon droit.

Je prétends que fonder un souverainisme non plus sur l’État, mais bien sûr le peuple souverain fondateur de l’État souverain, est la seule congruence possible. Il est question ici de centrer la souveraineté non plus sur l’État, mais bien sûr le peuple, fondateur de l’État. Il est ici question de prendre acte de la dissolution de l’imminence de la souveraineté de l’État, non plus dans le report, mais dans la congruence. Non plus dans la division, le manque de constance, la démobilisation et le découragement, mais dans l’union, dans la mobilisation, la congruence de la logique démocratique qui s’oblige à convoquer le peuple souverain pour qu’il ait l’occasion de se prononcer sur une exigence réciproque à l’égard des États qui prétendent ou aspirent à le gouverner à bons droits : tous les États quelqu’ils soient, doivent être nommément validé par le peuple souverain du Québec.

Seul un gouvernement souverainiste majoritaire, seul un gouvernement souverainiste de coalition majoritaire peut permettre de consulter valablement le peuple souverain du Québec à cet égard. Ce gouvernement peut être celui du Parti québécois. Il est question déjà de référendum pour rapatrier la culture. Pourquoi ne serait-il pas question d’invalider l’État actuel qui ne permet pas tel rapatriement.

La dissolution de l’imminence de la création de l’État souverain, ouvre des portes sur toute autre chose que la démission, le report de l’action, la disqualification de la volonté démocratique du peuple souverain du Québec et la division souverainiste. Pour cela, il faut renverser le Premier ministre démissionnaire en élisant un gouvernement du Parti québécois. Pour cela, il faut élire le Parti québécois, seul parti souverainiste capable maintenant d’accéder au gouvernement. Pour cela, il faut faire l’union souverainiste. Derrière le Parti québécois ou dans une coalition électorale inédite.

La coalition souverainiste de l’UNION du peuple souverain du Québec

La démission de Andrée Ferretti du Parti Québécois, son intention affichée de voter pour Québec solidaire pose la question de la dispersion du vote souverainiste2 . Le report de l’imminence de la souveraineté l’aura convaincu que telle démission-adhésion ne causera pas de préjudice à la cause, puisque le report est déjà effectif. Le paradoxe reste entier, on quitte le PQ parce qu’il est suspecté de reporter les échéances, alors que le fait de recommencer ailleurs ne manquera pas de reporter l’échéance. Mais de cela aussi il faut prendre acte. Ainsi, le mal peut faire place à un bien, dans la mesure ou cette nouvelle expression diversifiée du vote souverainiste permet par ailleurs un rassemblement dans une coalition électorale qui seule peut empêcher la réélection du Premier ministre démissionnaire.

Coalition de désistement électoral congruent

Une coalition souverainiste pourrait très bien, sans délais ni autre structure, nous préserver de la division du vote souverainiste. 48 heures avant l’échéance du 8 décembre, une analyse des sondages et pointage par un groupe de personnes nommées par les partis de la coalition pourrait déterminer dans les comtés chauds, quel parti de la coalition est en mesure de battre le candidat(e) d’un parti qui n’est pas membre de la coalition. Dans un tel cas, le parti de la coalition qui permet l’élection adverse contre un parti de la coalition, appellerait ses partisans, à voter pour l’autre parti de la coalition gagnant. Sauf dans les contés des chefs de QS qui seraient d’office appuyés par un tel désistement du PQ, cela, afin de permettre à QS d’accepter de se désister dans les comtés où le PQ pourrait battre le PLQ ou l’ADQ. À moins que l’ADQ accepte d’être partie de la coalition électorale. Dans ce cas, le PQ appellera à voter pour Mario Dumont dans son comté. À moins que l’on privilégie l’élection de Victor-Lévy Beaulieu. En ce cas improbable d’union avec l’ADQ, Mario Dumont pourrait toujours être appelé au gouvernement sans être député. Dans ce cas, l’ADQ et QS pourront éventuellement participer au gouvernement de l’Union souverainiste du Parti québécois ainsi élu.

