Le mardi 29 juillet 2008

ÉconomieDivertissement

L’industrie du disque souffre, mais c’est de leur faute

Le téléchargement illégal augmenterait au final les ventes de disques

Par Sebastien Roy

Après s’être fait fourré pendant au moins deux décennies avec l’obligation d’acheter un disque entier pour écouter un hit, le mal qui tombe sur les bonzes du marketing musical est un juste retour de balancier. Ils l’auront cherché. Mais c’est justement en exploitant les nouveaux médias de diffusion que les artistes en ressortiront gagnant.

Il y a plusieurs années déjà, je me suis converti à la musique au format digital (MP3 et WMA); exit le morceau de plastique rond depuis environ la fin de 1996. Enfin… disons que depuis ce temps, la proportion de disque sur support plastique versus digital de ma « musicothèque » est plus petite (peut-être maintenant 1 disque pour 100 chansons MP3).

Le pirate

Je l’avoue, mes premières années digitales se sont passées dans l’illégalité. Par contre, comment semoncer un maniaque qui se sent comme un enfant dans un « Jouets, c’est nous » devant toute cette disponibilité et cette facilité déconcertante? Par contre, l’industrie du disque me rappelait mon statu de pirate à grand coup de pseudo-projet de loi et de menaces de poursuites lancée à tout vent dans les médias. J’étais parfois dans un état de stress et de malaise. Le temps nous montre bien que toutes ces tentatives ont achoppées. Or, je me déculpabilisais un peu en entretenant une relation constante avec l’industrie du disque (et surtout Archambault), en achetant au moins un ou deux disques par semaines. J’ai changé mes méthodes avec le temps.

Sauver l’art

Étant moi-même un petit musicien de sous-sol et créateur du dimanche, j’ai commencé à prendre conscience de la valeur d’une œuvre musicale au début des années deux mille. C’est ainsi qu’au fil des années, les Puretrack, Zik, Bluetrack et autre E-Music sont entrés dans ma vie pour ne plus jamais en sortir. Or, il est vrai que la qualité du produit offert par ces chaînes virtuelles est un peu inférieur (moyenne de 192kbs) par rapport au disque compact (beaucoup plus que 320kbs). Les raisons pourquoi j’accepte cette diminution de qualité est un tout autre sujet. J’y reviendrai peut-être.

Un peu de baume

Ainsi, on vient de mettre du baume sur mon petit cœur de collectionneur en conflit intérieur avec le téléchargement, légal ou non. En fait, je ne savais trop à qui je faisais plus de dommage : l’industrie capitaliste du CD ou à l’artiste? Peut-être était-ce aux deux? Or, Industrie Canada vient de publier un rapport surprenant qui à été concocté au département de management de l’université de Londres. On y fait le constat suivant, que j’ai gentiment capté sur le blogue de Bande à Part :

Les études économétriques existantes dont nous avons fait un survol donnent à penser que le partage de fichiers poste à poste tend à faire diminuer les ventes de musique. Toutefois, nous arrivons à une conclusion contraire, à savoir que le partage de fichiers poste à poste tend plutôt à faire augmenter les ventes de musique.

En ce qui concerne les Canadiens qui s’adonnent au partage de fichiers poste à poste, nos résultats indiquent que pour chaque douzaine de fichiers téléchargés, les ventes de musique augmentent de 0,44 disque. Autrement dit, télécharger l’équivalent d’environ un disque fait augmenter les ventes d’environ la moitié d’un disque.

Nous n’avons pu trouver de données établissant des liens entre le partage de fichiers poste à poste et l’achat de pièces musicales sous forme électronique.

Nous attendons encore la réaction de l’industrie du disque. Probablement que le peu de publicité entourant la sortie de ce rapport ne les force pas à trop changer de discours; ce discours qu’ils nous régurgitent à tout les six mois et qui stipule que ça va mal et que toute l’industrie musicale souffrira du téléchargement, illégal ou non. Laissez-moi pleurer un peu…

Pouvoir au peuple! (dixit Lennon)

Après s’être fait fourré pendant au moins deux décennies avec l’obligation d’acheter un disque entier pour écouter un hit, le mal qui tombe sur les bonzes du marketing musical est un juste retour de balancier. Ils l’auront cherché. Le phénomène du téléchargement illégal aura eu au moins l’effet positif de secouer une industrie qui se complaisait dans une sorte d’immobilisme qui venait autant des artistes que des consommateurs.

