Le vendredi 17 octobre 2008

QuébecInternational

Le Québec doit prendre sa place dans la Francophonie

Lettre d’opinion de Pauline Marois au sujet du Sommet de la Francophonie

L'état de la langue française ]

Par Parti Québécois

Le Québec accueille cette semaine le XIIe Sommet de la Francophonie. C’est une fierté pour nous de recevoir les chefs d’État et de gouvernement des pays membres ou observateurs. C’est aussi une occasion pour la communauté internationale de souligner le 400ème anniversaire de notre capitale nationale et de célébrer l’extraordinaire aventure francophone en Amérique du Nord.

Ce rendez-vous doit permettre à la communauté francophone de réaffirmer, par ses activités politiques, diplomatiques et de coopération, la solidarité de ses membres et leur détermination à accélérer le développement des peuples qui la composent. Le Québec a toujours été un partenaire actif et engagé pour la promotion et le rayonnement de la langue française et pour la défense de la diversité culturelle et linguistique.

Depuis ses débuts, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) compte sur l’engagement indéfectible de tous les gouvernements du Québec. Elle est la seule grande organisation internationale au sein de laquelle le Québec peut s’exprimer sans demander la permission du gouvernement fédéral. Il faut reconnaître que l’avenir du Québec sur la scène internationale sera tributaire de la qualité et de la pertinence de ses actions dans la Francophonie, tant qu’il ne sera pas souverain.

Politique de façade

Force est de constater, par ailleurs, que le Québec n’a pas su tirer profit de son rôle dans la préparation de ce sommet pour se doter d’une stratégie et d’une politique claires en regard de la Francophonie. Au cours des deux dernières années, Jean Charest a laissé la diplomatie fédérale occuper tout le terrain, ce qui place ce sommet sous le parapluie fédéral.

J’irai plus loin : après cinq ans au pouvoir, le gouvernement Charest n’a mené qu’une politique francophone de « façade », laissant la gestion des enjeux entre les mains du gouvernement fédéral.

En vue du prochain sommet, le premier ministre du Québec n’a finalement rien évoqué qui ne fasse partie des grands thèmes connus, ni jamais précisé les orientations défendues par le Québec. Son approche manque de fermeté, d’audace et de créativité. Il n’énonce que des généralités déjà connues sur la Francophonie.

Pour le gouvernement libéral, le sommet sera davantage une opération de visibilité qu’une réelle occasion de poser les jalons d’une Francophonie plus forte et plus active. Le premier ministre aurait dû, comme il est d’usage, organiser des consultations ou des rencontres avec ses collègues francophones pour préparer le sommet. Il a plutôt laissé tout le travail aux fonctionnaires. Il est urgent que le Québec prenne des initiatives et affirme son leadership au sein de la communauté francophone internationale. Je soulève ici trois défis qui mériteraient d’être relevés.

Être présent en Afrique et en Asie

L’OIF et ses opérateurs réalisent de multiples actions directement dans les pays en développement. La Francophonie peut compter sur la présence active des États du Nord, tel le Québec, sur ce terrain. Cette présence est fort utile et contribue à renforcer l’action francophone dans ces pays.

À ce chapitre, le gouvernement libéral néglige sa responsabilité, il n’est pas à la hauteur de ses prétentions. Hors de Paris et de Bruxelles, la diplomatie québécoise est totalement absente des pays francophones du Sud. Jean Charest a décidé d’ouvrir de nouveaux bureaux, certes, mais aucun dans l’espace francophone. Le gouvernement du Québec est totalement absent de l’Afrique et des trois pays asiatiques membres de l’OIF. Il faut absolument que le Québec y soit présent pour appuyer véritablement la croissance de la communauté francophone.

Depuis longtemps, des représentants permanents de la Francophonie sont postés à New York et à Genève, auprès des Nations unies. Aujourd’hui, le secrétaire général de la Francophonie devrait pouvoir compter sur une représentation permanente au Québec. Le Québec doit prendre l’initiative d’inviter et de soutenir l’OIF pour l’établissement d’une véritable représentation avec une spécialisation pour l’environnement. Déjà présente à Québec par l’entremise de l’Institut de l’énergie et de l’environnement de la Francophonie, l’OIF pourrait maintenant avoir une véritable tête de pont politique et diplomatique.

Reprendre notre nom : Québec

Lorsque la Francophonie réunit ses membres, le Québec s’y présente toujours sous le nom atypique de « Canada-Québec ». Cette situation est le fruit d’un vieux compromis entre Ottawa et Québec qui, en 1985, avait permis de lever le veto fédéral à la participation pleine et entière du gouvernement du Québec à la Francophonie « politique ».

Depuis cette époque, le Québec a beaucoup cheminé sur la scène internationale. Il serait temps, après 11 sommets, que le Québec retrouve enfin son propre nom dans la Francophonie et laisse tomber ce trait d’union futile.

Ma ferme conviction est que le Québec doit s’engager davantage dans la communauté francophone internationale. Il faut appuyer l’OIF pour que son action demeure forte et percutante. Ce sera un des principes directeurs des relations internationales du prochain gouvernement du Parti québécois.

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