Le samedi 11 octobre 2008

International

Un militant basque torturé à Montréal?

CanadaEspagne ]

Par RRQ

Ivan Apaolaza Sancho est présentement placé dans une cellule du pénitencier de Rivière-des-Prairies, à Montréal, qui mesure un mètre par trois mètres et dont les murs sont souillés de sang et d’excréments. Afin de bien le briser, les gardiens lui ont également retiré ses lunettes, ses vêtements, et ses livres. Les limiers limitent ses appels téléphoniques, l’empêchant même de communiquer avec ses avocats.

Aux yeux du monde « civilisé », l’Espagne passe pour une grande démocratie. Très rares sont ceux qui pourraient de ce fait imaginer que le franquisme oriente encore en 2008 une bonne part des politiques adoptées dans ce pays, plus particulièrement lorsqu’il est question de la répression injuste et scandaleuse dirigée contre le mouvement indépendantiste basque.

Au fil des ans, l’organisation Amnistie internationale a très régulièrement dénoncé l’Espagne pour la torture qu’elle pratique contre les militants indépendantistes. On estime qu’un pourcentage significatif des interpellés basques subissent de la torture aux mains des Guardia Civils; des milliers de Basques sont interpellés chaque année, ce qui donne une idée de l’ampleur du drame.

Il faut aussi savoir qu’il y a encore, en 2008, environ 700 prisonniers politiques basques dispersés aux quatre coins de l’Espagne et de la France. C’est que l’on pratique une politique d’éloignement des prisonniers basques de leurs foyers, et ce, afin de compliquer les visites que les familles pourraient leur rendre, pratique inhumaine s’il en est une.

Comme si ce n’était suffisant, le chef d’orchestre de la lutte anti-terroriste de l’Espagne, le juge Baltasar Garzon, considère que tout militantisme en faveur de l’indépendance d’Euskal Herria est en fait un appui tacite à Euskadi Ta Askatasuna (ETA), le bras armé de l’indépendantisme basque. Dans les faits, cela signifie que parmi les 700 prisonniers et parmi les militants arrêtés et torturés chaque année, une très grande majorité sont de simples militants indépendantistes qui ne s’impliquent absolument pas au sein d’ETA.

Pour permettre de frapper encore plus durement le mouvement indépendantiste basque, Garzon a fait interdire Batasuna au début des années 2000, parti indépendantiste basque. Il a répété la chose dernièrement en interdisant EHAK et ANV, deux autres partis indépendantistes. Dans de telles circonstances, que reste-t-il aux Basques pour se faire entendre démocratiquement, d’autant que l’Espagne leur interdit même le droit de tenir un référendum sur leur avenir politique?

Certains pourraient être tentés de se dire que tout ça se passe très loin de chez nous et que, par conséquent, il n’y aurait aucun mal à détourner notre attention, et faire comme si de rien n’était. Cela serait une erreur, car il faut savoir que le Canada collabore de façon relativement serrée avec cette Espagne qui ne parvient pas à enfin enterrer le franquisme, régime fasciste tout aussi inhumain que les autres. Il y a quelques années de cela, le chef actuel du Parti libéral du Canada, l’inénarrable Stéphane Dion, s’est rendu en Espagne pour parler de son inique et anti-démocratique loi sur la clarté référendaire; comme si les Espagnols ne savaient pas déjà comment faire pour empêcher les Basques de s’autodéterminer! Pauvre Stéphane! Et dire qu’il pourrait bien devenir premier ministre du Canada…

Et ce même Canada participe également, d’une certaine façon, aux opérations de torture menées par l’Espagne contre les Basques, et ce, en refusant de considérer les Basques qui débarquent au Québec comme des réfugiés politiques, ce qu’ils sont dans les faits. Voici un de ces cas.

À l’été 2007, le militant basque Ivan Apaolaza Sancho était arrêté, sur le traversier reliant Québec et Lévis, par des agents de l’Équipe intégrée sur la sécurité nationale (EISN). Il était suspecté par ceux-ci d’être un membre de la bande armée ETA. Depuis ce temps, Sancho croupit dans les geôles canadiennes sans jamais avoir été traduit devant un tribunal et sans savoir quand il sera déporté en Espagne pour y être torturé et enfermé à nouveau. Parce que de telles conditions lui sont devenues carrément intenables, celui-ci a entamé, le 2 octobre dernier, une grève de la faim.

Il voulait ainsi dénoncer le sort qu’on lui réserve en général, mais également ses conditions de détention, lui qui est présentement placé dans une cellule du pénitencier de Rivière-des-Prairies, à Montréal, qui mesure un mètre par trois mètres et dont les murs sont souillés de sang et d’excréments. « En me plaçant en isolement, les directeurs de la prison de Rivière-des-Prairies me font déjà subir de la torture psychologique, préparant la torture physique à laquelle je ferai face en Espagne. Ils essaient de me briser mentalement afin de faciliter ainsi la torture physique qui suivra », a déclaré M. Sancho.