Pendant longtemps, nous avons laissé les magnas du divertissement de masse décider ce que le consommateur veut. Ce laxisme de notre part à fait que nous nous retrouvions devant une perte de flexibilité notable, autant du côté du coût que du choix. Les artiste ne sont pas en reste, créant souvent selon la demande du format (un peu comme les groupe progressif des années 70 le faisaient avec une toune longue comme la face A d’un vinyle). Le support physique limitait la création. Ainsi, nous avions plus que notre lot de « filler » à écouter, surtout dans la musique pop.

Maintenant, rien ne nous empêche d’acheter un simple ou seulement les chansons qui nous intéressent. Certains diront que c’est l’auditeur qui contrôle l’artiste. Peut-être. Par contre, cette ère numérique donne aussi une plus grande visibilité et flexibilité aux artistes, indépendant ou non, en utilisant différents outils comme My Space. C’est justement en exploitant les nouveaux médias de diffusion que les artistes en ressortiront gagnant.

Par exemple, nous avons pu écouter gratuitement, pendant 24 heures, le dernier opus de Cold Play avant sa sortie (à travers le fan club). Est-ce que cela à empêché les fans d’acheter leur musique? Bien au contraire, comme en fait foi la bonne position de Cold Play au sommet des ventes, selon Billboard. Ce phénomène devrait être utilisé par les artistes Québécois. Nous sommes en retard sur le reste du monde. Pourtant, nous assistons à une démocratisation de la musique en même temps que l’effondrement d’une industrie plus porté sur les sous que sur la création proprement dite ; tout pour réjouir le mélomane que je suis. Il faut maintenant que les artistes d’ici fassent le grand saut et se séparent du joug des distributeurs de format musical conventionnel.

Pour ceux qui ont un peu de temps et qui veulent un très bon résumé de l’évolution de l’industrie musicale au Canada, allez lire ce document. Et pour ceux qui veulent me lire sur le même sujet mais sous un autre angle, voyez ce billet.

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  1. 1 Claude Gelinas Le 17 août 2008 à 11h16

    D’abord grâce à MySpace, puis à Facebook, puis désormais via des sites spécialisés, je me suis laissé charmer par la musique “indie” (ou “indépendante”).

    Cet énorme volet de la musique (tous genres confondus) évolue loin de l’attention médiatique mais quiconque s’y intéresse sait qu’on y retrouve quelques artistes médiocres mais des milliers d’artistes qui feraient rougir les Céline Dion de ce monde.

    La musique indie, c’est la preuve qu’on a pas besoin d’un “label” et d’un compte de banque millionnaire pour faire de la bonne musique.

    Tous ceux qui sont blasés de la “musique cannée” qui passe (et repasse, et repasse) dans les radios “chi-ca-boom-poches” auraient avantage à découvrir les artistes qui se respectent assez pour produire eux-mêmes leur musique.

    J’écoute gratuitement leurs “streams” et je paie leurs albums téléchargeables (.mp3) via PayPal. Je n’utilise les CD-ROMs et les DVDs que pour archiver mes données personnelles.

    C’est la même chose pour les films, je préfère maintenant Google Vidéo et les autres sites de partages de vidéos (surtout les documentaires).

    Si les “labels” se plaignent de ne plus faire assez de milliards, c’est qu’ils n’offrent plus suffisamment de valeur ajoutée. Qui plus est, les artistes intelligents les quittent car c’est un bateau qui coule.

    L’avenir est aux producteurs indépendants de contenu original, unique et en demande!

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Cet article de 969 a été rédigé par Sebastien Roy il y a 15 ans et 8 mois, le mardi 29 juillet 2008.

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