Un référendum gagnant

L’État du Canada, les canadianisateurs, les fédéralistes rénovateurs, tirent leur légitimité des deux référendums perdus par les souverainistes « imminentistes ». En s’abstenant d’incarner dans la démocratique expression du peuple souverain le rejet du statut quo, cela dans l’imminence de la création de l’État souverain du Québec, le peuple souverain du Québec, se trouve dans la constance de la force d’inertie d’un statut quo de blocage imposé par une minorité de blocage, sans État légitime, sans État légitimé par lui, se trouve à être un peuple orphelin. En perdant deux référendums, l’État du Canada se trouve ainsi validé. Or, il ne l’a jamais été, et il ne l’est pas pour autant. Ce n’est pas le Canada qui le fera, se valider tel qu’il est, car, il ne le peut pas, il serait défait. Qui d’autre peut le faire, sinon les souverainistes.

Or, « l’imminentisme » qui bât de l’aile, ouvre la porte à un tel référendum gagnant. Cela ne créera pas pour autant l’État souverain, mais une nouvelle défaite référendaire portant sur la souveraineté de l’État cessera de valider par défaut le statut quo actuel. Le Canada devra être validé par le peuple souverain du Québec, il devra renoncer au statut quo pour ce faire. Dans tous les cas, le peuple souverain du Québec est gagnant. Il peut donc faire l’unité et se constituer dans l’État qu’il désire. Aux souverainistes dès lors mobilisés par autres choses que factice et toujours reportée imminence de faire la défense et l’illustration du bien-fondé de l’État du peuple souverain du Québec.

Double et salvateur renversement paradigmatique de l’impasse canadianisatrice

Il s’agit ici de renversement paradigmatique. De double renversement. Il est question de renverser le paradigme canadien de l’État imposé d’autorité de la Souveraine, par le renversement du paradigme « imminentiste » de l’État souverain du Québec. C’est un renversement qui s’impose par un nouveau paradigme. L’exigence démocratique qui postule que seul le peuple souverain est habilité par valider et légitimer la légalité des États qui le gouverne. Rien d’autre.

Un gouvernement démocratique du peuple souverain du Québec

Un gouvernement d’Union du peuple souverain du Québec n’engage pas pour autant son premier mandat dans une tourmente référendaire. L’échéancier n’est pas précisé, « l’imminentisme » fait place à la congruence. Ainsi, la présente élection précipitée du 8 décembre 2008 oppose les démissionnaires du PLQ et la congruence démocratique qui fait du peuple souverain, le centre de l’action politique souverainiste. C’est lui qui décide. Point à la ligne. Il sera appelé tôt ou tard à se prononcer sur la validité de l’État du Canada.

Le gouvernement de l’Union du peuple souverain du Québec présidé par le Parti québécois de Pauline Marois, prendra les décisions qui s’imposent au regard des intérêts supérieurs de la nation. Un tel gouvernement ne démissionnera pas face à la crise économique comme l’a fait le Premier ministre démissionnaire Jean Charest. Un tel gouvernement assumera ses responsabilités au regard des intérêts politiques, économiques, sociétaux, culturels et environnementaux du peuple démocratique et souverain du Québec, dans la constance de sa survie et de celle de la langue française et dans la congruence politique du développement et du déploiement de son économie, de sa santé, de son éducation, de sa culture, de ses arts, de ses médias, et de sa stature politique de peuple démocratique distinct et souverain.

Votons en Bloc pour le Parti québécois de Pauline Marois.


Dans Le Soleil, le 22 novembre 2008, Gilbert Lavoie déclare :

« La souveraineté est en hibernation sous Pauline Marois »

Voilà toujours le discours propagandiste canadianisateur à l’oeuvre… On tente de susciter la division et l’éclatement souverainiste. Ils ne voient pas de problème à la perte de l’imminence. Voyons voir comment malgré tout engendrer la division dans les rangs souverainistes. Voilà un média fédéraliste qui tente de pomper les « purs et durs »… Ils ne seraient pas suffisamment visibles… autant leur en donner… de la visibilité.

Michel David3 n’est pas en reste en parlant des…

Les raisins de la colère

« Plus encore, le principal problème de Madame Marois, comme de Monsieur Boisclair, est qu’il n’y a plus suffisamment de ressentiment pour nourrir le projet souverainiste. »

Comme si la colère était le seul valable moteur de la souveraineté du peuple souverain du Québec. « L’imminentisme » et « colérisme » seraient les seules deux mamelles du Québec souverainiste ?

Du petit lait pour les canadianisateurs…

  1. Le Devoir – 2008-11-21 – Lettres – Mettre fin au rapt []
  2. Le Devoir – 2008-11-21 – Lettres – Mettre fin au rapt []
  3. Le Devoir 22 novembre 2008 []