Afin de bien le briser, les « gardiens » lui ont également retiré ses lunettes, ses vêtements, et ses livres. Les limiers limitent ses appels téléphoniques, l’empêchant même de communiquer avec ses avocats. On lui a interdit de parler une autre langue que l’anglais ou le français au téléphone, ce qui l’empêche de communiquer avec sa mère et son père. Un franquisme soft et nouveau genre serait-il en train de faire son nid dans certaines officines canadiennes? Tout porte à le croire!


Unai Romano, avant et après son passage à tabac par les Guardia civils espagnols! Est-ce ce qui attend Ivan Apaolaza Sancho?

Ivan Apaolaza Sancho vient d’apprendre que sa demande pour l’Évaluation de risque avant retour (ERAR) a été rejetée. Ce qui signifie qu’il est maintenant susceptible d’être très prochainement déporté par le Canada vers l’Espagne. Ce qui n’est pas de très bon augure. D’une part, parce qu’il est fort probable que ce faisant, il subira -comme tant d’autres Basques- de la torture. Et aussi parce qu’il sera possiblement condamné à environ 20 ans de prison pour appartenance à bande armée, c’est-à-dire ETA. Or, rien ne prouve qu’il ait été un jour membre d’ETA. Les seules preuves a cet effet ont été obtenues sous la torture, ce qui fait, par le fait même, que jamais le Canada ne s’est vu présenter, par l’Espagne, la moindre preuve solide corroborant que M. Sancho est un membre d’ETA.

Ce cas rappelle drôlement celui d’Eduardo Plagaro Perez de Arriluzea et Gorka Perea Salazar. Ces deux Basques avaient trouvé refuge au Québec au début des années 2000; Le Québécois avait suivi ce dossier de près. Ceux-ci étaient accusés d’actes terroristes (des incendies criminels plus précisément). Les aveux avaient été, dans ce cas-là aussi, obtenus sous la torture. Malheureusement, Eduardo et Gorka ont été déportés en Espagne après avoir passé plusieurs années en prison, au Québec. Une fois de retour en Espagne, ils ont recommencé leur peine à zéro. Ce qui signifie qu’ils auront passé environ 15 ans derrière les barreaux pour des actes qui n’ont jamais été prouvés autrement que sous la torture.

Tout ceci est évidemment un scandale sans nom! Jamais les Québécois n’accepteront que des militants d’autres peuples en lutte qui viennent chez nous trouver refuge soient malmenés ainsi par le Canada et déportés ensuite, lorsqu’il est question de Basques, en Espagne, là où les conditions qui leur sont imposées sont tout sauf démocratiques et justes. Parce que le temps n’est plus aux simples dénonciations, l’organisation du Québécois annonce que des mesures seront prises par ses militants afin que de telles pratiques inhumaines ne soient plus menées sur le territoire québécois par les sbires des fédéraux. Prochainement, Le Québécois fera publiquement connaître ce qu’il a prévu afin de s’engager fermement et énergiquement dans cette bataille!

Gora Euskal Herria!

4 commentaires à cet articleFlux RSS des commentaires

  1. 1 marianne roussel Le 12 octobre 2008 à 18h29

    j ai honte pour mon pays si on laisse des prisonniers politiques se faire battre et les obliger à vivre dans des excréments. quand on pense que des chauffards ivres tuent des innocents et qu’ils sont libres après quelques mois, c’est à se demander si nos dirigeants ont les yeux ouverts seulement en campagne electorale.

  2. 2 echeverria Le 13 octobre 2008 à 4h56

    je suis élue indépendantste basque sur le territoire français et je vous remercie de l’interet que vous portez à notre lutte et en particulier à Iban. Seule la soilidarité peut arreter l’injustice et permettre le respect des droits des peuples luttant pour le droit à l’autodetermination. I.Echeverria

  3. 3 Julien Gaudreau Le 13 octobre 2008 à 17h42

    Solidarité Québec-Pays Basque !,

    Nous Vaincrons !

    Julien Gaudreau
    Réseau de résistance du Québécois

  4. 4 Antonio Le 14 avril 2009 à 10h15

    http://www.elmundo.es/elmundo/2007/06/20/espana/1182363544.html

    Comment pouvez-vous défendre un terroriste?

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Cet article de 1,151 a été rédigé par Réseau de Résistance du Québécois il y a 15 ans et 6 mois, le samedi 11 octobre 2008.

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